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4-4-2 : losange et démons

Girard, Garde et Ranieri ont fait du "4-4-2 losange" leur formation de prédilection cette saison. Peut-il devenir un système tactique dominant en Ligue 1? Réponses avec Éric Carrière et Omar Da Fonseca.

Auteur : Julien Momont le 23 Dec 2013

 

 
Quel est le point commun entre René Girard, Rémi Garde et Claudio Ranieri ? Tous les trois font, depuis quelques semaines, évoluer leur équipe en 4-4-2 losange, décliné en 4-1-2-1-2 ou 4-3-1-2 pour une découpe plus détaillée. Ce système s'inscrit dans une culture latine. Au cœur du projet de jeu: le fameux numéro 10. Ce qui explique pourquoi il est très répandu en Argentine, notamment. "Il y a une culture, une éducation footballistique avec le numéro 10, confirme Omar Da Fonseca, ancien attaquant de Tours, du PSG et de l'AS Monaco, aujourd'hui consultant pour beIN Sport. En Argentine, le numéro 10, c'était l'icône de ton équipe. Même dans les équipes de jeunes et les divisions inférieures, j'ai toujours joué avec un numéro 10. La base, c'était le numéro 10."


À l'étranger, les adeptes, plus ou moins ponctuels, du 4-4-2 losange sont réputés: Carlo Ancelotti au Milan, préalable à son sapin de Noël, Manuel Pellegrini au Real Madrid, José Mourinho à l’Inter Milan et Guus Hiddink à Chelsea. Les exemples notables en France sont plus rares, à l'exception d'Éric Gerets à l’OM, en 2008, et de Laurent Blanc à Bordeaux, en 2008/09 – la saison du titre.
 

 

René Girard LOSC

 


Optimisation des moyens

Et pourtant, trois entraîneurs de clubs majeurs de Ligue 1 en ont fait leur système de prédilection cette saison. Une simultanéité qui interpelle. La réussite du LOSC de René Girard, premier converti, dès l'été dernier, n'y est certainement pas étrangère. "Quand des équipes parviennent à bien utiliser une tactique, cela donne des idées à d’autres entraîneurs, acquiesce Éric Carrière, ancien milieu international du FC Nantes et de l'Olympique lyonnais, consultant pour Canal+. C’est un peu ça qui donne le ton. Comme l'ancienne mode du 4-4-2 avec deux meneurs excentrés, à l’image de Bordeaux avec Micoud et Benarbia sur les côtés."
 

Mais les techniciens français n'ont pas découvert ce système avec René Girard. "Un peu partout où je suis passé, mes coaches l'ont essayé", glisse Éric Carrière. La décision de l'installer durablement en match dépend donc d'autres facteurs que la réussite d'un collègue. Un manque de résultats, qui pousse à tenter quelque chose de neuf. Le profil des joueurs. Des aléas exogènes (blessures, suspensions). À Lille, le départ de Florian Thauvin à Marseille a définitivement entériné le système, certes testé dès les premières semaines de la préparation (lire "Ce que Thauvin n'apportera jamais au LOSC"). En l'absence de joueur offensif de couloir, le choix d'un système axial devenait une évidence, dans une optique d'optimisation des moyens à disposition.
 

À Lyon et Monaco, la logique a été plus réactive. Rémi Garde a pour la première fois mis en place un 4-4-2 losange face à Rijeka (1-0), fin octobre, après cinq matches sans victoire. Objectif: gagner en solidité dans l'entrejeu. "Quand il y a Steed (Malbranque), Gueïda (Fofana) et Max (Gonalons) au milieu de terrain, cela donne une équipe assez solide", avait ainsi confié l'entraîneur lyonnais début novembre. Depuis, ce système a permis de relancer Yoann Gourcuff et de gagner en maîtrise technique en l'associant, dans l'axe, à Clément Grenier.
 

C'est cette logique technique qui a primé dans le cas monégasque. Une organisation testée une première fois à Lille (défaite 2-0), le 3 novembre, puis installée durablement après la victoire à Nantes (1-0), trois semaines plus tard. Un revirement tactique presque forcé par la suspension de Lucas Ocampos et la blessure de dernière minute de Yannick Ferreira-Carrasco. Surtout, le 4-4-2 losange a donné les clés du jeu de l'ASM à James Rodriguez, validant sa montée en puissance de l'automne (trois buts, sept passes décisives en Ligue 1). "Mais ce système n’est pas idéal pour un numéro 10, car tes choix de passes sont assez limités, nuance Éric Carrière, confronté à cette situation à Dijon en 2008/10. Sauf si les latéraux sont hauts."

