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Top 11 : art et football

Art et football ayant toujours fait bon ménage, on peut se risquer à des rapprochements entre œuvres et clubs ou joueurs. 

Auteur : Kevin Quigagne le 13 Jan 2023

 

Les passerelles entre ces deux disciplines sont nombreuses et le jargon footballistique emprunte abondamment au lexique artistique [1]. Voici onze œuvres, à chacune desquelles on a associé un représentant naturel dans le monde du ballon rond.

 

1. Going to Work (L.S. Lowry) / Brian Clough.

Le Mancunien L.S. Lowry., longtemps snobé par l'establishment artistique britannique, ce qu'il leur rendait bien (il refusa plusieurs fois les honneurs nationaux), est désormais reconnu au Royaume-Uni comme le peintre de la classe ouvrière, qu'il dépeignait avec une certaine poésie.

 

 

Il peint aussi le football, voir ici par exemple. Son célèbre tableau Going to the Match a récemment été vendu aux enchères pour 7.8 millions de livres. En 2011, The Football Matchpartait pour 5.6 millions. Des scènes du football local d'antan aujourd'hui parfois parodiées sur les réseaux sociaux, surtout par les supporters de Liverpool.

Le rebelle Brian Clough, issu des couches populaires et pareillement détesté des instances, se revendiquait socialiste et aimait rappeler aux joueurs d'où ils venaient : du monde d'en bas. Parfois littéralement. 

Un matin pendant la grève des mineurs de janvier-février 1972, comme le raconte ici le syndicaliste Gordon Butler du National Union of Mineworkers, "Old Big 'Ead" (son principal surnom) fit même conduire ses joueurs de Derby County, qui sera sacré champion d'Angleterre quelques mois plus tard, devant un puits et les força à se joindre aux piquets à l'entrée de la mine en leur disant : 

"Restez ici et discutez avec ces mineurs, vous verrez comme ils en bavent. Je veux que vous compreniez la chance que vous avez par rapport à ces gars qui doivent descendre dans les entrailles de la terre pour gagner leur croûte. Je vous laisse et quand je l'aurai jugé nécessaire, je demanderai au bus de venir vous chercher."

Les joueurs s'étaient alors mêlés aux gueules noires une bonne partie de la journée. Clough avait ensuite fait envoyer aux grévistes une trentaine de billets d'un match des Rams.

Alternative : les fresques murales anti-capitalistes de Diego Rivera ("mural protest art") et Jock Stein, le mythique entraîneur du Celtic (Glasgow) et ancien mineur impliqué dans les luttes sociales de son époque (voir ici).

 

2. Exécution des défenseurs de Madrid, 3 mai 1808 (Francisco Goya) / l'OL

Jean-Michel Aulas se damnerait pour posséder ce tableau, hélas pour lui propriété du Prado à Madrid. Il dépeint l'invasion des troupes napoléonniennes en terre ibère et les tentatives de résistance madrilène. On lit sur les visages des victimes paniquées une peur indicible. 

 

 

Tout comme lors de cette dévastatrice série entre septembre 2005 et début 2010 en Ligue des champions, durant laquelle les Lyonnais terrorisèrent la défense du Real, et signèrent trois belles victoires et deux nuls. On pourrait ajouter au tableau Bernard Mendy qui laissa pour mort le Merengue Roberto Carlos, en 2004. 

Alternative : La Fille au Ballon (Banksy) passée au broyeur et Lionel Messi, qui déchiqueta maintes fois l'arrière-garde du Real. 

 

3. La Liberté guidant le peuple (Eugène Delacroix) / Marcus Rashford. 

En 2020, par ses campagnes et sa détermination, l'attaquant des Red Devils a fait revenir à deux reprises Boris Johnson sur sa décision de supprimer les repas gratuits (pendant les vacances) pour 1.7 million d'élèves issus de milieux défavorisés. 

 

 

D'aucuns considèrent que Rashford a été bien plus efficace que l'opposition travailliste. Son exemplaire activisme figure désormais au programme de l'une des matières du Brevet des collèges anglais. Mais de plus en plus de municipalités, lourdement endettées, ont dû abandonner le programme, et la lutte continue. 

Alternative : les footeux étant de grands rêveurs, mon combo alternatif est Le rêve de Salvador Dalí et Neville Southall. Le légendaire gardien d'Everton est un poète doublé d'un militant férocement anti-Tory. 

