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El profesor Bengoechea

Les joueurs d'exception – Méconnu en France, l'Uruguayen Pablo Bengoechea, dit El Profe, est une légende vivante chez lui. Session de rattrapage.

Auteur : Ludovic Michel le 24 Juil 2009

 

 

Né le 27 juin 1965 à Rivera, sur la frontière avec le Brésil, Pablo Bengoechea se distingue très vite par son talent pour le football. Lors d'un match qu'il dispute avec une équipe locale face au grand Peñarol, il mène les siens à la victoire 2-1. Suffisant pour attirer l'attention d'un des nombreux clubs de D1 de Montevideo: les Wanderers (1). Le jeune Pablo, dix-neuf ans, débarque dans la capitale, lui, le grand timide qui ne parle que Portuñol (2) et idolâtre Falcão. Pourtant, avec le jeune meneur, les Wanderers obtiendront des résultats probants, comme cette qualification pour la Copa Libertadores 1986 (3).


La patte du renard
Numéro 10 typique, Bengoechea utilise sa technique et sa vista pour tirer toute l'équipe vers le haut. Il se distingue surtout par ses coups francs, diaboliques de précision. Il intègre sans surprise la Céleste, l'équipe nationale, au cours de l'année 1987. Il fait même partie du groupe qui se rend la même année chez le voisin et rival argentin pour la Copa America (4). Directement qualifiée en demi-finale par sa victoire en 1983, la sélection uruguayenne défie le pays hôte. Elle se qualifie grâce à un but avant la pause d'Antonio Alzamendi, l'attaquant de... River Plate, joueur sud-américain de l'année 1986.

En finale, c'est le défi du Chili qu'il faut relever: victorieuse du Brésil par 4 à 0 en poule, la Roja est accrocheuse en diable. Dans une finale fermée, Francescoli, Sosa ou Alzamendi, tous trois stars patentées du foot sudam', ne parviennent pas à faire la différence. C'est le tout jeune Bengoechea qui fait sauter le verrou à la 56e minute, d'un coup de patte de renard des surfaces. Ce petit but suffit à envoyer l'Uruguay au douzième ciel continental.








bengochea_seville.jpgOpel Kadett pour le prédécesseur de Maradona
Dans la foulée, Pablo signe dans un club européen: FC Séville. À l'époque, il s'agit d'une équipe de milieu de tableau de Liga. Entouré de joueurs talentueux comme l'ailier gauche Rafa Paz puis, dès 1988, le gardien soviétique Dassaev et le prolifique autrichien Polster en attaque, Pablo s'impose comme titulaire et dépositaire du jeu rojiblanco. En dépit de ces individualités, l'agitation permanente dans les coulisses et la situation financière précaire du club grèvent les résultats. En 1989/90, la sixième place en championnat propulse le FC Séville en UEFA, mais la saison suivante est chaotique. Comme celle d'après, et celle d'encore après, malgré les arrivées de Zamorano et Suker.

L'instabilité andalouse empêche Bengoechea d'éclater en Europe. Malgré un niveau de jeu élevé, il n'accède pas aux titres et à la gloire sur l'ancien continent. Il faut dire qu'à l'inverse de certaines stars de l'époque, Pablo n'est pas rock'n'roll pour deux sous: réservé et travailleur, il roule en Opel Kadett. Quand son contrat arrive à échéance, en 1992, Séville ne le renouvelle pas. Il faut dire qu'un certain Diego Armando Maradona débarque au poste de Bengoechea. Celui-ci va d'ailleurs retraverser l'Atlantique pour joueur une saison en Argentine, à Gimnasia y Esgrima La Plata.


bengochea_cinq.jpgLa légende d'El Diez
Dans le même temps, en équipe nationale, il est de la Copa America de 1989 au Brésil. Contrôlé positif à la caféine durant le tournoi, il quitte son équipe – battue dans le match décisif (5) sur un but de Romario qui offre le titre aux siens. Bengoechea n'est finalement pas suspendu, l'affaire présentant des vices de forme. Le joueur participe ensuite au Mondiale 1990, mais, dans une équipe ultra-défensive, il ne dispute qu'un match. Face aux Diables Rouges, l'Uruguay explose et Bengoechea rentre à la 56e. Les Belges mènent 3-0. Il sauve l'honneur vingt minutes plus tard. En revanche, il ne participe pas à la Copa America 1991 ni à celle de 1993.

1993 est d'ailleurs le tournant de la carrière d'El Diez ("Le Dix", son autre surnom, classieux). Il signe en effet à Peñarol, l'un des deux grands clubs uruguayens avec le Nacional. Sous les couleurs jaunes et noires, il devient rapidement le leader technique et mental d'une formation qui va enchaîner cinq titres nationaux consécutifs, de 1993 à 1997. Cet exploit, le quinquenio de oro, assoit à jamais la légende du capitaine Bengoechea auprès des supporters du club. C'est donc un Bengoechea à l'apogée de sa carrière qui dispute à domicile la Copa America 1995....