 

4-4-2 losange Lille Lyon Monaco

 


Évolution tactique

Cela semble évident aujourd'hui, tant les Souaré, Bedimo et autre Kurzawa se projettent vers l'avant. Mais cela ne l'était pas hier. "Avant, l’utilisation des côtés dans un losange n’était vraiment pas bonne, poursuit Éric Carrière. Les latéraux ne jouaient pas haut comme aujourd’hui. C’était très difficile dans l’animation offensive. Aujourd’hui, les entraîneurs préconisent d’avoir le ballon à l’intérieur du jeu et de faire monter les latéraux très haut. De cette manière, on peut évoluer sur toute la largeur. Cela oblige l’adversaire à laisser de l’espace à l’intérieur."
 

Le 4-4-2 losange tel qu'appliqué aujourd'hui valide donc l'évolution tactique du rôle des arrières latéraux, entamée depuis l'éclosion de Roberto Carlos. "Maintenant, ils doivent remplir des rôles physiques comme techniques, relève Omar Da Fonseca. Ils font de longues courses, des répétitions d'efforts, et on leur demande aussi d'être techniques, parce qu'ils se retrouvent souvent dans le camp adverse. Il doivent savoir centrer." Et parfois même marquer. Autre poste concerné: le milieu de terrain, de moins en moins unidimensionnel. La séparation est de plus en plus floue entre le "destructeur" et le "créateur". "Dans un losange, le volume de jeu des trois milieux derrière le numéro 10 est hyper important, indique Omar Da Fonseca. Ils sont obligés de couvrir énormément de zones. Mais les trois ne peuvent pas être que des coureurs à pied."
 

Quant aux attaquants, beaucoup aujourd'hui affectionnent de jouer sur la largeur. De quoi combler un manque du 4-4-2 en losange. "Il faut qu'ils soient assez malins, il est important que l’un des deux parte vers l’aile", affirme Éric Carrière. "Pour un attaquant, c'est un bon système parce que tu as toujours quelqu'un proche de toi, complète Omar Da Fonseca. Et des joueurs comme Agüero ou Higuaín, par exemple, qui s'inscrivent dans la continuité du jeu, c'est mieux de les servir court plutôt qu'avec des longs ballons."
 

Cette mobilité nouvelle est aussi importante défensivement. À Lille, Nolan Roux et Salomon Kalou sont au marquage des latéraux sur la première relance adverse, leur numéro 10 s'intercalant dans l'axe pour former une ligne de trois. "Avant, les attaquants restaient au centre, indique Éric Carrière. C’est le milieu excentré qui montait sur le latéral adverse. Les attaquants modernes font plus d'efforts, ils ont plus de capacités en termes d’endurance." Et sont donc plus précieux dans le pressing haut.
 


Voué à rester minoritaire

Mais tout adapté qu'il soit à certains profils modernes, le 4-4-2 losange présente trop de lacunes pour devenir une tendance de fond en Ligue 1. D'abord car il a peu de place dans l'apprentissage tactique des joueurs. "Un 4-4-2 basique, tous les joueurs le maîtrisent, car ils l’ont tous pratiqué dans leur jeunesse, selon Éric Carrière. À l’inverse, un milieu en losange, cela demande une réflexion les uns par rapport aux autres. À quel moment faut-il monter sur l’adversaire, par exemple? Il faut une sacré intelligence de jeu, et elle doit être commune." Notamment car ce système implique de forcément délaisser une zone en phase défensive, généralement dans les couloirs. "Le losange ne permet pas d’être au contact des adversaires directs au pressing. Tu es toujours à contretemps, tu dois naviguer d’un joueur à l’autre. Si tu n’as pas la qualité technique suffisante pour assurer la possession, tu cours beaucoup après le ballon. Et si en face, il y a de très bons joueurs dans la conservation du ballon, avec des renversements rapides d'un côté à l'autre et de bons latéraux, cela devient compliqué."
 

