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Pelé, l'homme qui a fait du football un royaume

L'histoire a fait de Pelé, premier des très grands footballeurs, à l'échelle du monde, le plus grand de tous.

Auteur : Richard Coudrais le 29 Dec 2022

 

Peu importe qu'il n'ait jamais évolué dans un championnat européen, peu importe que certains footballeurs qui lui ont succédé soient intrinsèquement supérieurs sur le plan technique, tactique ou physique 

Pelé a remporté trois fois la Coupe du monde et a inscrit plus de mille buts, il est et restera le plus grand footballeur de l'histoire. 

Il y a d'abord la légende : au-delà des buts et des trophées, Pelé a été déclaré trésor national du Brésil, avec mention "non exportable". Pelé a mis fin à une guerre au Biafra. Pelé a provoqué une révolution dans les Antilles.

 

photo Arquivo Nacional do Brasil
photo Arquivo Nacional do Brasil

 

Pelé a été ministre des Sports et une loi porte son nom. Pelé a posé pour Andy Warhol. Pelé a dîné avec Brigitte Bardot. Pelé a enregistré des chansons, joué dans des films, tourné des pubs. Pelé est apparu avec l'équipe du Brésil à l'âge de cinquante ans Et lorsque Pelé est en sueur, un cœur se dessine sur son maillot. 

Il est au football ce que Muhammad Ali est à la boxe, Michael Jordan au basket, Juan Manuel Fangio à la course automobile ou Eddy Merckx au cyclisme. Pelé est même ce qu'Elvis Presley est au rock, Mozart à la musique classique et Marilyn Monroe au cinéma : la figure parfaitement représentative d'une discipline populaire. 

Du noir et blanc à la couleur

Il y a l'image du footballeur. Un physique d'Apollon à la musculature idéalement proportionnée. Une impression d'équilibre et de puissance mêlés à une fascinante décontraction. Un regard déterminé auquel rien ne semble échapper. Ajoutez un sourire parfait, une voix suave, un charme indéniable, et vous n'êtes pas loin de l'homme idéal.

Ensuite, l'époque. Pelé est passé du noir et blanc à la couleur. On l'a vu depuis l'antique Coupe du monde 1958 sur les vieux postes monochromes jusqu'au Mundial mexicain de 1970 en technicolor. Ses exploits ont d'abord plus souvent été écrits que filmés, moins vus que reconstitués dans l'imaginaire. 

 

 

Et puis, grâce à la Coupe du monde, Pelé s'est invité dans les foyers disposant d'un téléviseur. On a vu Pelé. On l'a vu marquer des buts. On l'a vu porté en triomphe par ses coéquipiers. On l'a vu tenter un lob du milieu de terrain. On l'a vu mystifier un gardien d'une feinte de corps diabolique. 

On a vu un autre gardien obligé de réaliser la plus belle parade du monde pour l'empêcher de marquer. On a vu Pelé réaliser un amour de passe dans la course de son coéquipier pour l'ultime but du tournoi. Pelé a marqué plus de mille buts, mais ses plus beaux sont ceux qu'il n'a pas marqué.

À l'époque, les compétitions entre équipes nationales avaient un impact beaucoup plus grand que le football de clubs. La Coupe du monde était largement plus considérée que la Coupe des clubs champions, ancêtre de la Ligue des champions, ou la Copa Libertadores, son équivalent sud-américain. 

Football-exhibition

Tous les quatre ans, Pelé savait attirer la lumière. Du tout jeune champion de 1958 à l'homme accompli de 1970, en passant par deux autres tournois inachevés en 1962 et 1966. Au Chili, Pelé se blesse dès le deuxième match et ne joue plus jusqu'à la fin du tournoi. Ses coéquipiers triomphent sans lui. 

Une fois soigné, Pelé revient dans la Seleçao sans que cela fasse débat. En Angleterre, Pelé est attendu au coin du bois. Deux agressions consécutives, contre la Bulgarie et le Portugal, le contraignent à sortir du terrain. Toute l'Amérique du Sud y voit un acte prémédité. 

Pelé avait aussi le talent de savoir se mettre en scène, comme l'illustrent la préparation et les célébrations du millième but de sa carrière. Sa carrière achevée, il ne manquera jamais de rappeler qu'il fut le meilleur joueur de tous les temps, au cas où quelqu'un l'aurait oublié.