 

4. Le Cri (Edvard Munch) / Alex Ferguson. 

Siralex était un fameux gueulard qui a laissé en héritage l'expression "the hair-drier treatment", littéralement le traitement du sèche-cheveux - ou la bonne vieille soufflante des familles. Fergie agrémentait parfois ses coups de sang dans le vestiaire de jets de chaussures et autres objets (mugs, bouteilles, etc.). David Beckham en sait quelque chose.

 

 

Alternative : la statue de Camille Desmoulins haranguant la foule au Palais Royal et John Sitton, l'éphèmère entraîneur de Leyton Orient (saison 1994-95) et ex-karatéka qui insultait constamment ses joueurs, les provoquait à la baston et les virait même à la mi-temps (voir iciet ). Comme le révéla l'extraordinaire documentaire Orient For a Fiver, tourné à la volée par une étudiante en cinéma à qui le club avait donné carte blanche toute une saison, voir ici (en bleu en milieu d'article).

 

5. Warrior (Jean-Michel Basquiat) / Terry Butcher. 

Le guerrier par excellence. Les points communs sont évidents : le garçon Butcher est un produit du football anglais déjanté des années 1980 et Basquiat émergea dans l'underground new-yorkais barré de la même époque.

 

 

Butcher a joué et entraîné en Écosse pendant vingt-cinq ans. Ses épiques bastons avec les Trois Lions contre les Écossais sont légendaires. Quand il signa aux Rangers en 1986, il choisit de vivre dans une maison surplombant le site de la célèbre Bataille de Bannockburn. 

Alternative : l'Art brut de Jean Dubuffet ou l'œuvre en béton House de Rachel Whiteread et Stuart Pearce, solide comme une maison et surnommé "Psycho". 

 

6. Fontaine (Marcel Duchamp) / l'urinoir de stade. 

Hommage à l'humble pissoir, témoin de nos joies et angoisses de mi-temps et d'après-match. Un incontournable en passe de se transformer en conduit pour engrais gazon.

 

 

Dans le club de D3 anglaise de Forest Green Rovers, toujours à la pointe de l'innovation écolo, on transforme en effet l'urine des supporters extérieurs en fertilisant pour pelouse. Au moins chez eux, les chants du type "You are taking the piss !" (Vous vous foutez de notre gueule) sont justifiés. 

Alternative : Rectangles, Jaunes et Verts (Nicolas de Staël) et le terrain. 

 

7. Le Grand Masturbateur (Salvador Dalí) / les médias spécialisés

Un clin d'œil aux cogitateurs du football de la Branquignolie, médiocres ou brillants, qui aiment s'écoutent parler et se regarder écrire, jusqu'à parfois tomber dans l'onanisme intellectuel. Ce ne sont pas toujours ceux qu'on croit... Leur statut attire sur lui les railleries mais en fait aussi rêver beaucoup, secrètement. 

 

 

Alternative : Le Penseur (Auguste Rodin) et tous ceux qui se reconnaîtront dans la description ci-dessus.

 

8. Tour de Babel (Pieter Brueghel l'Ancien) / un club de Premier League.

De 1930 à février 1978, les clubs anglais ne pouvaient que difficilement recruter des étrangers non irlandais ou issus des anciennes colonies (lire ici). Aujourd'hui, l'effectif type compte parfois une vingtaine de nationalités et presque autant de langues. 

 

 

Alternative : l'hilarante pub KitKat de 1997 "Have a break, have a kitkat" (montrant un entraîneur stressé tentant d'expliquer le schéma de jeu à une équipe très cosmopolite qui ne comprenait rien) et Jacques Santini.

 

9. Maman (Louise Bourgeois) / Adrien Rabiot. 

"Maman protectrice et agent inflexible", titrait RMC Sports en août 2022 sur Véronique Rabiot, au moment des rumeurs sur l'arrivée du fiston dans un Manchester United en vrac. 

 

 

Alternative : La joyeuse famille (Jan Steen) et Paul Pogba. 

 

10. Raminou assis sur un tissu (Suzanne Valadon) / Kurt et Yoan Zouma. 

Un tableau à offrir aux frères Zouma, signé de la célèbre peintre de Montmartre, muse-amante de Renoir et mère d'Utrillo. 

 

 

Alternative : Les Pigeons (Picasso) et le défenseur argentin Gaston Aguirre.

 

11. Char à voile (Yves Lallemand) / Christophe Galtier. 

 

 

Alternative : La Diligence (Camille Pissarro) et le potache Kyky.

