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Luzenac, le petit poussé dehors

Prolongé de recours en recours, le feuilleton du Luzenac AP s’achève sur un épilogue tragique, celui de sa dégringolade très loin de la Ligue 2. Les belles épopées villageoises, c'est seulement pour la Coupe de France. 

Auteur : Nicolas P. le 12 Sept 2014

 

 

Interdit d’accès en National, Luzenac a préféré jeter l’éponge, le club ne survivant qu’à travers son équipe réserve qui évoluera en DHR. Les Ariégeois, qui avaient également demandé une accession automatique à la fin de la saison, ne l’ont pas obtenue. Tout juste la FFF a-t-elle épargné aux joueurs libérés le statut de "joker" qui aurait considérablement amoindri leurs chances de retrouver un club rapidement. C’en est donc fini de la belle histoire de la saison passée, populaire et très médiatisée: le temps d’un été, le LAP aura au moins réussi l’exploit de mettre en sourdine le traditionnel marché des transferts.
 

 


 


"L'esquisse d'une ligue fermée"

Sans doute est-il trop tôt pour tirer les conséquences d’un tel événement. L’affaire Luzenac, dont les tenants et les aboutissants ont souvent paru bien flous, dont les protagonistes n’ont pas toujours été de très bonne foi (lire "Luzenac: intrus dans la tête"), a eu un mérite: mettre au cœur du débat la question essentielle de ce que le sport français, fût-il professionnel, doit devenir. L’intervention de plusieurs politiques, jusqu’au secrétaire d’État aux Sports, laisse envisager une telle prise de conscience, certes tardive, et peut-être feinte. Néanmoins, Thierry Braillard avait assez bien exprimé les termes du débat, quoique de manière un peu orientée, en déclarant: "Soit elle [la LFP] estime que le monde pro se restreint à 43 clubs et elle donne le message au monde amateur que, quoi qu'il arrive, ils ne monteront pas en Ligue 2. Ça s'appelle l'esquisse d'une ligue fermée. Soit elle laisse l'espoir au monde amateur de se professionnaliser par des victoires acquises sur le terrain et, dans ce cas, on garde l'esprit du sport."

Dans l’immédiat, l’ultime défaite du LAP devrait aboutir à une concertation permettant de simplifier les procédures: si le club s’est vu refuser une accession en Ligue 2, il semble bien que sa quasi-disparition soit due aux innombrables délais inhérents à la procédure. D’appels en appels, de recours en recours, Luzenac n’a obtenu de réponse définitive qu’après le début du championnat de National, retard fatal à l’équipe première du plus célèbre "Petit Poucet" de France.

On pourra difficilement reprocher à Luzenac de n’avoir pas mangé son chapeau, par pragmatisme, pour rejoindre à temps le championnat de National: il n’y a pas de raison pour que l’une des parties profite des lourdeurs administratives en place au détriment de l’autre. Reste à savoir si l’opacité des décisions des gendarmes du football français sera, elle aussi, revue à la baisse: la Ligue en tout cas a rendu publics les procès-verbaux de sa sentence finale, contrairement à ce qu’elle avait fait jusqu’à maintenant. Toutefois, il y a fort à parier qu’il ne s’agisse ici que d’une riposte aux documents dévoilés par son adversaire dans la presse.

 


Réduire l'aléa sportif

Mais quels qu’aient été les manquements du LAP – et ceux-ci restent à déterminer précisément – on voit mal comment un club de cette envergure pourrait réussir le grand saut du professionnalisme dans les conditions actuelles. Un village de cinq cents habitants n’a tout simplement pas les moyens de faire construire un stade aux normes: en tout état de cause, un petit club resterait tributaire du bon vouloir des grosses communes environnantes. En pratique au moins, l’accession au professionnalisme demeure subordonnée au soutien d’une grosse collectivité et à des moyens financiers conséquents.

Le système des promotions et des relégations fera d’ailleurs l’objet d’une réunion entre le ministre et les divers acteurs institutionnels le 15 septembre prochain, mais les signaux envoyés jusque-là par les pouvoirs publics sont plutôt contradictoires. Au-delà de la sympathie qu’un secrétaire d’État et quelques politiques locaux ont affichée pour le LAP, de nombreux rapports parlementaires ont, ces dernières années, appelé à "sécuriser" les modèles économiques des clubs via la diminution des relégations, l’apparition de licences clubs etc. D’abord soucieux de la bonne utilisation des deniers publics, et choqués par quelques faillites sportives dans lesquelles le contribuable a perdu beaucoup d’argent, les rédacteurs de ces rapports se sont surtout attachés à proposer des mesures visant à réduire l’aléa sportif. L’intérêt public, lui, semble absent de ces travaux.
 

Persuadés de "déranger", les supporters du LAP peuvent à bon droit se sentir floués. Reste à savoir par qui. Sans verser dans "la théorie du complot" – formule assez efficace pour jeter un discrédit facile sur des gens qui se posent des questions finalement assez légitimes –, on ne peut que constater que l’éviction de Luzenac prend place dans un contexte général peu favorable aux épopées d'en bas. Gageons que l’interminable imbroglio qui a mené le club ariégeois des pages du New York Times aux confins de la septième division posera au moins les termes clairs d’un débat nécessaire: l’argent ou le football.
 