 

Andy Warhol, 1977
Andy Warhol, 1977

 

En dehors de ces échéances mondiales, Pelé semblait être en exhibition permanente. Son club réalisait de nombreuses et lucratives tournées à travers le monde - tout comme la Seleçao.

Au point que les Européens pouvaient se demander si ce Santos FC n'était pas une sorte de Harlem Globe Trotters destiné à exhiber le trésor national du Brésil. Le Santos FC venait jouer dans votre ville. C'était l'événement : "Il" n'est pas loin d'ici. 

Cette impression de football-exhibition sera renforcée lorsque Pelé rejoindra le Cosmos de New York. Pelé et son club avaient pourtant remporté deux Copa Libertadores, et brillé dans les Championnats du monde des Clubs qui, à l'époque, opposaient en match aller-retour le champion d'Europe à son homologue d'Amérique du Sud.

Le Roi et les autres

Ils ne sont pas nombreux, les joueurs qui peuvent lui contester le titre de plus grand joueur de tous les temps. Deux avant lui, Puskas et Di Stefano. Deux après, Cruyff et Maradona. Qui d'autre ?

Ferenc Puskas fut, comme Pelé, la figure de proue d'une sélection fabuleuse. Le Hongrois ajoute même une part de romantisme avec une carrière qui affronte les tourments de l'histoire tout en se terminant dans le plus grand club du monde. Il y a toutefois chez Puskas un soupçon de mélancolie, d'inachevé. Il reste un footballeur en noir et blanc.

Alfredo Di Stefano fut aussi un joueur hors norme, mais il a oublié de briller en Coupe du monde. En plus d'être lui aussi un footballeur en noir et blanc, il aura été l'homme d'un club, mais pas d'un pays, puisqu'il a endossé le maillot de trois sélections différentes.

Johan Cruyff a le même profil que Puskas : leader d'une sélection aussi légendaire que perdante, il a aussi accumulé de grands succès en club (plutôt en début de carrière, contrairement au Hongrois). Techniquement, comparé à Pelé, il semble plus vif, plus léger, plus aérien. Peut-être sa légère arrogance a-t-elle nui à son image.

Diego Maradona est probablement le plus à même de rivaliser. Un talent natif extraordinaire, des victoires à lui tout seul, un sacre sous le soleil de Mexico, une image quasi christique. Mais si Pelé renvoie une image éminemment positive, l'Argentin est également connu pour ses frasques et ses mauvais penchants.

La part du merveilleux

Et Messi ? Et Cristiano Ronaldo ? Les deux phénomènes du XXIe siècle sont intrinsèquement, techniquement, tactiquement, physiquement supérieurs au roi Pelé. 

Il manque toutefois au Portugais d'avoir survolé un tournoi médiatique avec sa sélection. Messi y est arrivé à un âge canonique, après avoir longtemps laissé croire qu'il n'y arriverait jamais. Il manque surtout à ces multiples Ballon d'Or une part de merveilleux. 

La génération YouTube se gave de leurs exploits en open bar, y compris ceux de l'entraînement. Les images de leurs prédécesseurs, dont Pelé, étaient plus rares, moins accessibles qu'aujourd'hui. Et cette rareté laissait place à l'imaginaire. 

 

photo Edu Alpendre
photo Edu Alpendre

 

Le roi Pelé en usait pour distiller sa propre version des faits, toujours à son avantage et sans fausse modestie. Il n'a laissé à personne d'autre le soin de raconter sa propre légende. 

Messi et Ronaldo ne cultivent aucun mystère. Chacun de leurs gestes est filmé, détaillé, commenté, analysé, débattu, décrypté. Les médias se sont chargés de monter leur rivalité en épingle. 

Kylian Mbappé semble un peu plus proche de Pelé. Le roi l'a d'ailleurs lui-même adoubé. Champion du monde précoce, il pilote lui-même sa trajectoire, en suivant un storytelling bien réglé. Il saura, on n'en doute pas, mettre en scène le millième but de sa carrière et toute autre étape symbolique. Et si le nouveau Pelé, si longtemps attendu, était français ?

Réactions

  • José-Mickaël le 29/12/2022 à 23h38
    Excellente analyse ! Et c'est vrai que Mbappé a des points communs avec Pelé, notamment la fameuse photo où il reprend la pose de Pelé après son but en finale 1970. J'espère qu'il gagnera autant de coupes du Monde que lui !

