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Mondial 2014 : la réalisation télé entre classicisme et chaos

Un découpage toujours plus intense à coups de ralentis, de plans sur les joueurs seuls et les visages, des réalisateurs français encore en pointe du saucissonnage: la Coupe du monde a accentué des tendances connues.

Auteur : Jacques Blociszewski le 29 Juil 2014

 

 

Quel regard les réalisateurs télé au Brésil ont-ils porté sur cette belle Coupe du monde? Ayant déjà évoqué la durée des plans larges, abordons maintenant trois autres critères essentiels:
- le nombre total de plans
- le nombre de ralentis
- le nombre de joueurs vus seuls en action, balle au pied.

 


 


Durée des plans larges et nombre total de plans

Durée des plans larges (moyenne générale) : 19 secondes
 

François Lanaud et Jean-Jacques Amsellem ont fini à 12 secondes. Pénible… Mais quel régal de voir un Jamie Oakford obstinément accroché à son plan large, pour une durée moyenne de 30 secondes (+5 par rapport à 2010). Superbe.

 

Nombre de plans par match (moyenne générale) : 702

Nous avons compté l’intégralité des plans d’un match de chacun des six principaux réalisateurs (c'est-à-dire ayant travaillé au-delà du premier tour). Pour tous les autres matches sauf un (Chili-Australie, raté…), nous avons réalisé des comptages-sondages, sur 45 ou 15 minutes. Voici les moyennes individuelles, pour lesquelles les Français sont "en tête" avec leur découpage intense des matches. [1].


 

 

Ralentis

Moyenne générale : 75 (moyenne estimée de l’Euro 2012: 78)
 

On observe une énorme différence entre "l’école française" (au Brésil: Lanaud et Amsellem) et les autres réalisateurs: les quatre déjà cités, plus Grant Philips (Écosse) et Thomas Sohns (Allemagne), nouveaux sur une Coupe du monde. Les Français sont respectivement à 104 et 105 ralentis (84 et 89 sur l’Euro 2012!), suivis par Oakford, 82. Chiffre le plus bas: T. Sohns, 55. Les Allemands font généralement "peu" de ralentis.

 

Ne pas dérouter les téléspectateurs du monde entier par des styles trop différents, avez-vous dit, Messieurs de la FIFA et d’HBS (le producteur des images)? Sur la Coupe du monde 2010, l’écart entre les réalisateurs français et les Anglo-Allemands était de 35 ralentis (16 seulement à l’Euro 2012). En 2014 il est de 38. On eut le sentiment que lors du premier tour, c’était "chacun pour soi", avec peu d’efforts de cohésion. La fin du tournoi a vu des chiffres un peu moins disparates.

 

Les chiffres britanniques et allemands sont conformes aux pratiques dans ces deux pays, avec toutefois des scores assez élevés chez les Anglais: 82 et 72. À noter que le révélateur de hors-jeu, autorisé par la FIFA depuis le Mondial 2010, a été très peu utilisé par les Britanniques, qui ont gardé leurs habitudes. Merci à eux.

 

 

"Plans visage"

Moyenne générale sur ce Mondial : 151
 

Ces plans ne montrent pas le jeu mais les attitudes des joueurs entre les actions. C’est une catégorie un peu à part, mais de plus en plus importante (lire "L'invasion des visages")

 


 

Au Brésil, Amsellem, Oakford et Lanaud étaient autour de 170 (suivis de Watts et Straub). C’est sur les plans visages que les réals anglais se "lâchent" le plus. C’est notre principal souci vis-à-vis des réalisations d’Oakford, par ailleurs très bon: le meilleur des huit, à notre avis, et qui méritait bien sa finale.

 

Straub est friand de ces plans ainsi que de ce que nous appelons les "ralentis d’ambiance", qui montrent les visages et les réactions. Il occulte par là même des actions et reprises du jeu. La fin d’Espagne-Pays-Bas fut hélas un modèle du genre (lire "Et pendant ce temps, le ballon roulait"). 
 

Nous avons raté au moins deux fois le si émouvant plan large final montrant les joueurs, soit levant les bras de joie soit s’effondrant. Straub (Espagne-Hollande) et Oakford (sur la finale à Rio) leur ont préféré entraîneurs et adjoints se congratulant… Straub a ainsi manqué le splendide "but" refusé à Benzema contre la Suisse.