Réactions

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 12/09/2014 à 10h32
    Triste histoire. Sans connaître tous les détails et ne sachant pas juger si le refus d'accéder en L2 est légitime ou pas, je reste quand même un peu irrité par le fait que le club n'ait pas au moins pu être maintenu en National. Comment ce genre de mécanismes kafkaïens peut sérieusement exister ? Ca me semble quand même la solution a minima qu'on conserve le status quo. Ben non, non seulement on leur refuse l'accès mais en plus on les raye de la carte. Il bosse à la LFP, Keyser Söze ?

  • Tonton Danijel le 12/09/2014 à 11h20
    Le National, c'est la division qui met des amateurs avec les contraintes des professionnels, à savoir des déplacements dans toute la France (dont certains le vendredi soir) sans avoir un budget de fonctionnement garantissant la pérennité du système. Cela reste une zone de transit, où il vaut mieux ne pas traîner trop longtemps (sinon, on peut couler: cf. Rouen, Carquefou...), le Paris FC restant une exception notable.

    Il arrive à Luzenac ce qui est arrivé à Valence (ou au Gazelec même si eux s'en sont remis) il y a quelques années: à partir du moment où on refuse la ligue 2 à un club de National, il y a peu d'espoirs pour celui-ci de rester à ce niveau (si Châteauroux ne remplit pas les stades, ce ne sont pas Le Poirée sur Vie ou Avranches qui le feront, avec tout le respect que je dois à ces clubs). C'était inéluctable, à moins de garantir une place en Ligue 2 l'an prochain (ce qui aurait certes donné lieu à une situation absurde au cas où Luzenac aurait terminé la saison de National dans la zone de relégation).

  • Baka in the sky with ballons le 12/09/2014 à 11h50
    Plutôt d'accord avec l'auteur sur le fait que le monde du foot pro semble mettre tout en oeuvre pour bloquer l'accès au monde amateur.

    Par contre j'ai le sentiment que Luzenac c'était pas le bon porte-drapeau. D'après ce que j'ai compris du sujet, leurs dossiers étaient pas super clean, ça aide pas quand tu te retrouves confronté à un mastondonte comme la LFP.
    Et puis voir cet opportuniste de Barthez dans la combine, ça me semble pas être un signe super positif. D'ailleurs le type, soit disant si impliqué, se barre à partir du moment où la porte de la L2 se referme...

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 12/09/2014 à 12h22
    Ah ben merci Tonton pour ces éclaircissements, je vois le problème maintenant.

  • Mevatlav Ekraspeck le 12/09/2014 à 13h24
    Fut un temps, jouaient en L2 Saint-Seurin-sur-l'Isle, Montmorillon, Lucé ( banlieue de Chartres ) Noeux les Mines...

    Ca ne dérangeait personne. Pour les curieux, il faut savoir que les stades de ces quatre clubs que j'ai pris pour exemple à la volée sont restés en l'état. Un tour sur google / street view vous fera sourire ( commencez par Montmo', c'est folklo... Ils ont bien reçu leurs homologues là-dedans.

    Autres temps, autres moeurs... Que personnellement je regrette avec nostalgie.

  • Vieux légume le 12/09/2014 à 13h55
    Pendant ce temps, Eibar (30.000 habitants)est promu en Liga (et pas en deuxième division !) avec un stade de 5.000 places et aucune de ces contraintes abusives...

    Plus tôt, Numancia (Soria) avait déjà joué dans l'élite espagnole, il y eut aussi Unterhaching, il y a quelques années, en Allemagne, qui était dans une situation semblable, là aussi pour la première division. Et il y en a d'autres (Venise me vient en tête en Italie avec son stade effrayant).

    L'article précédent se demandait si les entraîneurs français étaient nuls...la question mérite plutôt d'être posé vis-à-vis de leurs supérieurs et de leur vision du football, à la fois par rapport à leur club, mais aussi de manière globale.


  • Hydresec le 12/09/2014 à 14h41
    Belle synthèse d'une affaire bien triste.

    Le point Capello de jour : tirer à conséquence, oui, tirer les conséquences (début du 1er paragraphe), non. Espérons plutôt que la Ligue tire les conclusions de cet imbroglio et revoit ses exigences (ou impose les mêmes pour tout le monde, coucou Gervais).

  • Tonton Danijel le 12/09/2014 à 15h57
    Mevatlav Ekraspeck
    aujourd'hui à 13h24
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    Il me semble toutefois qu'à l'époque, tous les clubs de D2 n'avaient pas le statut pro...
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    Vieux légume
    aujourd'hui à 13h55

    Pendant ce temps, Eibar (30.000 habitants)est promu en Liga (et pas en deuxième division !) avec un stade de 5.000 places et aucune de ces contraintes abusives...
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    Le stade François Coty ne fait 'que' 10,000 places mais a suffi pour la Ligue 1. Et le stade Ange Casanova (toujours à Ajaccio) est le plus petit de la Ligue 2: 3,200 places. Suivi du stade de la Source à Orléans avec ses 8,000 places.

  • Tonton Danijel le 12/09/2014 à 15h59
    (5,300 même, pour la Source).

  • osvaldo piazzolla le 13/09/2014 à 01h14
    Pour compléter ce que dit Tonton Danijel, Il est clair que le National est un mouroir. Si tu es un club habitué au CFA, monter en National a de grandes chances de te détruire: frais énormes, aucune subvention. Soit tu montes vite en L2 (et tu touches 4M si on veut bien te laisser monter), soit tu redescends aussi sec, et alors c'est moindre mal, soit tu restes deux ou trois saisons et c'est banqueroute. Seuls des clubs qui peuvent se permettre de balancer l'argent par les fenêtres comme le Paris FC peuvent y rester, et encore, au prix d'une révolution de palais chaque année.

La revue des Cahiers du football