La méthode JMA (2)
Etienne aurait dû attendre un jour de plus pour écrire son article sur Aulas et les arbitres, cela lui aurait permis d'entendre les déclarations lamentables du prévenu, et surtout évité de devoir compléter sa première intervention en aggravant l'omniprésence de JMA dans nos pages. Si ça vous énerve, ne lisez pas.
Naïvement, nous avions trouvé les sanctions très clémentes, quoiqu'un peu déshonorantes pour un personnage en quête de respectabilité: mais, un mois de suspension de vestiaires des arbitres, personne ne s'en rendra compte sinon les arbitres, qu'il aurait de toute façon mieux valu isoler toute l'année de l'énergumène. Un mois, c'est moins de temps qu'il en a fallu pour faire venir J.-M. Aulas devant la commission de discipline, à la troisième convocation (les faits remontent au 29 novembre).
Aulassienne de vie : Saint Jean-Michel, martyr et maître du monde
Malgré tout le mal que nous pensons de lui, les réactions d'Aulas à l'annonce de sa sanction ont quand même réussi à nous surprendre (L'Equipe du 06/02): "C'est une décision qui me surprend et qui m'attriste, car il me semble qu'il n'y avait rien dans ce dossier". Une énième remise en cause de l'arbitrage, effectuée publiquement, en plus des propos rapportés par M. Layec, ce n'est "rien". En tout cas pas de quoi l'empêcher de récidiver pendant que cette instruction était en cours. "Maintenant, la campagne médiatique menée contre moi et les clubs les plus structurés a sans doute pesé. On a l'impression que quand des gens ont plus de pouvoir que d'autres, ils sont plus mauvais".
Comme Bourgoin, il préfère évoquer le complot et les pressions de cette caste arbitrale pourtant isolée, méprisée, insultée et chichement indemnisée par les Princes du foot pro, ou les indignes "campagnes médiatiques" qui veulent en faire le "méchant", comme si ses dérives constantes n'étaient pas des faits objectifs. En criant à la chasse aux sorcières, il se fait victime et veut se disculper de ses propres coups de pied de l'âne. Passons sur cette complainte du mal aimé, sur l'air de "si nous déteste, c'est parce que nous sommes forts".
Notez ce merveilleux euphémisme des "clubs les plus structurés" (comprenez "membres actifs du Club Europe et du Bureau de la Ligue"), et cet autre des "gens qui ont plus de pouvoir que d'autres", qui a l'air de décréter que certains sont naturellement supérieurs et ont donc plus de droits. C'est très exactement ce que pense le président de l'OL, que ce soit en matière de répartition des droits de télévision ou en matière d'indulgence disciplinaire. Il faudra penser à lui demander d'où il pense avoir hérité ces étranges privilèges et par quoi ils peuvent bien être fondés dans les textes sportifs.
Les pressions sur les arbitres, ça marche
Bref, n'attendez pas la moindre reconnaissance de la faute, excuse ou promesse de ne pas recommencer. JMA a totalement l'intention de recommencer, ou plus exactement de continuer. Ses déclarations ne font que légitimer sa méthode et souligner son sentiment d'innocence et d'impunité. De son côté, M. Layec trouve les décisions justes et s'imagine qu'elles vont marquer les esprits…
Car en effet, les pressions sur les arbitres, ça marche! Le mécanisme est d'une simplicité évangélique. Il me suffit d'accuser les arbitres de persécuter mon club. Le prochain qui sera désigné se dira forcément, plus ou moins consciemment, "Je ne veux pas que l'on croie que je défavorise ce club, je veux prouver mon indépendance", et il ne prendra pas le risque d'une décision contestable contre le "plaignant". C'est alors l'inverse qui se produit souvent… Les Marseillais pourront en tout cas avoir cette impression en repensant au but refusé à Skoro, deux minutes avant un penalty sifflé pour leurs adversaires. Cette simple évocation (il ne s'agit pas de refaire le procès de l'arbitrage sur ce match!) montre bien comment les petites manœuvres des dirigeants installent une atmosphère de suspicion généralisée et fragilise un peu plus les arbitres.
La vérité de cette banale affaire est que Jean-Michel Aulas est un autocrate imbu de lui-même et dénué de scrupules, un grossier manipulateur qui fait de la Ligue son instrument, méprise les règles sportives et s'arroge des privilèges. Certains voudraient en entendre moins parler?