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Guy Roux Manager 1938

L'arrivée de Guy Roux à Lens a déjà provoqué son lot de polémiques et fait de lui un symbole du "travailler plus"... Son ego ne connaissant pas de limite, ce n'était pas la limite d'âge qui allait l'arrêter. Bonus: la rétrospective Guirou.
Auteur : Jérôme Latta le 1 Août 2007

 

L'affaire a avantageusement meublé l'intersaison : au retour inattendu d'un célèbre ancien entraîneur s'est ajoutée la polémique sur son éligibilité à ce poste. En effet, selon la Charte du football professionnel, sorte de convention collective du secteur, nul ne saurait dépasser la limite d'âge, fixée à soixante-cinq ans, contre soixante-huit pour notre candidat. Barré par la Commission juridique de la Ligue qui refusa d'homologuer son contrat le 27 juin dernier, Guy Roux dut à diverses interventions, ainsi qu'au jugement du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), l'obtention de ce droit au travail tardif, contre une décision initiale prise "au mépris de la loi républicaine sur les discriminations", selon les termes du principal intéressé.

roux_lens.jpg

La loi, c'est pour moi
Sans qu'il soit besoin de discuter la question sur le fond, on comprend bien qu'une telle mesquinerie administrative ne pouvait pas sérieusement compromettre le retour d'une figure nationale, qui s'est cependant bien gardée de crier trop fort au scandale. Moins par souci de discrétion et de dignité que pour éviter qu'on ne lui mette sous le nez son passé de président aussi légaliste qu'autocratique (1) de l'UNECATEF, le syndicat des entraîneurs: au cours de son mandat, il avait en effet mené une guerre sans merci aux coaches dépourvus de diplômes français (Vahid Halilhodzic lui en a d'ailleurs gardé un chien de sa chienne). Quelques années plus tard, il servait pourtant de prête-nom à de Daniel Rolland, qui ne disposait pas du DEPF en s'asseyant sur le banc d'Auxerre. Surtout, en 1996, il avait réussi à interdire à Michel Le Millinaire, entraîneur largement aussi vénérable que lui, d'exercer sa profession au sein du Stade rennais, passé ses soixante-cinq ans (2)...

Il serait toutefois vain de faire mine de s'étonner que Guy Roux ne recoure aux qualités qu'on lui prête (bon sens paysan, sagesse populaire, droiture à l'ancienne, etc.) que lorsqu'elles servent ses intérêts. Plus personne n'est dupe, aujourd'hui. Seul Philippe Piat, président de l'UNFP (syndicat des joueurs) s'est énervé en le qualifiant de "maquignon" et de "marchand de viande" qui a "contrarié toutes les règles du droit du travail et [qui] aujourd'hui, s'étonne". L'UNECATEF, comme l'UNFP, a aussi insisté sur le fait qu'on ne pouvait changer un seul article de la Charte qui ne conviendrait pas à l'entraîneur lensois, sans remettre à plat tout le texte. De quoi ouvrir la boîte de Pandore et provoquer une belle série de contentieux au sein de la grande famille du foot français...


Travailler plus longtemps
L'occasion était belle pour le gouvernement et l'Élysée (3), qui ont logiquement volé à son secours afin de s'emparer de cet outil de communication en faveur du "travailler plus". Dans la perspective spécifique de convaincre les Français de travailler plus longtemps pour "résoudre" le problème des retraites, mieux vaut l'image d'un brave senior aux cheveux teints exerçant un métier passionnant plutôt que celle des vieux qui ramassent les cannettes dans les rues américaines. Et pour ce qui est du "gagner plus", l'évocation seule de son nom y suffit.
Alors Christine Lagarde, ministre de l'Économie, a-t-elle affirmé que "ces limites d'âge, il faut les supprimer"... Nicolas Sarkozy y est allé de sa formule: "C'est plus la règle qui est vieille que Guy Roux". Et Roselyne Bachelot a affiché sa détermination à résoudre un "imbroglio incompréhensible pour le grand public". Comme quoi, le grand public est vraiment con.

Trop malin pour se placer dans un camp – on se souvient qu'il avait, à mots détournés, confié n'avoir pas voté Jospin lors des deux élections présidentielles précédentes –, Guy Roux s'est laissé récupérer sans en rajouter (4). Tout juste avança-t-il que "ces questions ne concernent pas qu'un entraîneur de football. Peut-être que la France souhaite que l'on réduise le temps de retraite parce qu'on n'arrive pas à la financer". On ne saurait être mieux dans le ton.


