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Pourquoi le Brésil m'a gonflé

Se réjouir de l'élimination cinglante de la sélection jaune et vert ne serait ni charitable ni intelligent. Cela n'empêche pas de dire tout ce que la Seleçao a eu d'extraordinairement exaspérant au cours de son Mondial.  

Auteur : Visant le 11 Juil 2014

 

 

Texte initialment posté sur le fil Coupe du monde du forum des Cahiers.


* * *

 

C’est marrant, je suis finalement soulagé que cette équipe du Brésil se soit fait sortir. Pourtant, elle m’a toujours attiré de la sympathie, voire une certaine forme d’admiration par le passé. Mais cette année, toute la théâtralisation de l’extra-sportif (ou du para-sportif – bref, je mets de côté le jeu, qui lui-même a été plus que médiocre) m’a gonflé à un point… Petit récapitulatif de tout ce qui m’a saoulé. Attention, ceci est assumé 100% pisse-froid.

 


 


1. Se tenir par l’épaule pour entrer sur la pelouse

Une colonne de bagnards se rendant ligotés à l’échafaud. Heureusement qu’ils ne jouaient pas en orange, ça aurait prêté à confusion. Si tu veux bien te faire remarquer dès le début et te foutre une pression de dingue à travers des symboliques inutiles, c’est réussi.
Bonus track : tu fais poireauter tout le monde quarante secondes de plus, le temps que ta chenille arrive en toute discrétion au point de rencard des hymnes.
 


2. L’hymne hurlé a capella

Alors autant ça peut partir d’une bonne intention et créer une certaine forme d’originalité, de partage avec le public, autant le résultat est plutôt… pittoresque. Disons qu’une fois c’est sympa, mais six c’est chiant. Déjà parce que tout le monde t’annonce ça comme le truc ex-tra-or-di-naire et que du coup on t’impose le silence absolu pour partager ce moment de "grâce". Résultat: une espèce de brouhaha absolu, et hystérique, avec des joueurs aux allures démoniaques. On aurait dit la première rangée de fans à un concert de Slipknot.
Bonus track : tu perds environ 25% de ton énergie physique et mentale avant même le coup d’envoi du match.
 


3. Les pleurnicheries incessantes

Avant le match? Je chiale. Pendant le match? Je chiale. Après le match? Je chiale. Les mecs chialent perpétuellement. Je pense qu’il y en a même qui chialent par désarroi d’avoir oublié la raison pour laquelle tous leurs coéquipiers chialent.
Bonus track : du coup, ton public chiale aussi en se disant certainement qu’il doit bien y avoir une raison.
 


4. Les appels au Seigneur 472 fois par jour

Cette équipe devrait être dirigée par un pasteur (ou par Sarah Palin). Ce n’était pas le festival du joga bonito mais celui du graças a deus. Et même quand Dieu en personne leur signifie qu’il n’en peut plus d’entendre leurs louanges et qu’il aimerait bien regarder la Coupe du monde peinard (d’où le 7-1), eh bien leur premier réflexe est de se remettre à prier. Faites gaffe les cocos, la prochaine étape c’est la foudre direct sur vos doigts levés au ciel, s’il est en mode vénère, Zeus.
Bonus track : en plus le pape est argentin, lol.
 


5. La glorification Neymar

Alors là, rien contre le gamin qui est impressionnant de talent et qui a fait une Coupe du monde remarquable. En revanche, le rôle de martyr tombé au champ d’honneur face aux vils Colombiens, non. Le pompon avec ce maillot hissé par captain Luiz pendant les hymnes. Un ami sain d’esprit a trouvé ça "joli", alors que je m’étouffais presque dans mon vomi. Heureusement que le mec n’est pas décédé, ils auraient été capables de porter sa dépouille en entrant sur la pelouse.
Bonus track : imaginer les hymnes de Portugal-Ghana avec les dix-sept maillots des portugais blessés.


Bref, non seulement les Brésiliens ont été médiocres dans le jeu, mais en plus ils m’ont gonflé. Jamais je n’en aurai la preuve, mais je m’autopersuade que tout ce cirque, ces cérémoniaux, ces bigoteries, ces hystéries individuelles et collectives les ont finalement affaiblis et qu’il faudra déjà penser à s’en délester pour se reconcentrer sur le jeu, le playzer et la win.
 

Réactions

  • Coach Potato le 11/07/2014 à 08h10
    Bachianas brasileiras.