Uruguay 1995
La Céleste aligne une équipe de très haut niveau: Enzo Francescoli, Ruben Sosa, Gustavo Poyet, Marcelo Otero et Daniel Fonseca sont de redoutables joueurs offensifs alors que les tâches défensives sont notamment assurées par Diego Lopez (encore titulaire aujourd'hui à Cagliari), Gustavo Mendez, Tabaré Silva et José Herrera qui ont tous fait de solides carrières des deux côtés de l'Atlantique. Un groupe dense et talentueux, qui vise clairement le titre. Bengoechea n'y est d'ailleurs pas titulaire à part entière.
La phase de poule les voit disposer du Venezuela (4-1) puis du Paraguay (1-0). Le dernier match les oppose au Mexique, invité de cette édition de la Copa America en compagnie des Etats-Unis. Assurés de leur qualification, les Uruguayens se contentent du nul 1-1, qui qualifie également leurs adversaires au titre de meilleur troisième.

Les quarts les opposent à la Bolivie, qui avait disputé l'année précédente la World Cup aux USA. Dès le début du match, Otero ouvre le score. Fonseca double la mise à la demi-heure de jeu. La réduction du score de Erwin "Platini" Sanchez à vingt minutes de la fin ne change rien: la Céleste se mesurera à la Colombie de Valderrama, Higuita, Bermudez, Asprilla, Rincon et Cordoba. Le latéral gauche Adinolfi puis Otero assurent la qualification uruguayenne, tandis qu'Aldair obtient celle du Brésil face aux Etats-Unis dans l'autre demi-finale.


Délivrance au Centenario
La finale oppose donc l'Uruguay au Brésil. Un match à part. Surtout pour Bengoechea, qui a grandi dans une région sous forte influence brésilienne. La rencontre a lieu dans son jardin du Centenario, le stade du Peñarol, construit pour la première Coupe du monde, celle du triomphe de Pedro Cea et de la fantastique équipe d'Uruguay de l'entre-deux guerres (6). Mais Pablo est sur le banc au coup d'envoi. En face, les noms sont prestigieux: Taffarel, Roberto Carlos, Aldair, Dunga, Cesar Sampaio, Juninho Paulista, Edmundo... C'est pourtant le méconnu Tulio (7) qui ouvre le score pour la Seleção à la 30e minute. Dans un match tendu et âpre, Hector Nuñez, le sélectionneur uruguayen prend un pari fou: alors qu'il a déjà dû effectuer un changement en première période, il remplace deux joueurs à la mi-temps. Daniel Fonseca cède sa place à Sergio Martinez et Diego Dorta sort pour son compère du milieu de Peñarol Pablo Bengoechea.

Ces changements permettent à l'Uruguay de retrouver un peu de sérénité et de maîtrise technique. C'est ainsi que la Céleste pousse Aldair à la faute à un peu plus de vingt mètres des cages de Taffarel. Bengoechea et Francescoli sont autour du ballon. C'est le premier qui frappe, surprenant un peu tout le monde – et surtout le réalisateur du match. Il catapulte un amour de ballon en lucarne et délivre les 60.000 spectateurs du Centenario. 1-1. Score final. Tirs aux buts: sans-faute uruguayen (Pablo tire le second pour son pays), tandis que Tulio voit sa tentative repoussée par Alvez. L'Uruguay gagne sa treizième Copa America, rejoignant l'Argentine, et la liesse dans les rues de Montevideo est indescriptible.






bengochea_statue.jpg
Bengoechea a donc inscrit par deux fois un but décisif en finale du doyen des tournois internationaux. En club, il reste fidèle à Peñarol jusqu'à la fin de sa carrière, en 2003. Il y dispute au total 252 parties et inscrit 71 buts. Outre le quinquenio de oro, il arrache le titre 1999 et, bouquet final, celui de 2003.

Adulé, exemplaire et pourtant combatif, il devient une icône intemporelle: une chanson, Profesor de la alegria, lui est dédiée, puis un monument au Centenario, temple du football national, est érigé en son honneur. Aujourd'hui, Pablo Bengoechea est assistant de Sergio Markarian, qu'il a suivi à Cruz Azul, au Mexique, puis à Universidad de Chile.



