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L’aura, en avoir ou pas

When Saturday Comes – De Shankly à Ferguson, certains entraîneurs peuvent sublimer les joueurs par leur présence et leurs paroles, comme s'ils disposaient de pouvoirs magiques, qui disparaissent à leur départ...

Auteur : Harry Pearson le 18 Avr 2014

 


Extrait du numéro 325 de
When Saturday Comes (mars). Titre original : "Confidence Tricks". Traduction: Toto le zéro.

* * *
 


En évoquant la capacité d’inspiration de Bill Shankly, feu David Prole, journaliste sportif au Daily Mirror et contributeur occasionnel de WSC, relata un jour une anecdote relative aux débuts à Workington du légendaire entraîneur: "Je commençais seulement à couvrir les divisions inférieures du Nord-Ouest lorsque Bill Shankly obtint le poste à Borough Park. Il fit rapidement signer un jeune gardien qu’il avait déniché dans un club non-professionnel. Il organisa une conférence de presse à cette occasion. Nous étions environ six personnes. Bill Shankly entra alors, accompagné d’un gamin avec une apparence de benêt et déclara: 'Messieurs, je vous présente le futur gardien de l’équipe d’Angleterre.' Et il se mit à parler de ce gamin comme s’il était Lev Yachine."


"À mesure que Bill Shankly parlait, on pouvait voir la confiance s'emparer littéralement du garçon, c’était comme s’il grandissait en taille", fit David Prole, mimant le changement d’attitude du gardien, passé du bon à rien avachi à la star fière et au garde à vous. "Parce que lorsque Bill Shankly vous disait quelque chose, il le faisait avec une telle conviction qu’il était difficile de ne pas le croire." Pendant une saison, raconta Prole, le jeune gardien se montra héroïque dans les cages de Workington, et la prédiction de Shankly sur son avenir international doré semblait réellement devenir crédible. Et puis Bill Shankly s’en alla entraîner Huddersfield. "Une fois Shankly parti, c’était comme si le pauvre gamin s’était regardé dans le miroir et avait vu qui il était en réalité. Il était nul. En quelques mois, il perdit sa place. Au bout d’un an, il avait disparu."

 

Alex Ferguson

 

Manchested United, le 12e coup de minuit

Les grands techniciens ont souvent un effet quasi hypnotique sur les joueurs, en ce qu’ils parviennent à faire croire à ces derniers qu’ils sont ce qu’ ils loin d’être en réalité. La carrière post-Nottingham Forest de Peter Davenport est par exemple un témoignage de la capacité surnaturelle d'émulation de Brian Clough. Alex Ferguson a également dû posséder un pouvoir de ce genre. Les résultats de Manchester United, depuis le départ de l’Écossais, tendent à suggérer que quelqu’un à Old Trafford a claqué des doigts et que l’équipe entière, pourtant championne dans un fauteuil l’an passé, a ouvert les yeux pour découvrir que la pomme juteuse qu’elle croquait à pleine dents était en fait un oignon cru... Ou alors ce sont les autres équipes qui se sont réveillées pour se rendre soudainement compte que le lion qui les menaçait n’était en réalité qu’un inoffensif chaton.
 

Certains ont pu imputer l’état actuel du club à l’envahissante présence d’Alex Ferguson lors des rencontres des Red Devils, arguant que le fait de voir dans les tribunes rendait tous les joueurs nerveux. La saison passée, le technicien écossais avait déclaré que ce groupe de joueurs avait été le meilleur qu’il ait jamais eu. Beaucoup y ont vu une rare erreur de jugement de sa part, ou alors un exemple Shanklyesque de discours d’encouragement. Je n’en suis pas si sûr.
 

En voyant la mine renfrognée d’Alex Ferguson assis dans les tribunes alors que les Red Devils se faisaient corriger à Stamford Bridge, j’ai repensé à une autre légende sportive connue pour son caractère ombrageux: le cycliste Jacques Anquetil. Celui qui remporta cinq Tours de France entre 1957 et 1964 eut pour grand rival son compatriote Raymond Poulidor, dont l’incapacité à le battre lui valu d’être surnommé "L’éternel second" par la presse Française. Lorsqu’il fut interrogé sur l’identité de celui qu’il voulait voir remporter une édition du Tour auquel il ne pouvait participer pour cause de blessure, Anquetil répondit avec son arrogance enjouée: "Poulidor, bien sûr! Après tout, je l’ai battu tellement souvent que sa victoire ne ferait que renforcer ma réputation."

 

Service des vestiaires perdus

Quelle qu’en soit la raison, le bon sens est que le Manchester United de David Moyes a "perdu de son aura" – ce qui est déjà une mauvaise chose, mais au moins personne n’estime que le nouvel entraîneur a "perdu le vestiaire" jusqu’à présent. Un manager qui, pour beaucoup, avait égaré le sien le mois précédent fut Sam Allardyce, l’entraîneur de West Ham. Après le 6-0 infligé par Manchester City en Coupe de la ligue, le technicien des Hammers a dû faire taire les rumeurs en s’adressant au Standard Evening: "Certains suggèrent que j’ai 'perdu' le vestiaire. Je conseille à ceux qui le pensent de s’adresser à Kevin Nolan" [1]. West Ham remporta le match suivant 2 à 0 à Cardiff et tout le monde se rendit compte que ce qui semblait avoir disparu s’était toujours trouvé là où Sam Allardyce l’avait laissé. Si ce dernier avait réellement perdu le vestiaire, les conséquences auraient en effet été désastreuses, notamment pour Carlton Cole et ses coéquipiers qui auraient été obligés de se changer dans le bus comme une équipe d’écoliers qui finirait par perdre tous ses moyens à l’idée que des filles passant par-là puissent les voir en culottes courtes.
 

Dans le monde du football, pouvoir situer les choses est en général une activité d’une très grande importante. À la période des transferts, les entraîneurs partent à la recherche de la pièce manquante du puzzle, du buteur qui sait où se trouvent les buts adverses. Leurs équipes tendent à se décomposer lorsqu’elles perdent leur "forme", un concept abscons qui n’a pas encore été entièrement expliqué mais qui serait un élément symbolique comparable au Graal, dont la perte voyait les royaumes plonger dans l’anarchie, les récoltes dépérir, les ouragans se déchaîner et les équipes encaisser des buts de Norwich City en seconde mi-temps. Perdre la forme est l’une des pires choses qui puisse arriver à une équipe, mais ce n’est peut-être pas aussi grave que de perdre un manager écossais outrageusement sûr de lui.
 


[1] NdA : Capitaine de West Ham qui a eu Sam Allardyce à trois reprises comme entraîneur au cours de sa carrière.

 

 

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