Déraciné
L'icône icaunaise devient donc star artésienne : dans le transfert, elle montre qu'elle n'est pas attachée à un terroir, pas plus qu'elle ne le sera à un terril. Pas encore universel, Guy Roux étoffe sa dimension nationale. Lui qui avait toujours minaudé au moment de se déclarer véritablement candidat au poste de sélectionneur va prendre un peu de la belle popularité du Racing et détacher son patronage de celui de l'AJA. Y aura-t-il un bonnet "Guy Roux" dans la boutique officielle du RCL?

Ne minimisons toutefois pas les risques pris par le technicien. Sorti de son fief auxerrois, il devra reconstituer son autorité de hobereau sur d'autres terres, mais aussi se montrer à la hauteur d'ambitions qui ne sont pas tout à fait celles de l'AJ Auxerre – où à force de faire profil bas, il a parfois oublié de viser plus haut. S'il a déjà ressorti son gimmick de l'objectif du maintien, c'est bien le podium que vise le RCL. Un podium qui lui a échappé deux saisons de suite et sans lequel le fameux "plan quinquennal" de Gervais Martel demeurera dans l'histoire comme un sujet de moqueries.
Ces dernières années, Guy Roux a un peu inquiété ses fans au micro de Canal+, avec sa tendance à radoter sur ses marottes (hauteur de l'herbe et taille des crampons). L'orgueil, pour celui qui n'a pas supporté qu'on le réduise à la fonction d'ambassadeur auxerrois, est une motivation certes suffisante pour reprendre le collier. Mais pour réussir son prochain adieu au music-hall, cela ne suffira pas.


(1) Il avait fallu un putsch, à l'instigation notamment de Raymond Domenech, pour forcer en 2001 le départ d'un président qui n'avait plus daigné convoquer d'assemblée générale durant quatre ans et qui refusa plus tard se laisser son siège au Conseil d'administration de la Ligue, même après avoir été débarqué par ses pairs (lire Rouxtine).
(2) Le CNOSF a notamment justifié sa décision par "l'expérience professionnelle remarquable" de Guy Roux – ce à quoi Le Millinaire pouvait tout autant prétendre.
(3) Les plus paranoïaques pourront imaginer la totale préméditation de ce "coup", puisque c'est Guy Roux lui-même qui a tenu à ce que son contrat soit homologué, alors qu'il aurait pu recourir à un prête-nom et se contenter du statut de manager sportif.
(4) Il eut toutefois l'aplomb de prétendre que sa réception par la ministre des Sports ne tenait qu'au désir de celle-ci d'écouter son expertise sur l'état du football français.



Guy Roux, une rétrospective
"Bon client", il le fut aussi pour les Cahiers du football...

Rouxtine
Août 2001
Le Guy Roux à bonnet est de retour sur les pelouses, ça fait rigoler les enfants. Par contre, le Guy Roux à casquettes multiples n'a jamais quitté les arcanes du pouvoir. Il s'y accroche même plus que jamais.

Guy Roux canonisé
Septembre 2002
Guy Roux a donc fêté à la une des médias son record de longévité comme entraîneur de l'élite.Comme toute commémoration, celle-ci n'a dressé que des portraits allant de la neutralité bienveillante à la franche apologie…

« Guy Roux joue un double jeu »
Septembre 2004
Interview : Olivier Jouanneaux - L'agent de Philippe Mexès s'étonne du traitement réservé à l'affaire par certains médias et met en cause l'influence de Guy Roux, entraîneur omniprésent, mais pas omnipotent, de l'AJA…

Roux et Combaluzier
Octobre 2004
Pour passer sur TF1, il suffit à Guy Roux d'appuyer sur un bouton appelé Christian Jeanpierre.

Le Roux tourne
Juin 2005
Alors que Guy Roux tire sa révérence, l'ensemble du foot français lui tire la sienne. Détonons un peu en égratignant l'icône.

Réactions

  • funkoverload le 01/08/2007 à 10h23
    Ah bon, je me disais aussi...
    En tout cas Guy, j'ai le bonheur de ne pas connaitre ce monsieur.

  • barbaque le 01/08/2007 à 10h24
    > Guy
    Cela aurait pu :-)
    Mais c'était bien notre Highlander, avec sa triple casquette d'acteur, producteur et montreur de singes.

  • houbahouba le 01/08/2007 à 10h46
    C'est donc le Christophe Lambert qui VEND des navets ?

