Une belle dans le pied
Une Balle dans le pied – Les femmes se sont fait une place dans le monde très masculin du journalisme sportif. Mais comme le montre un reportage photo de Paris Match, elle doivent encore se prêter aux plus éculés des stéréotypes.
Il y a quelques années, on avait ironisé sur la "journée de la meuf chez les sportifs" : la journée internationale des droits des femmes avait en effet été l'occasion, autour d'une soirée de championnat, d'une démonstration de sexisme bienveillant. Les gestes avaient été tout symboliques, des bouquets de fleurs offerts aux journalistes féminines jusqu'aux soins cosmétiques proposés aux spectatrices, en passant par des "paroles de femmes" dans L'Équipe – qui avait proposé un échantillon frappant surtout par les qualités plastiques de ses représentantes. Quelques mois plus tard, on interrogeait le rôle d'Isabelle Moreau sur le plateau du Canal Football Club en relevant ses interventions et apparitions au fil de l'émission : un relevé qui témoignait surtout de la condescendance dont elle était l'objet et de son confinement dans un rôle subalterne.
La situation a-t-elle évolué depuis ? Elle est difficile à apprécier, faute de données quantitatives sur la proportion des femmes dans le journalisme de sport et surtout sur la "qualité" de leur présence. Si l'évolution est nette, c'est plutôt depuis l'époque durant laquelle Marianne Mako ou Sophie Thalmann essuyaient les plâtres et les remarques moyenâgeuses de Thierry Roland sur le plateau de Téléfoot. Les progrès s'expriment en termes numérique (elles sont plus nombreuses, mais restent très minoritaires) et de reconnaissance (leur compétence est mieux reconnue, mais l'est-elle pleinement ?). Leur représentation (au sens de la manière dont elles sont représentées) a-t-elle pour autant évolué ?
On peut en douter en découvrant le reportage consacré sur huit pages par Paris Match à ces journalistes sportives de télévision qui "occupent le terrain" et "ont le vent en poupe" (voir ici et là). "Paris Match les présente en action", est-il annoncé en exergue des huit pages. Pourtant, point d'images de salles de rédaction, de plateaux de télévision ou d'arènes sportives – du moins en dehors du parc nautique de Sèvres. Les décors sont fournis par le Palais royal, le jardin des Tuileries ou les quais de Seine, et le sport est figuré par des accessoires (tels que sabres, gants de boxe, ballon de volley, anneaux olympiques et… chevaux de manège).(…)