Coridon 2004, ascendant scorpion
Un jour, un but – Le 20 octobre 2004 au Parc des Princes, le Paris Saint-Germain inscrit face au FC Porto un but invraisemblable signé Charles-Édouard Coridon.
Charles-Édouard Coridon vient d'entrer dans la surface de réparation du FC Porto. Le milieu parisien marque un léger temps d'arrêt, s'apercevant qu'il est trop avancé sur le centre de Stéphane Pichot. À quelques mètres de lui, Pedro Miguel Pauleta se démarque légèrement pour recevoir ce ballon qui lui est manifestement destiné.
C'est en faisant n'importe quoi…
Curieusement, les deux défenseurs portugais ont porté leur vigilance sur l'international martiniquais, zéro but depuis le début de saison, plutôt que sur leur compatriote, goleador confirmé. Tout aussi curieusement, Coridon va quand même tenter de capter le ballon là où n'importe quel joueur l'aurait laissé à son coéquipier a priori plus habile dans cette zone du terrain. Bref, Coridon va faire n'importe quoi et sans doute s'attirer encore quelques sifflets supplémentaires. L'ex-Lensois, fraîchement débarqué en début de saison, n'a pas vraiment convaincu.
Le club de la capitale est à ce moment dans une situation peu enviable. En championnat, après dix journées, l'équipe de Vahid Halilhodži? pointe à la seizième place. En Ligue des champions, elle a perdu ses deux premiers matches, et la réception du tenant du titre, le FC Porto, est sa dernière chance d'accrocher le wagon des huitièmes de finale.
Après une demi-heure de jeu, le score est toujours de 0-0. À l'arrivée d'une contre-attaque parfaitement menée, Coridon est sur la trajectoire du centre de Pichot. Trop avancé, le numéro 27 du PSG plonge en avant et lève derrière lui son pied droit. Son geste semble irréfléchi. Il cherche à rabattre le ballon devant lui, et le résultat va au-delà de ses espérances. Son talon, ou son tibia, frappe la balle et l'expédie dans le cadre, sur le côté gauche de Vitor Baia qui plonge avec un temps de retard et voit le ballon lui filer entre les mains.
Une folle minute
Le public du Parc est stupéfait. Son PSG vient d'inscrire son premier but en C1, un but inattendu, tant par l'identité du buteur que par la manière dont il a été exécuté. On parle aussitôt d'une version offensive du "coup du scorpion", le geste du gardien colombien René Higuita réalisé dix ans plus tôt. On compare aussi Coridon à Marco Van Basten, ou encore à ce jeune Suédois de l'Ajax qui vient de signer à la Juventus, comment il s'appelle déjà?
Les spectateurs ont à peine le temps de se rasseoir qu'aussitôt ils voient Pauleta combiner avec Reinaldo et inscrire un deuxième but. C'est la minute la plus folle du PSG 2004/05. Vainqueurs 2-0 de Porto, les Parisiens poursuivront leur parcours européen en réalisant deux bons 0-0 à Porto puis à Londres contre Chelsea. Mais ils s'inclineront lamentablement lors du dernier match au Parc des Princes face à un CSKA Moscou déjà hors course. Vahid Halilhodži? sera remercié en février, remplacé par Laurent Fournier. Le club de la capitale terminera la saison sans le moindre trophée, bloqué à une indigne neuvième place en championnat. Le président Francis Graille à son tour sera débarqué, laissant le club dans une situation financière désastreuse.
Au même moment, Charles-Edouard Coridon quittera le club en toute discrétion, pour aller se faire oublier dans le championnat de Turquie. Lors de son passage au PSG, il aura disputé vingt-neuf rencontres et inscrit un seul but.