306 sommets par saison.<br>Sans compter la coupe de la ligue
Parmi les choses qui m'énervent sur Canal en ce moment, il y en a une qui commence à prendre des proportions importantes : c'est la dramatisation de l'événement.
A l'occasion de Lyon-Marseille, Nathalie Iannetta a ouvert l'antenne d'un péremptoire "Lyon n'a plus le droit à l'erreur", qui fut ensuite ponctué d'une interminable litanie de phrases du genre "si Lyon gagne, ce sera une bonne affaire pour eux, mais particulièrement ce soir, car ils peuvent prendre la deuxième place, d'autant plus que leurs adversaires directs ont perdu ou fait match nul, et c'est donc l'occasion pour Lyon de les distancer, car ce championnat est extrêmement serré, et vu les résultats de ce soir, si Lyon gagnait, il prendrait une belle option sur la qualification pour la Ligue des Champions". Oui bon ben ça va, on a compris. C'est systématique, à chaque fois, les journalistes veulent nous donner l'impression qu'on va assister au match le plus important de la saison, ce qui en fait 32 par an, plus deux journées en multiplex, où les 9 matches sont importants. Et même extrêmement importants, "parce que finalement, dans ce championnat très serré, tout va se jouer sur cette 33e (34e) journée, et que rien n'est joué dans la course à la ligue des champions, ni dans celle pour le maintien, que Monaco avec pour l'instant 17 points d'avance, joue un match décisif pour le record d'avance sur le deuxième (statistique de Philippe Doucet établie depuis 1931), et surtout que rien n'est fait pour l'attribution des places qualificatives pour cette importante coupe Intertoto."
Je veux bien qu'on resitue le match dans son contexte, mais le championnat dure 34 journées, et il me semble donc logique de considérer que l'importance des matches est diluée sur l'ensemble de la compétition. Mais c'est sans doute un point de vue peu vendeur.
Cela dit, je ne voudrais pas accabler Canal, car, dans le genre, la meilleure du week-end (à moins que Téléfoot n'ait fait mieux, mais mes nerfs ne m'autorisent plus à regarder cette émission) a été proférée au cours de Stade 2, à propos de ce même Lyon-Marseille décidément lourd de conséquences : "L'OM doit gagner pour éviter la relégation." La conclusion paraît très claire : Marseille est d'ores et déjà en D2.
Je termine avec une histoire un peu différente, mais qui obéit au même réflexe de dramatisation artificielle. Le journal des sports quotidien de Canal a présenté cette semaine l'histoire du défenseur belge qui envoie de rage le ballon dans son but en croyant que l'arbitre a sifflé une faute préalable. Pas de pot, l'arbitre n'a pas sifflé, et le défenseur a donc marqué un superbe but contre son camp, sous la terrible pression d'adversaires à 20 mètres de lui. L'histoire est drôle en soi, mais elle n'est sans doute pas encore assez romanesque : le journaliste nous annonce que grâce à ce but gag, le FC Geel a arraché le nul 2-2 contre Charleroi, qui croyait dans ce match "assurer le maintien". Vérification faite, il reste 10 journées à disputer dans le championnat belge, ce qui fait encore beaucoup d'occasions d'assurer le maintien, et ce but inscit à la dernière minute a transformé le score de 1-2 en 1-3, ce qui est beaucoup moins drôle que le 2-1 changé en 2-2 suggéré par le journaliste.
Mais pourvu que l'histoire soit belle, peu importe qu'elle soit vraie.