Pourquoi le Brésil m'a gonflé
Se réjouir de l'élimination cinglante de la sélection jaune et vert ne serait ni charitable ni intelligent. Cela n'empêche pas de dire tout ce que la Seleçao a eu d'extraordinairement exaspérant au cours de son Mondial.
Texte initialment posté sur le fil Coupe du monde du forum des Cahiers.
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C’est marrant, je suis finalement soulagé que cette équipe du Brésil se soit fait sortir. Pourtant, elle m’a toujours attiré de la sympathie, voire une certaine forme d’admiration par le passé. Mais cette année, toute la théâtralisation de l’extra-sportif (ou du para-sportif – bref, je mets de côté le jeu, qui lui-même a été plus que médiocre) m’a gonflé à un point… Petit récapitulatif de tout ce qui m’a saoulé. Attention, ceci est assumé 100% pisse-froid.
1. Se tenir par l’épaule pour entrer sur la pelouse
Une colonne de bagnards se rendant ligotés à l’échafaud. Heureusement qu’ils ne jouaient pas en orange, ça aurait prêté à confusion. Si tu veux bien te faire remarquer dès le début et te foutre une pression de dingue à travers des symboliques inutiles, c’est réussi.
Bonus track : tu fais poireauter tout le monde quarante secondes de plus, le temps que ta chenille arrive en toute discrétion au point de rencard des hymnes.
2. L’hymne hurlé a capella
Alors autant ça peut partir d’une bonne intention et créer une certaine forme d’originalité, de partage avec le public, autant le résultat est plutôt… pittoresque. Disons qu’une fois c’est sympa, mais six c’est chiant. Déjà parce que tout le monde t’annonce ça comme le truc ex-tra-or-di-naire et que du coup on t’impose le silence absolu pour partager ce moment de "grâce". Résultat: une espèce de brouhaha absolu, et hystérique, avec des joueurs aux allures démoniaques. On aurait dit la première rangée de fans à un concert de Slipknot.
Bonus track : tu perds environ 25% de ton énergie physique et mentale avant même le coup d’envoi du match.
3. Les pleurnicheries incessantes
Avant le match? Je chiale. Pendant le match? Je chiale. Après le match? Je chiale. Les mecs chialent perpétuellement. Je pense qu’il y en a même qui chialent par désarroi d’avoir oublié la raison pour laquelle tous leurs coéquipiers chialent.
Bonus track : du coup, ton public chiale aussi en se disant certainement qu’il doit bien y avoir une raison.
4. Les appels au Seigneur 472 fois par jour
Cette équipe devrait être dirigée par un pasteur (ou par Sarah Palin). Ce n’était pas le festival du joga bonito mais celui du graças a deus. Et même quand Dieu en personne leur signifie qu’il n’en peut plus d’entendre leurs louanges et qu’il aimerait bien regarder la Coupe du monde peinard (d’où le 7-1), eh bien leur premier réflexe est de se remettre à prier. Faites gaffe les cocos, la prochaine étape c’est la foudre direct sur vos doigts levés au ciel, s’il est en mode vénère, Zeus.
Bonus track : en plus le pape est argentin, lol.
5. La glorification Neymar
Alors là, rien contre le gamin qui est impressionnant de talent et qui a fait une Coupe du monde remarquable. En revanche, le rôle de martyr tombé au champ d’honneur face aux vils Colombiens, non. Le pompon avec ce maillot hissé par captain Luiz pendant les hymnes. Un ami sain d’esprit a trouvé ça "joli", alors que je m’étouffais presque dans mon vomi. Heureusement que le mec n’est pas décédé, ils auraient été capables de porter sa dépouille en entrant sur la pelouse.
Bonus track : imaginer les hymnes de Portugal-Ghana avec les dix-sept maillots des portugais blessés.
Bref, non seulement les Brésiliens ont été médiocres dans le jeu, mais en plus ils m’ont gonflé. Jamais je n’en aurai la preuve, mais je m’autopersuade que tout ce cirque, ces cérémoniaux, ces bigoteries, ces hystéries individuelles et collectives les ont finalement affaiblis et qu’il faudra déjà penser à s’en délester pour se reconcentrer sur le jeu, le playzer et la win.