Anelkarnaval
C'est donc ainsi, quand les chômeurs de l'UNFP plantent cinq buts sans en encaisser un seul face à Bolton, on ne peut s'empêcher de parler des deux premiers buts de Nicolas Anelka dans le championnat de France de D1...
Auteur : Clément Jumeau
le 28 Août 2000
Peu importe que Stéphane Guivarc'h ait lui aussi réussi un doublé lors de cette cinquième journée, l'attente fut si longue, l'impatience tellement pénible à vivre, qu'il faut libérer son esprit de l'horrible pression que représentait le silence goaliste de notre avant-centre le plus cher. Nicolas a marqué. Va-t-on s'en remettre? Difficile à dire. De l'Equipe TV au journal de 20h de TF1 du lundi 28 août 2000, en passant par LCI et France 3, tout le monde y est allé de sa minute de glorification du Dieu tout puissant que semble être devenu l'enfant de Trappes, celui-là même qui passe son temps à fuir les médias depuis ses mauvaises relations avec les journalistes anglais.
Anelka est vraiment celui que nous attendions puisqu'il a marqué deux buts. Le messie est là. Ce qui ressort de ces indécentes et incessantes diarrhées médiatiques, c'est que l'opération à 500 millions du PSG est en voie de réussir. Le coup est presque parfait. Perpère gagne gagne, Lamarche court, tout le monde est ravi. Enfin nous l'avons, la star qui manquait au championnat de France depuis que nos Champions du Monde ont décidé tour à tour de faire fructifier financièrement leur image à l'étranger. Deux buts valent bien 220 millions. Combien vaudront les autres?
Représentatif malgré lui de ce nouveau football qui consiste à gaver les journalistes de messages de bienveillance envers l'ultime représentant du football bizness dans notre championnat, Nicolas Anelka continue heureusement à prendre du plaisir.
Pas un ne mettra donc en avant cet incroyable match qui a opposé Auxerre et Saint-Etienne. Pas un ne s'aventurera à glisser un mot sur le prix à payer pour qu'une campagne de promotion hors norme porte ses fruits. Personne non plus ne se demandera si dorénavant le "rêve" football ressemble à autre chose qu'à un gigantesque et machiavélique plan d'investissement digne du plus odieux des libéraux. Le foot est entré depuis trop longtemps dans sa phase du "tout s'achète" pour que l'on remette en cause aujourd'hui un tel système. Puisqu'Anelka a marqué, c'est donc que l'on avait raison de soutenir le pognon dans ce sport-spectacle.
Gargarisons-nous donc de ce système et fuyons l'idée que le football peut avoir un sens en dehors de l'argent. Qu'est-ce que ça peut faire finalement que des joueurs aient à s'abaisser à faire de la démonstration dans des stades vides juste pour avoir la chance de continuer à pratiquer leur sport favori. Sans doute sont-ils trop mauvais pour pouvoir continuer. On s'en fout de toute façon, Anelka a marqué dans ce championnat, et deux buts en plus.
Que se passera-t-il si un jour Nicolas attrape une gastro qui le coincera au lit? Priera-t-on en direct sur TF1 pour qu'il s'en sorte? Cessera-t-on de jouer jusqu'à son retour? Ira-t-on jusqu'à filmer ses toilettes?
Nicolas a marqué, c'est donc la preuve qu'il y a bien un championnat de France qui existe encore. Un championnat qui finalement a les moyens de se payer des stars.
Au moment où les entraîneurs français font tout leur possible pour que ne passe pas la loi qui visera à interdire les transferts sous leur forme actuelle en prétendant qu'elle creusera le fossé entre les riches et les pauvres, il est risible d'apprendre que dès aujourd'hui on se fout royalement de savoir que Lille est devant le PSG, Monaco, Bordeaux, Lyon et Marseille. De toute façon pas d'inquiétude, le fossé, tel qu'il est, est suffisamment large pour que les Lillois n'espèrent pas trop. Le fameux fossé que craignent hypocritement Courbis ou Roux existe bel et bien les gars, puisqu'à lui seul, Anelka le buteur vaut déjà plus que les recrutements de deux ou trois équipes pauvres de notre beau championnat de France de D1.
Allez Nicolas, raconte encore comment tu as planté ton second but... Le talent ne s'improvise certes pas, et sa surmédiatisation non plus. Nous ne sommes plus à ça près. Pourvu qu'il marque toutes les semaines que l'on puisse être fiers de notre royale compétition. C'est où Troyes déjà? Pauvre Anelka, jouet doré parmi les jouets, qui ne se rend pas encore compte qu'il est l'empereur des produits de marketing à la française. Marque Nico, on s'occupe de vendre tes maillots. Et certains commencent déjà à en avoir marre de ce Nicolas. Un mal pour un bien (et quel bien!!!), peu importe...
Nicolas comment déjà?