  • thibs le 01/08/2007 à 10h54
    Carsten Ramolo - mercredi 1 août 2007 - 10h05
    La grande nouvelle c'est quand même que Guy Roux va arrêter de commenter les matchs sur Canal !
    --
    Canal ayant annoncé qu'il serait remplacé par Gérard Houllier, je ne suis pas sûr qu'on puisse parler de "grande nouvelle".

  • totoschillacci le 01/08/2007 à 11h57
    La justification de la limite d'âge, c'est de laisser la place aux jeunes titulaires du DEPF, c'est tout; ce n'est pas du racisme anti-vieux, c'est juste que l'on estime qu'arrivé à un certain âge (et avoir confortablement gagné sa vie...) on peut se retirer avec dignité pour permettre à un plus jeune entraîneur de faire ses classes...
    Il me semble que cet argument est généralisable à la société aussi (même si les pénuries organisées dans certains secteurs peuvent tenir lieu de contre-exemple).

  • arnaldo01 le 01/08/2007 à 14h02
    En tout cas, cette histoire montre bien qu'il ne peut pas y avoir de lois spécifiques au football. Toutes ces lois pourront etre annulées par des tribunaux généralistes.

  • barbaque le 01/08/2007 à 14h16
    Non... S'il y a accord entre les parties pour respecter les règlements spécifiques au sport, il n'y a pas de problème. Comme c'est le cas quasiment tout le temps, aujourd'hui (sinon chaque carton jaune pourrait être contesté devant un tribunal administratif).

    D'ailleurs, la plupart des litiges sont marginaux et ne dépassent pas le CNOSF ou le Tribunal arbitral du sport, pour obtenir des arbitrages. Les recours devant la justice civile en restent habituellement au stade des menaces. Certes, on a des contre-exemples spectaculaires: arrêt Bosman, G14 vs sélections.

    Surtout, si l'Union européenne se décidait à définir une vraie spécificité sportive, on parviendrait à préserver efficacement les "lois" sportives. C'est une question de volonté politique.

  • Vikash Thoracique le 01/08/2007 à 19h26
    Il me semble que l'article opère ou entretient une petite confusion entre âge légal de la retraite et limite d'âge.

    L'injonction sarkozyste à "travailler plus" remet en cause l'âge légal et la durée de cotisation pour toucher une pleine retraite, pas le concept de limite d'âge qui n'a sa raison d'être que dans certains métiers.

    Dans un domaine comme le foot, qui relève du loisir et du spectacle, je ne vois pas bien quelle pourrait être la justification d'une limite d'âge (au contraire, disons, d'un pilote de ligne, dont l'âge avancé pourrait mettre en danger d'autres personnes).

    Si GR a cotisé assez pour prendre sa retraite mais qu'il ne le souhaite pas, il doit pouvoir travailler, tout comme un pianiste peut continuer à donner des concerts par exemple (imaginons les effets de la limite d'âge UNECATEF sur Horowitz).

    Du coup c'est une occasion pour tomber une n-ième fois sur le personnage, ce qui dans cette affaire à mon avis ne s'imposait pas.

  • barbaque le 01/08/2007 à 21h30
    > Vikash

    L'alternative entre travailler plus longtemps ou pas, elle se posera surtout pour ceux qui n'auront pas le choix, pour des questions de ressources insuffisantes (avec ou sans pleine retraite). Idem pour ceux à qui on "proposera" d'augmenter leur temps de travail, ou de travailler le dimanche.

    C'est frappant, notamment dans les médias, cette façon d'oublier systématiquement le contexte et les implications sociales de telles mesures, et de les présenter comme une augmentation des libertés! Comme si c'était les "souhaits" des salariés qui primaient... Il faut aussi penser en termes de rapport de forces, sur le marché du travail, entre employeurs et employés. Et à la façon dont les lois font évoluer ce rapport de forces dans un sens plutôt que dans l'autre.

    C'est pourquoi l'exploitation politique de "l'exemple" Guy Roux vise vraiment à poser le problème sous un biais qui interdit d'en comprendre les enjeux réels, avec un cas – comme tu le soulignes – totalement singulier. C'est de la communication, c'est-à-dire tout le contraire d'un débat.

  • Si le vin vil tord le 01/08/2007 à 22h01
    Il me semble que pour l'instant, dans la société et dans l'industrie en particulier, la mode n'est pas à obliger le salarié à travailler plus longtemps. Au contraire, dès qu'on peut virer un vieux on le fait, et pour se faire réembaucher après, ce n'est pas aussi facile.
    Le rapport de force n'est certes pas en faveur des "vieux", mais pas dans l'allongement du travail.

La revue des Cahiers du football