(1) Ce "vieux" club, qui a vu débuter Francescoli au début des années 80, a été fondé par des descendants d'Anglais qui ont repris le surnom des joueurs de Wolverhampton, les Vagabonds. Hasard ou pas, les Wanderers uruguayens ont souvent dû changer de stade, voire de ville (un exil à Las Piedras dans les années 70) et composer avec des crises économiques récurrentes.
(2) Nom donné au langage qui s'est créé dans les zones frontalières plus ou moins "libres" entre l'Uruguay hispanophone et le Brésil lusophone où les populations se sont mêlées et ont appris à communiquer d'elles-mêmes.
(3) Tournoi disputé en fin de saison entre les meilleures équipes du championnat. À l'époque, les deux finalistes participent à la Copa Libertadores l'année suivante.
(4) À l'issue d'une interruption de huit ans après 1967, les trois éditions précédentes de la Copa America (1975, 1979 et 1983) se sont déroulées sous forme de matches aller-retour, avec match d'appui éventuel, où chaque équipe recevait au moins une fois à domicile.
(5) Cette année-là, la victoire finale se joue dans une poule de quatre composée du Brésil, de l'Uruguay, de l'Argentine et du Paraguay. Un peu comme la Coupe du monde 1950...
(6) Victorieuse des JO 1924 et 1928, choisie comme hôte de la première Coupe du monde car considérée comme la meilleure équipe du monde, l'Uruguay dominait le football d'alors.
(7) En fait, Tulio est à l'époque une star au Brésil. Après un passage infructueux au FC Sion, il signe à Botafogo en 1994. Meilleur buteur de l'état carioca et du pays deux années consécutives, il est l'un des principaux artisans du premier titre national (décerné depuis 1971) de l'histoire du club en 1995. Une vraie Tuliomana est alors née. Mais elle s'est vite éteinte après 1996 et son transfert aux Corinthians, où il connaîtra un échec sportif cuisant. Dès lors son parcours devient erratique et il a sombré dans l'oubli.

vml_logo.jpgCet article est une production de la Ventre Mou's League, née en août 2008 sur les Cahiers du Football. La VML réunit actuellement 54 membres, réunis autour des performances des clubs de 35 championnats européens et africains, en allant de la Bundesliga allemande à la Ligat Toto israélienne en passant par la vénérable Premiership nord-irlandaise. De ce jeu sont nés, entre autres, un site Internet, sur lequel vous pourrez trouver pléthore d'informations vitales comme futiles, des Diaporamous hilarants, des Coupes alternatives, et une Gazette qui explore le football méconnu de ces championnats.

Réactions

  • newuser le 24/07/2009 à 08h10
    Comment les équipes françaises ont-elles pu rater un tel joueur ?

    Surtout à une époque où elles rivalisaient avec les autres gros championnats.

    Joli article en tout cas, et belle mise en lumière pour un super joueur avec un nom à ravio.

  • Troglodyt le 24/07/2009 à 08h46
    Bien!

    Comme quoi, les Lyonnais ne sont pas tous à jeter.

  • Corben Gallas le 24/07/2009 à 10h11
    Merci pour cet article. C'est le pied !
    J'aime le concept mou de l'international uruguayen qui roule en Opel Kadett.

  • Vas-y Mako! le 24/07/2009 à 10h19
    Très sobre le commentateur (urugayen?) sur le but contre le Brésil...surprenant!

  • Koller et Thil le 24/07/2009 à 11h34
    Juste pour dire qu'en espagnol c'est "profesor" (comme dans la chanson) et pas "professor" (titre de l'article). En fait j'ai pas de souvenir de mot comportant un double s en espagnol. C'est comme le "classico", c'est du fragnol. A moins qu'il y ait une subtilité avec le fameux portuñol, mais je n'y crois pas trop.

  • Qui me crame ce troll? le 24/07/2009 à 12h01
    Quand même sur la deuxième vidéo, on voit que Bengoechea a surtout été le professeur de hip-hop de Valbuena : la pirouette sur la tête mériterait une très bonne note!
    Et je tiens aussi à dire qu'avec cet article on prend vraiment conscience de la difficulté pour un club d'obtenir cinq titres (ce fameux quinquenio de oro). Alors sept, qui est un exploit inégalé dans les grands championnats mondiaux, je vous laisse imaginer!
    Sinon il est sympa cet article (pourquoi dans certains articles les liens avec les notes de bas de page ne fonctionnent pas?).

  • Troglodyt le 24/07/2009 à 12h18
    QMCCT: j'imagine que c'est un fil rouge, ou un défi dans le temps pour le Téléthon, que de préciser dans chacun de tes posts votre gloire passée de 7uple champion de France?

  • pied le 24/07/2009 à 12h20
    Le hip-hop break dance version crampons dans la gueule d'Aldair, c'est Otero, le responsable. Et K&T a raison pour la faute.

  • Koller et Thil le 24/07/2009 à 12h38
    Cool, la correction a été rapide.
    J'en profite pour dire que j'ai bien aimé cet article.

  • Qui me crame ce troll? le 24/07/2009 à 13h16
    Troglodyt
    vendredi 24 juillet 2009 - 12h18
    -----
    Mince je l'ai dit ailleurs? Mais celui-ci au moins se voulait drôle.

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