  • Sens de la dérision le 30/12/2022 à 07h10
    Pour réagir sur la fin de l'article et se demander pourquoi il était le King et pas Messi ou Ronaldo, je crois que c'est l'époque qui le voulait : Pelé est le Roi comme Elvis fut le King ou comme Monroe. Plus que la rareté, c'est au contraire le début de l'ère des superstars, les premiers en mondovision comme on disait parfois.

  • blafafoire le 30/12/2022 à 12h07
    On dit même que Pelé tua Liberty Valance !
    Merci pour cette superbe nécrologie.
    Quand j'étais môme dans les années 80, le football brésilien avait quelque chose d'énorme, de mythique, bien davantage qu'aujourd'hui. D'où le choc de la victoire française à Guadalajara, me semble-t-il. Et je me demande si, au delà des victoires qui avaient accompagné cette équipe auparavant, ça n'était pas la figure de Pelé qui avait amené le monde à considérer le Brésil comme la grande nation du foot.

  • Manx Martin le 30/12/2022 à 15h14
    Il semble que le truc que Pelé avait, en plus de toutes ses évidentes qualités techniques et athlétiques, c'est ce charisme solaire, naturel, qui change toute l'équipe autour de toi.

    Cruyff, Socrates, Maradona, Platini, l'avaient et je pense que Mbappé l'a aussi. Messi ou Cristiano Ronaldo, non.

  • Edji le 30/12/2022 à 15h40
    Je distinguerai toutefois Messi et Cristiano Ronaldo ; même si le « charisme solaire » ne colle effectivement pas trop, il me semble que Messi a tout de même un truc qui en fait davantage qu’une simple star statistique, y compris sur le plan collectif.

  • Jah fête et aime dorer Anne le 30/12/2022 à 23h59
    L'article est sympa, mais la dernière partie me semble confite de subjectif et de préjugés, au dépend de la réalité, et gâche l'ensemble.

    Bon, déjà, on peut admirer les contorsions sémantiques : Cristiano Ronaldo a gagné un Euro ? Oui mais il n'a pas survolé le tournoi. Messi a gagné la CdM d'une manière presque rédemptrice permettant un magnifique récit sur sa carrière ? Ben, euh, il lui manque le merveilleux.

    Bon, que l'on puisse trouver que le Portugais et l'Argentin manquent de merveilleux de part l'évolution médiatique du monde, ok, mais alors différencier M'Bappé dans ce domaine, cela me semble franchement erroné (on passera sur le fait de mettre M'Bappé plus proche de Pelé alors que celui-ci est pour le moment en dessous de Messi au même âge, car la suite de la carrière du Français peut changer les choses). Les 3è et 5è paragraphes s'appliquent totalement au Français également (d'ailleurs, si celle-ci a été mise sous le boisseau le temps de la Coupe du Monde, une avec Haaland a été créée médiatiquement). Le dernier paragraphe s'applique également à Cristiano Ronaldo.

    Profiter d'une nécrologie sur Pelé pour en faire autant sur M'Bappé, c'est franchement de mauvais goût.

  • Edji le 31/12/2022 à 00h04
    En faire « autant », tu veux dire un paragraphe de conclusion à un article qui en compte 27 ?
    Mais à part ça, c’est l’auteur de l’article qui a des préjugés :-)

  • Jah fête et aime dorer Anne le 31/12/2022 à 00h30
    D'une, il ne suffit de pas grand chose pour changer le sens de toute une partie. On peut par exemple penser à ce compliment de Desailly sur Terry qui devient en trois mots une auto-glorification lien

    Toute la dernière des cinq parties est là pour expliquer pourquoi Messi et Ronaldo ne sont pas à la hauteur de Pelé (et utilise pour cela des arguments forts douteux) et le dernier paragraphe est là pour dire que M'Bappé est différent des deux autres : tous les autres paragraphes de la dernière partie parlent donc en creux de M'Bappé également (mais peut-être que l'auteur ne s'en est pas rendu compte).

    Et terminer là-dessus donne l'ouverture de l'article et donc une grande part du ton.

    Je le répète, l'auteur de cet article fait preuve d'un mauvais goût gênant avec cette mauvaise dernière partie et cette ouverture, c'est dommage.

  • Mangeur Vasqué le 31/12/2022 à 00h34
    Merci Richard pour ce bel hommage.