C'est enfin parce qu'il repose presque exclusivement sur la performance d'un chef d'orchestre en voie de disparition – l'exemple lillois est ici une exception à confirmer sur la durée – que le 4-4-2 losange est voué à rester minoritaire. “Il n'y a plus de production de ces numéros 10, regrette Omar Da Fonseca. C'est un joueur assez difficile à former. Dans les systèmes de formation, on le fait de moins en moins. Même en Argentine, cela se perd beaucoup. Avant, il y avait une véritable productivité, une recherche de ces joueurs vraiment techniques, même s'ils ne courraient pas beaucoup." Conséquence: le 4-4-2 losange est presque renié par son berceau historique, l'Argentine, où il est de moins en moins employé. Avec Boca Juniors, Juan Roman Riquelme en est peut-être la dernière figure symbolique.

 

Réactions

  • johnny gategueune le 23/12/2013 à 14h01
    Merci pour cet article très pédagogique, et bien éclairé par Carrière (s'il se lance dans le métier d'entraîneur, on va perdre un excellent consultant) et Da Fonseca (plus compréhensible à l'écrit qu'à l'oral).

    Ce que je retiens, c'est que ce 4-4-2 losange a priori séduisant est plus une victoire des latéraux qui montent que des meneurs de jeu qui organisent. On n'a pas tout à fait fini d'écrire la chronique de la disparition des numéros 10...

  • osvaldo piazzolla le 23/12/2013 à 14h26
    Depuis que Vrabec a remplacé au pied levé Frontzeck il y a cinq matches à St Pauli, l'équipe a abandonné le 433 et joue dans ce schéma avec succès (et sans l'avoir peaufiné en intersaison donc). je ne comprenais pas comment cela fonctionnait défensivement, ça me semblait voué à être dépassé sur les ailes si en face il y a un ailier et un latéral entreprenant sur les côtés. J'ai compris que ceux chargés de défendre sur les ailes sont les attaquants, rendant l'organisation défensive similaire au 433 (avec un "anchor man" sentinelle de milieu de terrain) et donc bien différente du 4231.
    Mais il est clair que dans ce système, le centre est favorisé par rapport aux ailes. Les "latéraux qui montent" sont trop seuls et ne reçoivent qu'un soutien épisodique du milieu de leur côté ou d'un attaquant qui s'exile sur l'aile.

  • animasana le 23/12/2013 à 14h27
    Le Sochaux de Gillot (qui termine européen cette saison) a utilisé ce 4-4-2 losange, proche du 4-1-3-2 d'ailleurs, avec des latéraux montant peu (parce que Dramé).
    Il a eu le mérite de mettre très haut les deux pointes Maiga et ideye et laisser Martin en vrai 10, allant sur la largeur avec Boudebouz capable de reprendre le centre à ce moment de dezonage.

    C'est d'ailleurs pour repositionner Martin que Girard remet ce shéma initialement, il me semble.

  • Vel Coyote le 23/12/2013 à 15h01
    Bel article qui détaille bien les avantages et inconvénients de ce système, et qui au passage correspond aussi à me souvenirs de la version utilisée par Gerets.
    Avec des milieux latéraux adaptés (rigoureux dans le placement, propre dans la récupération de balle) c'est pas mal car ça permet de bien quadriller le milieu et de récupérer de bons ballons assez hauts, vite exploitables pour le trio devant. Mais à moins d'avoir des latéraux qui se suffisent à eux mêmes sur les ailes, c'est pas le schéma qui va offrir le plus de variété dans la circulation de balle.

  • di mektass le 23/12/2013 à 16h20
    Chouette article, merci.

  • asunada le 23/12/2013 à 22h12
    Je me joins aux félicitations. Un article de vulgarisation tactique, clair sans être simpliste, du tout bon quoi!

  • impoli gone le 23/12/2013 à 23h16
    Excellent - et Carrière et Da Fonseca, c'est très très bien, surtout quand on leur pose de bonnes questions.

    Par rapport à ce qu'on voit à Lyon, c'est vraiment très bien décrit: les montées des latéraux, les mouvements sur la largeur des deux attaquants, le rôle des milieux derrière le meneur, l'impossibilité en défense d'empêcher les centres, la faiblesse sur les changements de côté...

    Au passage, j'ai l'impression que ce système est souvent mis en place quand l'équipe manque d'ailiers et dispose non pas d'un mais de deux (ou plus) meneurs. Sur la dernière journée:
    Mavuba, Balmont, Martin, Gueye
    Gonalons, Fofana, Grenier, Gourcuff
    Rodriguez, Toulalan, Moutinho, Obbadi

    Endurance et technique, c'est bien ça...

  • Pamèche le 24/12/2013 à 16h00
    Je serai aussi dithyrambique que tout le monde, mais l'année du titre pour Bordeaux, c'est 2008-2009...

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