 

12e homme : Ceci n'est pas une pipe (René Magritte) 

Et tout piètre joueur vendu cher comme étant un cador (ça marche aussi pour les entraîneurs bidons surcotés). 

 

 

Moins connue sous son nom officiel de La Trahison des images, l'œuvre du surréaliste belge devrait décorer tous les murs des directoires de club, en guise d'avertissement, surtout les thunés qui se font facilement berner et les minots désargentés qui recrutent sur des images Youtube ou la tchatche d'agents.

Alternative : le FC Crédulos et El gran cabròn de Goya ou La Chèvre de Picasso.  

 

[1] Exemples : chef d'œuvre, artiste, peintre, cartouche, jus, chef d'orchestre, aplat, poète, cadre, palette, académie, toile, arabesque, biscuit, performance, schéma, sellette, composition, récital, etc.

Réactions

  • Mangeur Vasqué le 13/01/2023 à 18h46
    En rapport avec l’article, recommandations (non exhaustives) en bref :

    1) Sur Brian Clough :

    “The Damned United” bien sûr, le livre pavé ("The Damned Utd") et le film. Beaucoup moins connu mais extra aussi : le documentaire “I believe in miracles" (2015, disponible en DVD). Sur son épopée Nottingham Forest, formidablement épaulé par son fidèle bras droit Peter Taylor (bien plus qu'un numéro 1 bis ou 2), sans lequel Clough n'aurait sans doute jamais réussi. La bande-annonce : lien

    Après, y'a une quarantaine de livres sur Clough en anglais, quasiment tous sortis après sa mort en 2004, j’en parlais sous cet article lien.

    J’en ai lu six et en ai parcouru une bonne douzaine, ils sont tous très lisibles àma mais s’il ne fallait en retenir qu’un ou deux : “Provided You Don’t Kiss Me: 20 Years With Brian Clough” (2007) de Duncan Hamilton (journaliste de Nottingham, la personne qui connut le mieux Clough, pendant 20 ans - et en tant que journaliste souffre-douleur de Clough, mais aussi son confident, Hamilton mériterait amplement une médaille...) et "Brian Clough: Nobody Ever Says Thank You” de Jonathan Wilson (2011).

    2) Sur L.S. Lowry :

    Le film “Mrs Lowry and Son” (2019), je l’ai en DVD et c’est excellent. Bon après, c’est pas très rock and roll (Lowry eut une vie très simple et calme) mais j’adore. Superbe jeu d’acteurs avec Timothy Spall dans le rôle de Lowry, vieux garcon, et Vanessa Redgrave dans celui de sa mère, alitée et cruelle envers le talent de son fils.

    Voir lien et lien

    La bande-annonce : lien

    (Spall excellent en 2014 aussi dans le rôle de William Turner, dans "Mr Turner" de Mike Leigh lien).

    3) Sur Jean-Michel Basquiat :

    “Basquiat”, film de 1996

    lien)

    Je l’ai en DVD et je recommande. Visionnable sur YT : lien. Jeffrey Wright superbe en Basquiat et David Bowie (Warhol) de même.

  • Franco Bas résilles le 16/01/2023 à 09h27
    Merci ! Bel article, plein de références - comme toujours....

  • Mangeur Vasqué le 19/01/2023 à 00h12
    Dans le genre capillotracté, rayon "jargon footballistique qui emprunte abondamment au lexique artistique", celle-ci s'impose :

    "aplat : Passage régulier (sans effet de matière et trace de pinceau) d’une couleur sur une surface" et "défense à plat"...

  • Red Tsar le 25/01/2023 à 13h12
    Très sympa, merci !

  • Julow le 27/01/2023 à 21h26
    Merci MV ! J'ai découvert Lowry très tardivement, à Manchester, dans la "center" qui porte son nom, et dont je recommande très chaudement la visite...
    Cette toile en particulier m'avait rendu heureux
    lien
    Voilà.

  • Mangeur Vasqué le 28/01/2023 à 17h04
    Merci Julow.

    Dans la bande-annonce du film “Mrs Lowry & Son” dont je parle dans mon poste précédent, on voit Timothy Spall/LS Lowry rejouer le tableau que tu évoques, à 21 secondes :

    lien

    Effectivement, y'a un super musée Lowry à Salford, “The Lowry” : lien et
    lien

    Lowry a habité 40 ans à Salford, à Pendlebury exactement (avec sa mère, cf le film), petite ville de banlieue située dans le Borough de Salford, qui est à la fois un borough (gros arrondissement) et une ville, qui a le statut convoité de “city”.

