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Torres, un temps à rattraper

Après des mois d'errance et de difficultés, Fernando Torres est de retour à l'Atlético Madrid. À la recherche d'un football et d'un temps que l'on n'espère pas perdus, mais qu'il est délicieux d'évoquer.

Auteur : Christophe Zemmour le 21 Jan 2015

 

 

L'enfant prodige est de retour dans sa “seule maison”. Comme lorsque l'on rentre après des années passées loin d'un foyer, Fernando Torres a rejoint les rangs de l'Atlético Madrid cet hiver, presque huit ans après en être parti. Il retrouve ainsi “son” équipe, un moment vécu comme “un rêve devenu réalité”. Et forcément, le public de Vicente Calderón a accueilli chaleureusement El Niño [1], ce joyau sorti du Manzanares pour devenir un attaquant d'envergure mondiale. Il est bien difficile de savoir si le petit, devenu un homme, saura rebondir et retrouver sa place après les vicissitudes de ces dernières saisons. Une chose est cependant acquise: Nando a écrit une histoire tantôt lumineuse, tantôt compliquée, mais au final attachante.

 

 


El Niño devint The Kid

Fernando Torres naît le 20 mars 1984 à Fuenlabrada, dans la banlieue de Madrid, et débute son parcours senior en 2001 avec l'Atlético, en seconde division. La même année, il commence à se faire une spécialité de briller lors d'un championnat d'Europe en marquant en finale de l'Euro U16 face à la France, compétition que sa sélection remporte [2]. Adolescent, il admire Christian Vieri, dont la seule et fantastique saison 1997/98 chez les Colchoneros [3] fait l'étalage de ses qualités d'attaquant complet, à la fois puissant, technique et adroit. À peu de choses près ce que deviendra Fernando. La technique et la vitesse du jeune blond séduisent et il est même capitaine dès l'âge de dix-neuf ans. Régulier lors de ses premières saisons dans l'élite (respectivement 13, 19 et 16 buts), il forme de jolis duos avec Mista ou Sergio Agüero. Tandis que l'exposition à l'Atlético n'est pas assez grande pour ses qualités, il brille lors du premier tour de la Coupe du monde 2006, avec notamment cette splendide demi-volée face à l'Ukraine, à la conclusion d'un mouvement collectif non moins admirable.

 

À l'été 2007, Torres rejoint le Liverpool FC, jugeant que son “développement allait dans une direction et celle du club dans une autre”. Tandis que Cristiano Ronaldo devient le joueur de stature internationale que l'on connaît, avec une saison qui l'amènera à ses premiers sacres européens collectif (C1) et individuel (Ballon d'Or), le nouveau numéro 9 des Reds se révèle également comme un attaquant de premier plan, inscrivant vingt-quatre buts en Premier League et six en Ligue des champions. Ses incursions, ses dribbles subtils, sa présence dans la surface, sa capacité d’accélération, d'élimination et à trouver le petit filet en font l'avant-centre le plus dangereux d'Angleterre. Sur la scène continentale, on retient sa splendide réalisation sur le terrain de l'Inter Milan en huitièmes et sa frappe pleine lucarne face à Arsenal lors de ce mémorable quart de finale retour. En demies, à Stamford Bridge, alors que Liverpool a dû concéder le nul (1-1) à Anfield Road à l'aller, une touche de trop le fait buter sur Petr ?ech en première période, avant qu'il n'ouvre les portes de la prolongation grâce à un enchaînement délicat d'intérieur pied droit contrôle-frappe au ras du poteau. Il n'y a peut-être pas du génie chez ce joueur, mais il y a indubitablement de l'élégance, de l'allure, voire du lyrisme.


 

 

L'Euro austrosuisse débute en juin et il sera la première consécration internationale de cette génération ibérique. Dans un 4-4-2 à la pointe duquel Torres évolue aux côtés de David Villa, l'Espagne marche sur la compétition. Comme ce sera le cas deux ans plus tard, Fernando laisse la vedette à l'attaquant de Valence, plus prolifique, mais celui-ci se blesse en demi-finale et la Roja repasse dans un schéma 4-2-3-1 qui semble libérer celui qui est devenu The Kid dans son expression. En finale, sur une passe en profondeur de Xavi Hernández, Torres passe devant Philipp Lahm et pique la balle au-dessus de Jens Lehmann. 1-0, la Nationalelf ne reviendra jamais, complètement dominée par une Espagne qui se crée de multiples occasions de creuser l'écart. Torres vient d'atteindre son meilleur niveau et termine sur le podium de l'élection du Ballon d'Or 2008.

 


Entre Fernando et Bernardo

La saison 2008/09 confirme son statut, avec quelques victimes de choix. Manchester United chez lui, le 14 mars 2009, corrigé 4-1 à Old Trafford mais qui sera devant à quatre unités à la ligne d'arrivée d'une saison où les Reds auront pourtant engrangé 86 points. Le Real Madrid à Anfield, pour une claque 4-0 infligée en huitièmes de C1 retour. Malheureusement, il est absent en quart face à Chelsea, comme Steven Gerrard, avec qui il compose un duo de régal. Les passes lumineuses de ce dernier couplées à la science de l'appel et du face-à-face de Torres font des ravages, telles les plus belles associations 10-9. Malheureusement, l'année suivante est plus compliquée. Fernando devient champion du monde sans marquer le moindre but et perd dans le dernier carré sa place de titulaire au profit d'un repositionnement de Villa dans l'axe et de l'entrée de Pedro à gauche. L'Espagne atteint le toit du monde, mais sans que son Niño y appose véritablement sa plume.

