La facture du Peyronnet
> Tribune des lecteurs- Après Thierry Roland, Jean-Michel Larqué, Pascal Praud et Jean-Claude Darmon, c'est un autre membre de la direction des sports de TF1 qui est l'objet du courroux d'un de nos lecteurs.
Auteur : Fabien B
le 23 Juin 2004
Pascal Praud nous a certes quitté pour rejoindre ses amis au comptoir de la buvette de RTL (ici quand chacun a payé son tour, on branche les micros), il a été vite remplacé dans nos cœurs par une nouvelle race d’homo-journalo-televiso-footballisticus : le Pierre Peyronnet. La rigueur scientifique imposerait une présentation rationnelle de l’animal avec chiffres, noms en latin et en grec, lignée, race…nous ne le ferons pas. Le bestiau est si complexe, si peu courant qu’il ne se laisse pas cerner aussi facilement. Est-il un ancien sportif professionnel encostardé et encasquifié comme le veut la migration des espèces actuelles (Darwin avait donc raison) ? Non. Est-il de cette nouvelle race de journaliste sportif que l’on voit fleurir près de cours de tennis habillé comme un présentateur d’émission pour jeunes sur M6 ? Non. Répète-t-il toutes ses trois phrases combien les téléspectateurs font savoir leur plaisir de suivre cet événement sur sa chaîne au 00.00.00.00, 12,43 € la minute ? Non. Pierre Peyronnet n’est rien de tout cela (du moins pas encore). Et pourtant… Et pourtant, Pierre Peyronnet ouvre son micro sans autorisation aucune au bout de 15 minutes de match. Là, sur un ton mi-lugubre mi-gai, et sans jamais dire bonjour, il propose un commentaire essentiel sur la qualité de la pelouse ou la direction du vent. Taquiné par ses amis en cabine, car Pierre Peyronnet est de la race des hommes des lignes de touche (comme feu notre ami Pascal Praud à ses débuts), sur son incapacité chronique à prononcer ces deux syllabes que les autres gens s’échangent lorsqu’ils se voient pour la première fois, Pierre Peyronnet n’hésite pas à ne saluer que ses deux compères comme s’il s’agissait de la première rencontre de la journée en oubliant –comme il est drôle- les seules et uniques personnes qu’il se devrait de saluer. S’arrête-t-il là ? Non ! Car Pierre Peyronnet a une mission ; deux plus exactement. La première de ses missions est ingrate. Ingrate car discrète, car infime, car éphémère. Ingrate car trop grande au fond pour une humanité -celle présente derrière son poste de télévision- qui n’est pas encore prête à l’apprécier. Pierre Peyronnet est sur le front, par tous les temps, au risque d’être touché par une balle perdue, pour confirmer ou infirmer le pronostic de Thierry Roland : « oui, Thierry, il y aura quatre minutes de temps additionnel ». Et la seconde mission, me demanderez-vous ? C’est celle qui a fait la beauté de la profession. Celle qui a fait demandé à feu Pascal Praud au pauvre malheureux en pleurs un soir de Coupe de France qui avait raté le dernier tir au but de son équipe : « dans votre carrière, vous en avez raté combien des penalties ? ». Cette mission, c’est l’interview à chaud de l’entraîneur qui n’a pas envie de parler ou du joueur qui n’a rien à répondre. Ses questions sont des modèles à montrer dans les écoles : références inattaquables (merci Jean-Mimi !), truismes, absence totale d’opinion personnelle et ceci toujours dans le sens du poil. Certes, ses attentions n’ont pas encore la flagornerie d’un Nelson Montfort ni le vide d’un Christian Jeanpierre, mais dieu merci petit Peyronnet deviendra grand. Tremblez Laurent Luyat et autres directions des sports de France Télévision, TF1 a son nouveau prodige ! Pascal Praud est mort, vive Pierre Peyronnet.