La palette du futur
Canal+ et Philippe Doucet préparent l'arrivée sur terre de leur nouvelle palette. Anticipation.
Auteur : Maxime Mianat
le 5 Fev 2008
Posté sur le fil Observatoire du journalisme sportif par Vinocrator
mercredi 30 janvier 2008 - 22:32
Les bandes dessinées américaines des Années 50 visualisaient le XXIe siècle avec les lunettes de la technologie robotisée: des androïdes-majordomes dans les halls d’entrée, des soupières volantes au-dessus des stratus, voire des mégalopoles de trente millions d’âmes dans l’Indre-et-Loire. Malheureusement, l’avenir s’est dessiné autrement. Les rêves de robots serviles et soumis se sont dissipés. Seules sont restées les femmes, au pied des lits, beaucoup mais alors beaucoup plus dissipées que durant l’avant-MLF.
C’était sans compter sur Philippe Doucet et sa palette graphique, alliage de la science et du sang-froid. Si le journaliste de Canal+ se révèle impuissant au niveau des femmes dissipées, il se montre beaucoup plus compétent pour réveiller en nous les rêves de robots serviles et soumis.
"C'est une Rolls"
Le 17 février, en plein gueuleton d’OM-PSG, sa palette graphique s’habillera en 3D. Conçu par la société Red Bee, et déjà dans la penderie de la BBC, de TV Globo et de Sky Italia, le bijou de famille de Philippe Doucet se modernise. Plus puissante. Plus décadente. Plus jeune. Canal, quoi. "C’est une Rolls, s’enthousiasme ce matin l’ancien président du SCO d'Angers, en page 18 d’Aujourd’hui en France. L’ancienne palette avait fait son temps. Celle-ci a un côté ludique mais il y a aussi un aspect pédagogique et informatif. La gamme d’effets est beaucoup plus large. La vraie nouveauté concerne le déplacement des joueurs, le tracking". Wow. Le 17 février, la L1 offrira enfin le spectacle tant vanté par Frédéric Thiriez ; et tant pis si ce spectacle se déroule non pas sur une scène herbacée, mais dans les studios de la chaîne cryptée.
16,38 courses croisées
Déjà, je me projette au samedi 5 mars. Mi-temps de Toulouse-Lorient. Le match est fermé, mais les regards scrutent la partition de Doudouce. Des ondées de chiffres insolubles traversent un arc-en-ciel de mesures kilométriques. "De la 4e à la 7e minute, Salim Arrache a exactement tenté 16,38 courses croisées, dont 11,34 en diagonale inversée de Sylvain Marchal", je l’entends déjà murmurer dans le creux de ma Kro. Une ola émerge à l’annonce du total cumulé de clignements d’œil par seconde effectués par Élie Baup lors des trois corners du TFC de la première période.
Du haut du Stadium, un albatros lâche une fiente: la descente est chronométrée en direct live par la palette, puis repassée six fois au ralenti sous trente-deux coutures différentes. Je savoure les statistiques érubescentes d’audace, qui rivalisent de précision chirurgicale: "La taille du pubis de Nicolas Dieuze augmente de 15,82% lorsqu’il se trouve à proximité de Rafik Saïfi. Si l’on additionne bout à bout les contrôles de balles superfétatoires d’André-Pierre Gignac, on arrive à la distance séparant Uranus de Cressida, l’un de ses vingt-sept satellites naturels".
Larmes.
Cyril Linette, comblé, approche sa cravate de la machine : celle-ci lui refait son nœud et lui ordonne un café. "Deux sucres s’il te plait, l’un de sept grammes, l’autre de quatre". Cyril s’exécute. Dans la pièce, Philippe Doucet est désormais seul avec sa création. Les autres journalistes ont été licenciés en avril: la palette nouvelle génération possède une option "Commentateur" qui les remplace avantageusement. Les quinze minutes arrivent à terme. "Ah, on annonce la sortie de Vahirua chez les Merlus! Ca sent mauvais pour les poissons, Ha, Ha, Ha!", se permet Laurent Paganelli, unique rescapé du passé. Car s’il y a bien au moins une chose que le robot ne prendra pas à l’homme, c’est bien son humour à la con.