    Manchester – Greater Manchester – est divisé en 10 boroughs depuis 1974 et la grosse réorganisation administrative : Bolton, Bury, Manchester, Oldham, Rochdale, Salford, Stockport, Tameside, Trafford et Wigan. Londres – Greater London – avait fait sa mue en 1965 et Manchester l’avait imité une décennie plus tard, post la loi du “Local Government Act” de 1972. L’agglo avait bien grossi et il fallait solidifier le mille-feuille. Adopter une structure "Greater" (en gros, une sorte d’intercommunalité) facilitait la gouvernance et la gestion des transports, de l’administration, des services municipaux, etc. C’etait politique aussi, ça donnait plus de poids à l’ensemble, pour les dotations et le reste.

    Old Trafford se trouve à 10 mns à pied du Lowry. Promenade urbaine sympa le long du canal comme tu dois le savoir (le Manchester Ship Canal – qui relie la ville à la côte, Liverpool, connection avec la Mersey).

    J’ai visité le Lowry à l’automne 2001, un an 1/2 après son ouverture. Y’a environ 400 Lowry, tableaux et dessins, + photos, documents, etc. J’accompagné des élèves et des profs d'art/de dessin en fait. Je crois qu'hormis quelques fanas d'art, profs, etc. tout comme toi le grand public dans son ensemble a découvert Lowry très tardivement, années 1980-90. Je connaissais à peine Lowry à vrai dire avant d'emmener ces élèves, il était toujours relativement méconnu y’a 25 ans. Faut bien voir que la première expo Lowry à Londres n’a été organisée qu’en 2013 ! (à la superbe Tate Britain).

    lien “LS Lowry: Tate Britain holds first exhibition in major London gallery since artist’s death in 1976. The exhibition of more than 90 works follows years of criticism over the art establishment’s attitude towards the much-loved Lancashire-born painter”

    Y’en avait eu une assez grosse en 1978 (2 ans après sa mort), mais à Glasgow. Jusqu’aux années 1990, ses tableaux étaient comparativement peu cotés. “The Football Match” par exemple lien
    ne s’était vendu aux enchères à Sotheby's que 132 000 £ en 1992, contre presque 6 millions £ en 2013.

    J’habitais alors à Sheffield, à 60 kms/50 mns en train de Manchester. Le département d’art & design de mon collège-lycée emmenait régulièrement des classes dans les grands musées nationaux, en tout cas du Nord, et j’essayais de les accompagner au moins une fois par an. On avait aussi visité les studios du soap “Coronation Street”, en face du Lowry (de l’autre côté du canal), une institution télévisuelle en Angleterre. Ils ont recréé toute une rue, avec un pub, le Rovers Return Inn, où on peut d’ailleurs boire un verre. “Corrie” est diffusé depuis 1960, record mondial

    lien

    Tout ce coin de Salford (anciens docks) a été régénéré à partir des Eighties – musées, théâtres/cinémas, hôtels, salles de concert, marinas, restos, etc. + l’énorme MediaCityUK lien où une bonne partie de la BBC a été délocalisée depuis 2011, notamment le studio de MOTD, Match Of The Day, visites guidées disponibles. Avant, tout était alors au Television Centre à White City, à Shepherd’s Bush (ouest de Londres, environ 2 kms à l’ouest de Hyde park), un TV Centre bien plus petit (bâtiments vendus) mais toujours utilisé comme base.

    Comme je l’écrivais dans ce post lien, Lowry entretenait des liens forts avec le North East (tout le littoral au sud et au nord de Newcastle, la mer le fascinait), où il passait ses vacances, en particulier avec Sunderland et Berwick-upon-Tweed à la frontière anglo-écossaise.

    Il peignit pas mal de scènes maritimes et de plage, surtout dans les années 1960-70, en fin de parcours donc lien. Dont quelques “seascapes” épurés, dans un style très éloigné de sa palette habituelle :

    lien

    lien

    Il peignait en fait souvent la vue de l’hôtel où il séjournait à Sunderland, le Seaburn Hotel, sans trop sortir. Le Seaburn Hotel était l’établissement prestigieux du coin, un hôtel où pas mal de footballeurs ou vedettes descendaient, et des équipes parfois. Construit dans les années 1930 en seulement dix semaines lien. Totalement refait depuis, c’est un 4* aujourd’hui, le Grand Hotel https://i. lien

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