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La Beaujoire, quarante ans de conquêtes

Bibliothèque - Un ouvrage du journaliste Alexis Vergereau raconte les quarante premières années du stade de la Beaujoire à Nantes. 

Auteur : Richard Coudrais le 21 Avr 2024

 

La Beaujoire a mis quelques années à conquérir sa légitimité. Il faut dire que le stade nantais, inauguré en 1984, prenait la succession d'un monument inscrit de son vivant dans l'imaginaire local, le Stade Marcel-Saupin qui, à défaut de modernité, recelait chaleur et convivialité. 

Le FC Nantes y établissait des records d'invincibilité et ses adversaires, quel que soit leur renom, redoutaient le déplacement.

Le Stade de la Beaujoire (on ne lui avait même pas trouvé de nom) a été construit en périphérie de la ville, dans un quartier sans âme, loin de tout engouement populaire. Il était pourtant nécessaire à la ville, qui s'était portée candidate à l'accueil de rencontres de l'Euro 1984, et à qui avait été signifié que Saupin ne répondait plus aux normes. 

 

 

La froideur du stade géant, dont les formes arrondies dessinées par l'architecte Berdje Agopyan tranchent singulièrement avec les angles durs de Saupin, est constatée au propre dès le match inaugural en mai 1984, quand les courants d'air s'engouffrent dans les tribunes et gèlent une grande partie du public. 

La soirée est en outre marquée par une défaite des Canaris... qui ne jouaient même pas en jaune, les organisateurs ayant eu la bonne idée d'inviter la sélection de Roumanie, alors en préparation de l'Euro. 

Quelques semaines plus tard, Michel Platini et l'équipe de France livrent sous le soleil un match flamboyant contre la Belgique, écrasée 5-0. 

 

 

Une nef de béton glaciale

On croit alors que la Beaujoire a conquis les cœurs, mais c'était mal évaluer les réticences des Nantais. Non seulement le public affiche son hostilité, mais les joueurs et les techniciens semblent perdus dans cette grande nef de béton.

Dès ses premiers pas dans la nouvelle enceinte, le FC Nantes orphelin de Saupin fait l'expérience d'une saison complète à l'extérieur, ne parvenant jamais à s'adapter aux conditions imposées par le nouveau stade. 

Les Canaris terminent à la deuxième place du championnat, après avoir perdu leurs points les plus précieux à domicile, notamment le décisif Nantes-Bordeaux (0-1) disputé devant plus de 44.000 spectateurs, record intouchable. C'est également à domicile que s'arrête le parcours en Coupe de France, un PSG moribond ayant su profiter de l'aubaine.

Bien que toujours solidement accroché aux sommets du football national, s'offrant même de mémorables soirées européennes, le FC Nantes joue paradoxalement de nombreuses rencontres devant des assistances faméliques. 

Et sans doute l'enceinte a-t-elle sa part de responsabilité dans le léger déclin que va connaître le club à partir de 1986. On condamne durant quelques années la partie haute de la tribune Jules-Verne pour éviter que les télévisions ne donnent le navrant spectacle de gradins clairsemés.

 

photo cc Chabe01
photo cc Chabe01

 

Il faut le miracle de 1992 pour qu'enfin l'édifice, rebaptisé Louis-Fonteneau en hommage à l'ancien président du club décédé, hérite d'une âme. 

A la suite d'une crise financière qui aurait dû envoyer le club en deuxième division, les jeunes joueurs appelés à remplacer les onéreuses vedettes vendues aux plus offrants font preuve d'une force collective insoupçonnée qui rend au jeu local ses lettres de noblesse. 

Cette épatante équipe des Loko, Pedros, Karembeu, Ouédec, Ferri, Makelele et consorts dévaste tout sur son passage, parvient à remplir le stade et à lui donner enfin une légitimité. Il aura donc fallu onze ans pour que la Beaujoire fête son premier titre de champion de France, alors qu'elle abrite un club qui comptait en moyenne un titre tous les trois à quatre ans.

Les supporters lui rendent l'âme

Si le FC Nantes s'est souvent plaint d'avoir trop de spectateurs et pas assez de supporters, la tendance va quelque peu s'inverser à la fin du siècle, quand les tribunes se garnissent d'un public plus jeune et plus déterminé à se faire entendre. Une population qui n'a pas connu Saupin et qui n'y fait référence que par politesse pour les anciens, au même titre qu'au jeu à la nantaise. 

