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Liga : victoires à vendre

L’imprévisible dénouement du championnat espagnol met à jour une pratique obscure: les primes de victoires aux tierces équipes. À l’heure de décider du titre et des relégations, les clubs croisant les potentiels vainqueurs se frottent les mains...
Auteur : Antoine Faye le 24 Mai 2007

 

À trois journées de son terme, le championnat de Liga maintient un suspense absolu. Avec quatre sérieux candidats au titre (le Real Madrid, le Barça, le FC Seville et le FC Valence dans une moindre mesure) et les trois places de reléguables également sans titulaire (six équipes peuvent encore descendre), tous les moyens sont bons pour tenter de gagner le titre, ou de se maintenir (1).
Le football espagnol est ainsi le théâtre d’une pratique aussi obscure qu’ancestrale: la prime de victoire à tierce équipe. Le principe est simple: un club décide d’offrir une somme d’argent à l’effectif de l’équipe qui joue contre son rival direct. En clair, cela consiste, pour le Real, à primer les adversaires du Barça et de Séville, et vice versa. Aussi fantasmagorique qu’indémontrable, le recours aux valises pleines de billets enflamme la presse, qui ne manque pas d’éléments pour échafauder ses théories.

Légalisation des primes
Un cas d’école nous est offert à travers le prochain match qui doit opposer, ce dimanche au Camp Nou, le FC Barcelone à Getafe. Pour l’achat d’une équipe "alliée", il faut cumuler certaines conditions: que celle-ci  rencontre une équipe rivale de la vôtre, qu’elle n’ait pas d’aspiration en Liga, qu’elle ne voie aucun inconvénient à gagner un extra, mais aussi qu’un patron-payeur accepte de mettre la main au portefeuille et que les dirigeants du club primés soient compréhensifs. Tous ces éléments sont réunis par le futur adversaire du Barça.
Getafe n’a en effet plus rien à espérer de la Liga: en rencontrant Séville en finale de la Copa del Rey, les joueurs de Bernd Schuster ont gagné le droit de disputer la Coupe de l’UEFA la saison prochaine. Autrement dit, l’objectif des Azulones n’est pas une victoire de prestige au Camp Nou, mais plutôt la préparation de leur finale.

La motivation de l’effectif, pour priver le Barça des trois points, intéresse bien du monde. Comme souvent lorsqu’il s’agit d’argent, les joueurs ne se montrent pas du tout réticents devant l’idée de mettre du beurre dans les épinards et plusieurs joueurs ont déjà mis à prix leur motivation et leur professionnalisme. Javier Casquero, milieu de terrain du club azulón, signale que "si une prime vient, elle sera bien reçue". (2). Javier Paredes, le latéral gauche, milite même pour la "légalisation des primes", insistant sur le fait qu’il n’y a aucun mal à demander la victoire d’un tiers, mais qu’acheter une défaite est plus répréhensible (3).


« Des valises? Bien sûr qu’il y en aura. Il y en a toujours eu, et celui qui prétend le contraire est un menteur » – Ismael Urzaiz


Amitiés madridistes
Si les joueurs sont donc d’accord, il faut toutefois que l’un des rivaux du Barça accepte de payer le prix de cette collaboration. Et ce rôle incombe naturellement au Real de Madrid. L’ineffable Ramon Calderón, président du club merengue, ne manque pas de considérer cette opportunité: bien que réticent à payer les joueurs de l’Atletico Madrid voilà une petite semaine (vaincus 0-6 par les Blaugranas), le dirigeant madrilène ne voit désormais aucun inconvénient à primer une tierce-équipe "à condition que ce soit pour gagner un match" souligne-t-il (4).

Il existe un donc un payeur. Mais qu’en dira le président du club concerné? Le hasard faisant bien les choses, Ramon Calderon et Angel Torres, le président de Getafe, sont justement de très bons amis. À tel point qu’on les voit s’afficher ensemble tant lors des corridas de las Ventas (la Plaza de Toros de Madrid) que lors de la cérémonie consacrant Angel Torres comme "fils adoptif" de la petite commune de Getafe. Enfin, comme le signale lui-même le président du club azulón "rien ne me ferait plus plaisir que de battre le Barça, et de donner le titre au Real" (5). Une déclaration gratuite, s’il en est, puisque Angel Torres est le socio numéro 30648 du... Real de Madrid.