 


Joueurs vus seuls balle au pied

Moyenne générale : 81

Surprise, c’est l’Écossais Philips qui a le plus utilisé ces plans (153), devant Lanaud 133, puis Amsellem 101. L’école française ferait-elle des émules? Oakford est, lui, le plus allergique à ce hachage: 26 plans. Quand on sait que Lanaud, sur l’Euro 2012, avait atteint 85 (au Brésil: 133…), on mesure à quelle vitesse avance la destruction de notre vision du jeu collectif.

 


 

Parmi les autres éléments, notons que les entraîneurs ont été montrés 17 fois par match, les joueurs sur le banc très peu (3). La Spidercam a offert des plans surplombants intéressants (7 par réalisateur).

 

Les vues sur le public ont continué de nous agacer, tant les intentions de la FIFA apparaissent évidentes: flatter ce public, pousser "l’animation" des stades à tout prix, via les écrans géants (lire "Narcisse zéro"). Ces plans n’ont pourtant pas été très nombreux dans l'absolu: une vingtaine par match (Lanaud 36), contre 151 plans visage sur joueurs et entraîneurs. C’est dire leur présence obsédante.

 


À la française, à la découpe

Les "plans visage" constituent une ébauche de convergence entre les réalisateurs car les écarts entre eux sont très faibles. Mais leur multiplication est-elle une bonne nouvelle? L’autre amorce de convergence est venue de l’Ecossais Grant Philips. Déjà premier, donc, pour le nombre de joueurs vus seuls balle au pied, il est troisième pour le nombre de plans et la durée des plans larges: 14 secondes. Il est là plus proche des Français que des Anglais. Le raccourcissement des plans larges est également manifeste chez les Allemands Sohns et Straub: 18 secondes.
 

François Lanaud se signale sur presque tous les points problématiques. Il est premier (ou plutôt dernier) pour le nombre de plans, la brièveté des plans larges, les "ralentis d’ambiance", les vues sur le public, les entraîneurs, les bancs de touche... Il est deuxième pour les ralentis et les "joueurs seuls", troisième pour les plans visage. On comprendra que ses réalisations nous interpellent.
 

Jean-Jacques Amsellem n’est plus le réalisateur modéré que nous avons connu. Ses stats expriment désormais des choix résolument techno, tournés vers un foot toujours plus individualisé. À l’inverse, Knut Fleischmann est le plus classique de l’équipe d’HBS: raisonnable en (presque) tout, il offre une garantie de vision correcte du jeu collectif.

 


Demain, la réalisation à la carte ?

Un bilan de Coupe du monde étrange, donc, entre le relatif classicisme des Oakford, Fleischmann et Watts, et les excès des Français, de Straub et de Philips, donnant aux rencontres un rythme chaotique, haché, sacrifiant des aspects essentiels du football.

 

Enfin, notons une nouveauté importante, sur internet, mobiles et tablettes (la notion de "second écran" a été au cœur des préoccupations des diffuseurs sur ce Mondial). Tant MyTF1 qu’Orange et la BBC offraient au téléspectateur la possibilité de choisir ses propres angles de vue. Alors, tous réalisateurs? L’innovation est intéressante, même si aucun des plans proposés par TF1, par exemple, ne présentait de réel intérêt pour mieux suivre le jeu – ainsi de celui pris d'une caméra en haut des "virages", trop mal cadré.

 

On peut s’étonner que les télés et les réalisateurs lâchent ainsi un peu de leur pouvoir… Nous verrons, sur la durée, ce que nous ferons de ces possibilités. Regarder un match entièrement en plan large, avec le seul son du stade est une perspective alléchante. Pouvoir suivre son joueur favori du début à la fin du match ne serait pas mal non plus. Mais que devient alors la réalisation, censée donner un sens, une cohérence à l’ensemble? Ces évolutions consacrent-elles l’apothéose du spectacle ou bien expriment-elles la démission définitive des réalisateurs devant des matches découpés en centaines de morceaux épars?
 


[1] Pour les comptages intégraux, les chiffres sont les suivants.
Jamie Oakford (Allemagne-France) : 586 ;
John Watts (Uruguay-Italie) : 580
Knut Fleischmann (Allemagne-Portugal) : 579
Wolfgang Straub (Suisse-France) : 710
François Lanaud (Allemagne-Ghana) : 878
Jean-Jacques Amsellem (Mexique-Pays Bas) : 895
Ces résultats ont été confirmés par nos sondages sur les autres matches.

Réactions

  • le Bleu le 29/07/2014 à 16h14
    Si on additionne les classements de chaque liste, voici le palmarès des réalisateurs, du meilleur au pire:

    Sohns, Fleischmann (24 points)
    Watts (22 points)
    Oakford (21 points)
    Straub (20 points)
    Philips (18 points)
    Lanaud (8 points)
    Amsellem (7 points)

    C'était le truc qui sert à rien du jour.