Tandis que sur le plan sportif l'équipe ne cesse de décliner, au point de s'offrir de terribles passages en deuxième division, le public devient la vedette locale à travers des groupes de supporters capables de créer une ambiance telle qu'elle sera souvent citée en exemple. 

 

photo FC Nantes
photo FC Nantes

 

Si le jeu qui fit la réputation de l'équipe s'est complètement dilué et si le club lui-même est devenu la risée de ses adversaires, le Stade de la Beaujoire est devenu un monument de la ville. Les Nantais y sont désormais tellement attachés qu'il a été défendu par le plus grand nombre quand a été présenté le fumeux projet du Yello Park.

Le Stade de la Beaujoire, renommé Louis-Fonteneau, a conquis sa légitimité grâce aux performances du FC Nantes, des joueurs puis de son jeune public. Il s'est également construit grâce aux rencontres des équipes de France de foot et de rugby, des Coupes du monde des deux disciplines, sans oublier les épopées de clubs voisins venus prendre la lumière comme Carquefou, les Herbiers ou Poiré-sur-Vie. 

Des concerts géants, de Genesis à Mylène Farmer en passant par Pink Floyd, U2 et Johnny Hallyday, ont aussi donné au stade un statut de lieu événementiel de premier plan.

A l'occasion des quarante ans de l'enceinte, le journaliste Alexis Vergereau a tenu à conter tous les moments qui ont fait son histoire à travers les témoignages de quelque 140 hommes et femmes qui ont participé à son histoire et son évolution. Son livre Il était une fois la Beaujoire, est disponible aux éditions Ouest-France, avec une préface signée Mickaël Landreau.

 

 

Réactions

  • Joswiak bat le SCO le 23/04/2024 à 02h40
    Beaucoup de bons souvenirs dans ce stade où j'ai vu mon tout premier match en 1995:
    Le premier but de Vahirua face à Arsenal, celui de Moldovan face à l'OM, une descente sur la pelouse suite au maintien péniblement acquis face à Metz à la 38e journée, plus récemment la demi-finale de coupe de France contre Monaco...

    Mais le meilleur de tous restera pour toujours le 10 mai 2003.

  • Sens de la dérision le 24/04/2024 à 08h36
    Pour moi le stade de la Beaujoire est mythique. C'est difficile à croire qu'il ait pu s'imposer aussi lentement aux supporters. Et ça laisse un espoir aux nouveaux stades.

  • Kireg le 24/04/2024 à 15h29
    5 étoiles

    Toujours bien reçus. Si le stade est laid et les hôtes quelque peu agressifs, leurs tifos grotesques (ah, cette bâche tendue à l’envers…) et un manque total de lucidité les rendent finalement plus amusants qu’intimidants. Un lieu à visiter si le musée du préfou est fermé.

  • Manx Martin le 24/04/2024 à 15h38
    C'est un drôle de stade, avec une architecture peu commune. Il me semble qu'Anoeta à Donostia/San Sebastian était un peu comme ça avant qu'ils ne le rénovent, mais il avait une piste d'athlé, alors que la Beaujoire est un vrai stade de foot.

    On ne se rend pas bien compte de la taille du stade quand on le voit à la télé, puisque les caméras sont installées en tribune présidentielle qui est juste sous la Jules-Verne, la plus haute (puisque le stade est dissymétrique). Les caméras filment donc la tribune Océane, qui est plus petite.

    Il me semble qu'il est un peu moins beau depuis 1998, puisque l'anneau a été cassé et l'angle des tribune Loire et Erdre abaissé pour permettre de mettre des sièges partout. Berdje Agopyan avait fait un procès pour dénaturation de son œuvre, qu'il avait gagné d'ailleurs, mais en 2006.

    Meilleur souvenir : avoir chanté "Allumer le feu" sur la pelouse avec Georges Eo, moi et ma sœur, un soir de mai 2001. Mon père était resté à son siège avec son pote Bernard. Et les matches de coupe du monde 98, j'y aurai vu jouer Rivaldo, Ronaldo et toute la bande, et le match du Japon.

    Et puis tous les vendeurs de sandwichs et de muscadet sur le parvis, ils les ont virés maintenant, et c'est dommage.

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