Valises invisibles
sport_une.jpgDevant une telle collusion d’éléments, la presse catalane ne manque pas de signaler que les joueurs de Bernd Schuster viendront nantis d’une promesse de prime madrilène si Getafe prive le Barça de trois points capitaux dans la lutte pour le titre de Liga. C’est ainsi que le quotidien Sport, de Barcelone, publie à sa une du 23 mai: "Getafe viendra «primé»" (image ci-contre). Mais s’agit il d'un fantasme ou d’une réalité souterraine?
Car rares sont les joueurs pouvant – ou osant – attester de l’existence de valises de billets circulant dans les vestiaires. Il faut dire que ces valises échapperaient sans aucun doute aux contrôles du fisc, de même qu’à la comptabilité des clubs… Comme le résume Mario Cotelo, un autre joueur de Getafe: "Les primes sont comme Ben Laden: elles existent mais personne ne les voit" (6).

Fort heureusement, certains joueurs ont une acuité visuelle plus développée. Ainsi, Ismael Urzaiz, l’attaquant de l’Athletic Bilbao, interrogé sur les possibles primes offertes aux rivaux de l’Athletic, répondait avec franchise: "Des valises? Bien sûr qu’il y en aura. Il y en a toujours eu, et celui qui prétend le contraire est un menteur" (7).


La suspicion à l'égard de cette pratique est telle que les footballeurs, comme les supporteurs, demandent sa légalisation, qui n’est pas véritablement prévue par les règlements. Légale ou pas? Le débat est lancé sur la place publique, mais nul doute que pour la plupart des clubs, tous les moyens sont bons pour remporter un titre, ou arracher le maintien. Et quand bien même le Barça assure qu’aucune équipe ne recevra d’argent de sa part (8), le doute existe, puisque les joueurs du Deportivo la Corogne (adversaires du Real de Madrid) ont déjà lancé un appel d’offres (9)...


(1) Voir le classement actuel.
(2) Lire l'article de Marca.
(3) Lire l'article de Marca.
(4) Lire l'article de Sport.
(5) Lire l'article de Sport.
(6) Lire l'article de Marca.
(7) Lire l'article sur les propos de Urzaiz.
(8) Les propos de Soriano.
(9) Les propos de Verdú, un ancien joueur de l’équipe B du Barça.

Réactions

  • Jon-Dahl Tomasson le 24/05/2007 à 02h58
    Bon article, bien documenté.
    Mais on oubli un point important : c'est vieux comme le football et ça existe partout, ce n'est pas exclusif à l'Espagne.

    Sauf en France bien sûr, le pays où il n'y a jamais de scandale.

  • Raspou le 24/05/2007 à 04h51
    Excellent article, bravo.

  • gimlifilsdegloin le 24/05/2007 à 08h01
    Intéressante pratique, dont j'ignorais que l'existence fût aussi répandue. Ce n'est pas en France que l'on verrait des joueurs s'exprimer, même discrètement, sur de tels sujets. Mais la question mérite d'être posée : ce genre de primes existe-t-il chez nous (ou ailleurs en europe) ou se contente-t-on toujours d'acheter directement l'adversaire de sa propre équipe ?

  • davidoff le 24/05/2007 à 09h23
    Jon-Dahl toi qu'à l'air d'en savoir un rayon, t'étayes?

  • aulasticot le 24/05/2007 à 09h40
    Article bien documenté.

    Mais au risque de passer pour une jeune vierge effarouchée, cette pratique me gène quand même profondément. Je vais reprendre l'argument éculé, mais ce sont des pros, qui gagnent beaucoup, qui vivent de leur passion. Moi, quand je me levais le weekend pour jouer, ou quand maintenant j'y vais sous des trombes d'eau alors que j'ai plein de taff sur le grill, une madame aulasticot et sa belle famille à gérer, c'est pour prendre du plaisir et pour gagner. Même si on est dans le ventre mou.

    Le pompon reste le jeune de la Corogne qui lance un appel d'offres. Manquerait plus qu'il le publie dans le BOMP.

    Et l'argument "on paye pour motiver des joueurs, pas pour qu'ils perdent" est bête au possible. Si on commence à les payer pour jouer à fond contre un adversaire de façon ouverte et légale, qui pourra vérifier qu'on ne paye pas un adversaire pour se coucher lors d'une confrontation suivante.

    Urzaiz et les autres reconnaissent l'existence des maletines, c'est bien, mais pas un pour les remettre en cause!

    D'autant qu'encore une fois, si un petit club fait une saison de feu, real sociedad 2003 like, il sera désavantagé car moins enclin à payer les adversaires.

    Ca m'fout en l'air. Flutte!

  • animasana le 24/05/2007 à 10h29
    impossible a répendre en France de manière aussi ouverte.
    Gravelaine disait l'autre jour que preté du PSG à Strasbourg, lors de la finale de la coupe de france entre ces deux clubs, il touchait encore les primes parisiennes, ce qui a mis un gros doute de la part des supporters sur sa prestation.