    Homme de peu de foi! Alors, qu'est-ce que j'apprends? Les types en orange sont des bagnards. J'en connais un qui va se faire bien voir au rayon produits dérivés de son Decathlon Bretagne sud, tiens. En revanche, les types en oranges sont des marseillais en third.

    En plus, ça tombe bien tu vas pouvoir le lui dire à Luiz que tu lui trouves un style garçon sensible. On l'a packagé avec captain Silva pour notre prochaine campagne. On les achète en gros, nous. N'empêche, lorsque Luiz va fouler le stab du Moustoir, il pourrait bien nous faire un gros chagrin. On ne lui a encore rien dit pour Guingamp, c'est une surprise. Il est si émotif.

    Et puis cesse de dire du mal du très haut. Il a dit à Neymar qui gisait sur une civière: Lève-toi et marche! Et Neymar a marché. Marcello aussi.
    Note, depuis, il pleure aussi et en conf' de presse.
    En revanche, le pape argentin, il fait surtout des homélies contre les ultras et les libéros. Tu vas l'adorer.

    Pour l'hymne a capella, on a résolu le problème, nous avec la jurisprudence Sinclair-Montand à 7/7. Aucun risque chez nous. Surtout qu'à capella, c'est sans la musique; les nôtres ne connaissent même pas les paroles.

    Pour ce qui est de s'étouffer dans son vomi, ça peut être la bière aussi. Je regarde toujours les matches avec de gens qui maitrisent la position latérale de sécurité. Qu'est-ce qu'elle a fait de moi, la bière. J'y tiens comme si c'était mon frère.

    J'attends la suite pour le summer of Löw. C'est un grouplove à 22. Normalement, c'est avec de la bière et du vomi à la fin car ce sont les flower children allemands qui gagnent.

    Visant Président? Non.
    visant Président!

    (tu feras gaffe, la rédak a mis une majuscule à visant)

  • Fugazi le 11/07/2014 à 08h11
    Magnifique florilège des comportements brésiliens qui énervent. En hommage à cet article, Neymar vient d'en chialer en conférence de presse.

  • Ba Zenga le 11/07/2014 à 08h50
    Je suis encore plus d'accord avec cet article qu'avec moi-même. A chaque tour, j'espérais la défaite de cette équipe pour toutes les raisons citées par visant.

  • Basile mais pas boli le 11/07/2014 à 08h57
    Tu en as oublié un :
    Fred avant-centre titulaire du Brésil durant 6 matchs de coupe du monde, c'est un crime.
    Wiltord, qui connaît bien sa femme, pourra t'en parler....

  • Mandandamadeus le 11/07/2014 à 09h31
    Analyse implacable de mon rapport au Brésil pendant cette CdM. Merci visant, et bravo. Quel texte!

  • Tonton Danijel le 11/07/2014 à 09h40
    Je me demande si cette branlée ne va pas faire redescendre le Brésil sur terre, comme la déroute de Wembley contre la Hongrie (évoqué par l'article précédent) avait refroidi les Anglais (encore plus violemment que l'inattendu défaite contre les USA de Gatjens).

    C'est bien de jouer avec le folklore made in Brazil type les prières avant, pendant et après le match (désolé, mais Dieu a préféré offrir une finale entre Benoît XVI et François I, aucune chance pour vous les mecs), mais si on assure pas derrière, c'est vite ridicule.

  • Corben Gallas le 11/07/2014 à 09h46
    Tout est dit, et bien dit.
    Bravo visant et merci la Rédac d'avoir promu ce remarquable post en article.

  • emink le 11/07/2014 à 10h01
    C'est parfaitement écrit et décrit. Le Brésil a enfoncé tous les codes de la stupidité mystique, le pompon étant détenu jusque là, selon moi, par Laporte et la lettre de Guy Moquet lue à ses joueurs en 2007, avant un France-Argentine dont on connait l'issue.

  • Josip R.O.G. le 11/07/2014 à 10h03
    Je veux pas lancer une polémique et un débat, mais le même article avec le même passage sur les bondieuseries débiles à propos de l'équipe d'Algérie, je me demande comment il aurait été accueilli et même s'il aurait été promu par la Rédac.


  • mollows le 11/07/2014 à 10h15
    ...

    Très bon article. D'ac' à 100%.

    L'accident industriel aurait pu se produire en amont lors de cette compèt' mais l'explosion en plein vol lors des demis autorise une exposition comak de tout le décorum.

    La Une du Monde est jouable poiur Visant.

La revue des Cahiers du football