 

The Kid rejoint Chelsea au mercato hivernal de 2011. Ce départ est vécu comme un déchirement, une trahison par les supporters des Reds qui ne manquent pas de le lui rappeler lors de son premier match avec les Blues, qui n'est rien d'autre qu'une défaite à domicile face au club de la Mersey. Avec le Mondial 2010, cet épisode constitue les premiers écueils d'une carrière jusque-là basée sur une évolution progressive et tranquille. Mais dans une équipe où Didier Drogba est déjà le principal atout offensif – et comme Andryi Chevtchenko avant lui – Fernando Torres se perd et connaît une longue période de disette. Il lui faut attendre le 23 avril avant de trouver le chemin des filets, contre West Ham. Il paraît emprunté, émoussé. On le craint même fini. Excessivement maladroit, méconnaissable techniquement, il sera avec Chelsea l'auteur de ratés qui furent abondamment moqués. Certains observateurs accusent Rafael Bénitez de l'avoir trop fait jouer et ainsi d'avoir détruit ses capacités physiques lorsqu'il était son coach à Liverpool.


 

 

À la fin d’une saison 2011/12 à la fois marquée par une polémique autour de propos critiques envers ses partenaires et par un rendement meilleur sans être génial, Torres va se rappeler au souvenir de tout le monde. Chelsea, réduit à dix après l'exclusion de John Terry, tient toujours sa qualification pour la finale de la C1 face aux assauts répétés du Barça à qui il ne faut qu'un but. A la 91e, Torres élimine Víctor Valdés avant de pousser le ballon dans le but vide et sceller la qualification de son équipe, faisant taire le Camp Nou et montrant qu'il était encore capable de marquer dans un moment important. Comme lors d’une finale au cours de laquelle il se montre très volontaire, ou pendant l'Euro 2012, où après une prestation ratée face à l'Italie avec deux belles occasions gâchées face à Gianluigi Buffon, il finit meilleur buteur de la compétition. Il se permet ainsi d'offrir la dernière réalisation à Juan Mata et de battre le portier italien quelques minutes après son entrée en finale. Joli paradoxe pour une équipe se cherchant alors une identité offensive sans attaquant. When Saturday Comes titrera d'ailleurs ironiquement son numéro d’août: "Bad season for Torres".

 


Un avenir à réécrire

Par la suite, Torres retrouve un niveau plus acceptable, sans être toutefois brillant (28 buts en 72 matches en 2012/13, dont seulement 8 en championnat), et signe quelques fulgurances, comme son ouverture du score en finale de l'Europa League 2013. Celle-ci justifie "quelques millions" selon le critique José Mourinho, dont le retour à l'intersaison motive Torres à rester dans les rangs des Blues. Ou celui contre l'Atlético Madrid en demi-finale retour de la C1 2013/14, malheureusement insuffisant (défaite 1-3). Fernando fait ses valises lors de l'été 2014 pour rejoindre l’AC Milan et disparaît des radars (un seul but, face à Empoli, lors de sa deuxième apparition) comme son lent et progressif déclin le laissait malheureusement craindre. Il avait confié en 2012 à El País une certaine tristesse: “J’avais des coéquipiers pour qui c’était égal que l’équipe gagne ou perde, parce qu’ils ne jouaient pas. Je n’ai jamais voulu ressentir ça mais un jour, je me suis rendu compte que j’étais comme eux… Je n’étais pas heureux parce que je m’étais éloigné de ce que je voulais être.”


Seul l'avenir nous dira si l'on retrouvera de façon continue, ou seulement ponctuelle, les traits du lumineux Torres du premier âge. Ou encore s'il saura se transformer pour devenir un autre joueur, ou s’imposer dans un collectif qui se connaît bien depuis quelques saisons mais dont le goût pour la contre-attaque pourrait lui sier et le sortir de cette période de seconds rôles. Mais eu égard à ses réalisations passées, son aura et son talent que l'on peut soupçonner de frapper à tout moment, il restera très probablement, malgré les doutes et comme d'autres terreurs avant lui (Filippo Inzaghi, David Trezeguet), un joueur attachant mais surtout craint, et que l'on surveillera d'un œil vigilant. À l’image du dernier huitième de finale retour de la Copa del Rey sur la pelouse du Real, lors duquel il a scoré deux fois, au début de chaque période, il reste une menace permanente. Un discours avant le coup d’envoi, une frappe du gauche pleine lucarne, puis un plat du pied délicat, consécutif à une feinte de tir qui dépose Pepe: des éclats ont permis à Torres d’inscrire ses premiers buts à Santiago Bernabéu avec le maillot de l’Atlético Madrid et de lui redonner une exposition. C'est peut-être finalement la plus grande marque de respect que l'on puisse donner à un attaquant: celle de toujours le considérer.

 


[1] 45.000 spectateurs ont assisté à sa présentation le 4 janvier dernier.
[2] En 2002, il devient également champion d'Europe des moins de dix-neuf ans, en finissant encore à la fois meilleur joueur et buteur (dont un en finale) de la compétition.
[3] L’international italien est alors élu Pichichi avec vingt-quatre buts en autant de rencontres.

 

Réactions

  • Eviv Bulgroz le 21/01/2015 à 09h06
    Il manque la fin de l'article non ?

  • la rédaction le 21/01/2015 à 09h48
    Oui, c'est corrigé, merci !

  • Eviv Bulgroz le 21/01/2015 à 11h12
    Maintenant que j'ai pu lire la fin, merci pour cet article. j'ai toujours de la sympathie pour ces joueurs tombés de haut et j'espère toujours un baroud d'honneur.

    En tout cas, c'est étonnant comme le poste d'attaquant est sensible à niveau, vu l'importance de la confiance, de l'accélération dans des petits espaces ou des contrôles à ce poste.

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