    Après, je ne pense pas que cela influe vraiment sur le déroulement du match. Quand tu vas au camp nou, tu y vas pour essayer de te taper le Barça, et je pense que c'est aussi motivant qu'une prime insignifiante par rapport à ton salaire.

  • Coach_Nono le 24/05/2007 à 12h07
    Je vais être un peu hors-sujet, mais ça me rappelle une nana qui disait que de toutes façons la coupe du Monde 98 était truquée pour que la France gagne à la fin et que j'étais bien naïf de croire le contraire et que le sport c'est truqué et tout et tout...

    J'ai quand même la naïveté de croire qu'une coupe du monde représente quand même le top du top pour un joueur de foot et que pas UN SEUL n'acceptera de lever le pied pendant un match même pour tout l'or du monde.

    De même, j'ai encore la naïveté de croire qu'un gars jouant dans un stade de légende, contre une équipe de légende se donnera à fond quelque soit le montant de la prime à la fin. Ne serait-ce que pour l'exposition médiatique qui me permettrait de sortir de mon petit club pourri pour aller dans un grand club de foot (comme par exemple ce joueur russe d'un obscur club Moscovite qui a planté 3 buts au parc des princes en Ligue des Champions - décembre 2005 - . Et ben le joueur russe il a quitté son club tout pourri qui n'a absolument RIEN FAIT en coupe de l'UEFA après pour rejoindre le PSG où il est devenu une grande star et a aidé le PSG à se hisser là où il est actuellement.)

  • hobbes le 24/05/2007 à 12h27
    Il y a 2 aspect de choquant dans cette pratique (que je ne connaissais pas du tout non plus)

    La premier c’est que si ca marche dans ce sens, il y a quand meme de forte chance que ca marche dans l’autre sens.
    A savoir on paye les joueurs d’une autre equipe pour qu’il leve le pieds dans un match…

    La deuxieme ; c’est de payer des joueurs pour les motiver encore plus.
    Attend ces gars la font le boulot qu’environ la moitiee de la planete reve de faire (sans exageration), Gagne plus que 99.9% de la population mondiale.
    Ils sont starifies, deifies, se tappent des manequins, roule en porsche, et sont a la retraite a 35 ans etc…
    Et tu veut les motiver plus ?
    Mais c’est du foutage de gueule. Ces gars la devrait etre a 100 % de leur motivation, la perspective de se tapper un gros du championnat devrait leur donner la rage d’un Cana sous coco et cela sans la moindre primme…

    Alors quoi quand ils perdront des matchs maintenant l’excuse ca sera : « Ha ben oui mais desole mais la prime était pas asser grosse, ont etaient pas asser motives…. »

    Plutôt que la carrotte, je prefere le Baton.
    En cas de match « pour du beurre » si j’etais president, je ferai sauter toutes les primes de matchs en cas de defaite….

    T’ainnn il m’a enerves cet article…

  • arnaldo01 le 24/05/2007 à 13h52
    je viens de voir une depeche sur lien où ils parlent de la polemique due aux primes. Et le probleme n'est pas les primes mais le fait que le real va payer les joueurs de saragosse pour qu'il gagne contre seville ce week-end alors que le real joue dans trois semaines contre saragosse...
    J'zespere que les jouurs de saragosse vont jouer a fond contre seville et encore plus a fond contre le real (ben ouais, seville aura surencheri entre-temps !)

  • Roger mis là le 24/05/2007 à 15h11
    N'étant que très récemment admis dans le cercle très fermé du forum des cahiers, il s'agit ici de ma première réaction. Aussi je commencerai par un bonjour énergique destiné à l'ensemble des lecteurs puis je poursuivrai en remerciant ma mère pour tout ça tout ça .....

    Concernant l'article, moi ce que je trouve regrettable c'est le fait que des clubs se retrouvent à trois voire quatre journée de la fin avec aucune carotte pour les encourager à jouer les matchs sur les chapeaux de roues. Cette situation est préjudiciable pour le spectacle offert et pour l'équité sportive. Il me paraît évident qu'il est peut être plus facile de rencontrer Lyon aujourd'hui qu'il y'a trois mois.

    La première méthode que moi je verrai pour que l'ensemble des équipes gardent un niveau de concentration et de motivation suffisants jusqu'au bout peut se concevoir à partir d'une discrimination plus importante des rémunérations.
    Déjà il faudrait modifier la rémunération sportive basée sur le classement de l'équipe en l'indexant plutôt sur un classement basé sur le nombre de points.
    On peut même imaginer que la « valeur » (en terme de retombées financières) du point augmente au fur et à mesure que le championnat avance et donc que les enjeux augmentent.

    Moi je ne suis pas choqué par l'attitude du Real, elle est simplement dictée par un certain pragmatisme. Si certains n'ont plus d'enjeu, ils seront moins enclins à se dépasser.

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