  • gurney le 29/07/2014 à 21h23
    Au final, je comprends la frustration des réalisateurs. Pour imprimer sa patte, c'est difficile de le faire en ne maniant que du plan large. Mais c'est malgré tout impossible de servir le jeu différemment que par ce biais très classique.
    La clé serait d'accepter de perdre en originalité pendant la retransmission, et de se servir des multiples plans délaissés hors direct.
    Parce que voir un plan serré d'une chevauchée de joueur en différé ça peut avoir un intérêt, voire un apport artistique, mais ça reste encore une fois incompatible avec les enjeux d'un direct.
    Malheureusement, les mecs, les réals, de façon très égoïste, ne veulent pas de ça.

  • goom le 30/07/2014 à 15h16
    Que j'ai pu pesté contre les réalisations des matchs de la coupe du monde !!! Des ralentis qui coupent le jeu, des gros plans de spectateurs qui empêchent de suivre le match. Peut être faudrait-il rappeler à ces réalisateurs que l'important c'est le match et le jeu qui se déroule. Alors oui quand le jeu ne se déroule pas (avant le match, lors d'arrêt de jeu - long ou présumé long, après le match) on peut s'amuser à faire des gros plans du public, des sélectionneurs, proposer des ralentis. Mais pendant le jeu, celui-ci devrait avoir la priorité.

    En allant un peu plus loin, je dirais que nos réalisateurs français ont l'habitude de chercher à transformer un spectacle quelconque en quelque chose de formidable à coup de plans courts quand les réalisateurs d'autres pays n'ont pas ce souci. (Tout comme des commentateurs rabâchent qu'on assiste à un match formidable pour s'en persuader alors que la réalité est tout autre). Il faut du spectacle, il faut que ça bouge quitte à le faire artificiellement.

    Je me suis fait une réflexion identique en regardant le tour de France où à la fin d'étape le réalisateur n'arrêtait pas de jongler avec les plans et les différents moto-images à un point que je n'arrivais plus à suivre.

    Si tous ces réalisateurs veulent avoir leur nom en haut d'une affiche qu'ils réalisent des (télé)films avec de nombreux plans mais qu'ils s'effacent quand ils réalisent une évènement sportif au profit de l'évènement et des sportifs.

  • Sens de la dérision le 31/07/2014 à 10h14
    Merci pour ces données qui permettent d'avoir un avis assez objectif. Deux fois dans le Mondial j'ai regardé qui était l'affreux énergumène qui avait massacré la réalisation, et deux fois c'était Wolfgang Straub. J'ai l'impression que s'il n'est pas dans le trio de tête, il doit être premier dans les plans qui manquent l'essentiel (comme le dit l'article). Parce que si la multiplication des plans n'est sans doute pas une bonne chose, il y a quand même le moment de ces plans qui est important : on peut imaginer que les réals français plus habitués à multiplier les plans vont moins rater d'actions dangereuses que les nouveaux venus du hachage.

    Ce qu'il faudrait faire pour suivre la tactique des équipes (parce que le jeu c'est autre chose), c'est mettre un petit capteur dans les pompes des joueurs, d'avoir un seul plan large vu de haut avec les noms des joueurs qui s'affichent en fonction du capteur de chaussures. On n'aurait plus non plus à subir les "machin qui passe à machin"...

  • Paul de Gascogne le 31/07/2014 à 11h01
    Pour rebondir sur le propos de Sens de, je crois qu'il manque une stat qui serait particulièrement parlante : le temps de jeu effectif manqué par les réalisateurs.

    En toute logique, on devrait être à zéro mais je pense que l'on s'en éloigne de plus en plus. Ce qui est quand même incroyable.

  • Yoop2804 le 02/08/2014 à 18h42
    Cet article me fait penser à Josse et Di Meco qui pestaient, pendant la finale je crois, contre le réalisateur qui osait, ce gros nul, montrer le jeu au lieu de repasser le ralenti d'une action qu'ils estimaient litigieuse ou particulièrement spectaculaire, je ne sais plus. Et Josse de conclure un truc du genre : "Eh oui, que voulez-vous Eric, on n'a pas toujours la chance d'avoir un de nos excellents réalisateurs français aux manettes...". Grumpf...

  • AKK, rends tes sets le 07/08/2014 à 15h19
    Quelle est la durée d'une phase de jeu en moyenne ? Histoire de remettre en perspective le temps moyen passé en plan large.

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