    Je suis trop jeune pour avoir vu jouer Pelé, sauf pendant son passage au New York Cosmos peut-être, je ne sais plus. (On notera que lui et d'autres, mais surtout lui, boostèrent terriblement le "soccer" pendant l'ère de feu la NASL. Dès que tous les grands et moins grands joueurs partirent car ça commençait à bien payer en Europe au début-milieu des années 1980, les affluences dégringolèrent et le château de cartes s'écroula.) Mais il avait déjà 1 200+ matches dans les jambes et il prit surtout du bon temps aux USA.

    Sans trop se la jouer totalement dilettante, au contraire par exemple de Neeskens ou Gerd Müller qui picolait déjà pas mal. Surtout qu’on ne montrait jamais des images de Santos en France, et j’étais trop jeune pour Mexico 1970, même si j’ai évidemment vu des images par la suite. A ce sujet d’ailleurs, Tim Vickery, le grand spécialiste britannique du foot sudam, racontait hier à la radio que Pelé était alors très contesté et faillit ne pas être sélectionné pour Mexico.

    Mais dans le cas de Pelé la question n’est pas tellement de se rappeler Pelé ou de l’avoir vu jouer, tant son influence et aura furent immenses, longtemps après les crampons raccrochés. Il ne jouait plus depuis un bail mais il était toujours là parmi nous, omniprésent, dans les cours de récré, les magazines, les médias. Élu “Personnalité la plus célèbre au monde” en 1970, devant John Lennon, le Pape Paul VI et Paul McCartney. Déjà en 1970, c’était un monument classé, une œuvre tangible et intangible à la fois. Il dépassait déjà largement le cadre du patrimoine footballistique, il faisait partie du décor pour parler un peu prosaïquement.

    Il était et est toujours LA référence, le mètre (maître ?)-étalon, plus moderne que jamais. Il savait tout faire sur un terrain, et en dehors lien Sa “legacy” est universelle et a toujours plané bien au-dessus de tout, de tous. Il y a ce joli mot de Puskás sur Pelé : “The greatest player in history was Di Stefano. I refuse to classify Pele as a player. He was above lien

    “He was above that”… Il était au-dessus de tout ça Pelé, des classements, des catégorisations, du catalogage.

    Pelé qui lui-même de son vivant admirait le formidable ailier droit Stanley Matthews lien, le premier Ballon d’Or et qui joua jusqu’à 50 ans en D1 (!), et le tenait comme le plus grand, “Stanley Matthews taught us the way football should be played". Il admirait tout autant le footballeur à la technique “brésilienne” que le gentleman, toujours correct et fair-play, malgré la brutalité du foot de l’époque (et avec des ballons lourds comme des medecine balls). Une physicalité bestiale masquée par l’extraordinaire longévité de ces joueurs, en années de carrière et/ou en nombre de matchs.

    Trente ans après Stanley Matthews, John Barnes s’inscrira dans cette lignée. Agé de 20 ans et au Watford d’Elton John, Barnes se signala au monde et à Pelé avec sa formidable prestation de 1984 au Maracana vs le Brésil, et ce phénoménal but lien qui scotcha même “O Rei”.

    Le comparer à Pierre Paul Diego Alfredo ou Jacques ou lui chercher à tout prix un “héritier” n’a pas grand sens au fond, à mon avis. Par ce qu’il représentait, et notamment pour la communauté noire, il transcendait le football et le sport. Beaucoup de jeunes footballeurs noirs en Angleterre dans les années 1960-70, sevrés de “role models” nationaux ou bien tout simplement des jeunes qui avaient peur de pratiquer le football tant le racisme était virulent, s’identifiaient à lui et il leur redonnait espoir, il leur indiquait la voie à suivre. Pas mal de professionnels noirs anglais de l’époque, ou qui ont grandi à cette époque, ont ensuite témoigné en ce sens. Nombreux ceux qui lui sont redevables. La planète entière lui doit beaucoup.

  • Jah fête et aime dorer Anne le 31/12/2022 à 00h42
    Bon, mon ton était un peu trop agressif, désolé.
    L'article est sympa, je le répète, mais la dernière partie me semble lui donner un goût saumâtre.
    D'autant plus que, sur l'apport des images, on pourrait rétorquer que c'est celle-ci qui, pendant un temps (?), rendit Maradona plus populaire que Pelé : le Brésilien, il y avait un côté "il a le palmarès et les buts, d'accord, mais on n' pas vraiment d’images pour savoir à quel point il était fort, au contraire de l'Argentin", comme si le merveilleux avait besoin de s'appuyer sur quelques faits tangibles pour que l'on puisse mieux croire en lui et imaginer.

La revue des Cahiers du football