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Dropsy 1981, le repère de Mühren

Un jour, un but - Le 25 mars 1981 à Rotterdam, les Bleus encaissent un but rageant qui complique leur parcours éliminatoire pour la Coupe du monde, et condamne son gardien de but. 

Auteur : Richard Coudrais le 13 Oct 2023

 

Onze Mondial, avril 1981.
Onze Mondial, avril 1981.

Jan Peters reçoit le ballon près du rond central, dribble Alain Giresse et s'avance dans le camp français. À une trentaine de mètres du but, le Néerlandais hésite sur la marche à suivre alors qu'il se trouve face à Larios et Moizan. Mais Léonard Specht intervient et fauche, allez savoir pourquoi, le milieu de terrain d'AZ'67.

Luigi Agnolin, l'arbitre italien, accorde un coup franc aux Néerlandais. La deuxième mi-temps vient à peine de reprendre et le score est toujours à 0-0. C'est Arnold Mühren qui se charge du tir. Malgré la distance, le milieu de terrain d'Ipswich frappe au but. Le ballon prend la direction de la lucarne. Dominique Dropsy se détend, le ballon percute le coin droit de sa cage puis rebondit sur la nuque du gardien français avant d'entrer dans les filets.

 

 

L'équipe des Pays-Bas ne peut pas mieux commencer cette deuxième période après avoir souffert lors de la première, où l'équipe de France a multiplié les occasions. Cette rencontre du 25 mars 1981 au stade De Kuip de Rotterdam est l'occasion pour l'équipe de France de prendre un avantage conséquent pour la qualification à la Coupe du monde 1982.

Sans Platini... ni Cruyff

Ces éliminatoires ont idéalement débuté, pour les hommes de Michel Hidalgo, avec un net 7-0 à Chypre suivi d'un 2-0 obtenu au Parc contre l'Irlande. En tête du groupe avec une différence de buts confortable, les Tricolores abordent ce Pays-Bas-France respectueux de l'adversaire, finaliste des deux dernières Coupes du monde, mais sans crainte excessive.

La sélection orange, après deux défaites dans cette phase qualificative, et se trouve déjà au pied du mur. Elle est même dans un tel tourment que le nom de Johan Cruyff est redevenu d'actualité. Le nouveau sélectionneur Kees Rijvers a couché sur sa liste la légende vivante, qui tente alors de se relancer à Levante, en deuxième division espagnole.

L'icône n'a plus porté le maillot orange depuis la fin des éliminatoires de la Coupe du monde 1978, c'est-à-dire depuis quatre ans et demi. Mais le joueur est finalement écarté en raison d'exigences qui pouvaient être satisfaites en d'autres temps, mais que la KNVB ne souhaite plus consentir pour un joueur de 34 ans à la forme aléatoire.

Michel Hidalgo affronte ses propres problèmes. Après leur brillante entame, ses Bleus ont concédé, à Hanovre puis à Madrid, deux défaites amicales contre la RFA (1-4) et l'Espagne (0-1) qui ont plongé le sélectionneur dans une certaine perplexité. Privé de Marius Trésor depuis le début de la saison, il est contraint de se passer à Rotterdam de Michel Platini, dont l'état des genoux a alimenté la chronique durant la préparation du match.

 

 

Pour remplacer son numéro 10, le sélectionneur titularise Alain Giresse, dont ce n'est que la sixième sélection en huit saisons. Le Bordelais n'est plus apparu en bleu depuis trois ans et demi et il s'est rendu au rassemblement en maugréant, estimant valoir mieux que le rôle de bouche-trou auquel il est assigné.

Dans les buts, après avoir testé le jeune Castaneda contre l'Espagne, Michel Hidalgo maintient sa confiance à Dominique Dropsy, gardien titulaire des Bleus depuis la fin de la Coupe du monde 1978.

Deux Strasbourgeois au placard

Avec le but bêtement concédé à Rotterdam, le gardien strasbourgeois devient le héros malheureux de la rencontre. C'est à lui, et non à Arnold Mühren, que l'on attribue le but encaissé par les Bleus.

Un contre son camp qui n'améliore pas sa réputation de gardien fébrile, malgré d'évidentes qualités techniques. À une époque où une demi-douzaine de gardiens de première division peuvent prétendre à l'équipe de France, il n'est pas bon de concéder un but stupide.

L'équipe de France court après l'égalisation. Dix minutes après le but de Mühren, Didier Six exécute un coup franc. Son ballon percute lui aussi le montant, mais ne rebondit pas sur Piet Schrijvers. À l'entrée du dernier quart d'heure, le remplaçant Jacques Zimako lance idéalement le même Six, qui rate son contrôle au moment d'ajuster le gardien néerlandais.

La France joue bien, mais elle ne sait plus marquer de buts, clament les commentateurs. Après cette défaite somme toute injuste (1-0), l'horizon s'obscurcit pour les Tricolores alors qu'ils reçoivent un mois plus tard, au Parc, une équipe de Belgique invaincue depuis la finale de l'Euro 1980.

Il s'assombrit notamment pour Dominique Dropsy, à qui Hidalgo accordera un sursis de deux rencontres avant de changer de gardien. Quant à Léonard Specht, vivement critiqué pour sa faute inutile sur Peters qui a provoqué le coup franc, il perdra également la confiance du sélectionneur, d'autant que Marius Trésor sera de nouveau opérationnel pour la fin de saison.

Léonard Specht et Dominique Dropsy rejoindront Bordeaux en 1984. Ils remporteront deux championnats et deux Coupes de France. Si Specht sera brièvement rappelé chez les Bleus par Henri Michel, Dominique Dropsy ne retrouvera jamais l'équipe de France. Il intègrera le staff des Girondins à la fin de sa carrière en 1989. Il est décédé d'une leucémie en octobre 2015, à 63 ans.

Réactions

  • José-Mickaël le 13/10/2023 à 12h25
    Je me souviens : c'était mon premier match de l'équipe de France depuis que je m'intéressais au foot. (J'avais vu France-Hongrie 1978, mais par hasard car je ne savais pas ce qu'était le foot). Et je me souviens qu'à l'époque, les commentateurs parlaient effectivement du manque de réalisme de nos attaquants : on se créait beaucoup d'occasions, et pas moyen de marquer. À noter dans l'équipe de Hollande (la Hollande, l'Eire... ça fait ancien) plusieurs joueurs de l'AZ 67 Alkmaar et d'Ispwich qui allaient se retrouver en finale de la coupe de l'UEFA après avoir atomisé Saint-Étienne (Ipswich) en 1/4 et sorti Sochaux de justesse (AZ 67) en 1/2. Ah, ces Hollandais avaient été une sorte de bête noir de la saison 1980-81...

  • RabbiJacob le 13/10/2023 à 20h10
    Heureusement qu'il y a eu le match "retour" au Parc avec Platini.
    Quelle affaire la question du gardien à cette époque.
    Merci Richard de nous replonger dans ces belles années.

  • Richard N le 14/10/2023 à 23h32
    Match "retour" que nous avions évoqué ici : lien

  • Milan de solitude le 16/10/2023 à 01h21
    Merci pour cet article, qui me parle d'un temps que je ne peux pas connaître. On a un peu oublié ce que cela fait de lutter pour se qualifier, même si nos campagnes ne sont pas toutes tranquilles.

  • Mangeur Vasqué le 17/10/2023 à 23h12
    Merci Richard pour cette capsule vintage. Je me souviens de ce Pays-Bas-France qui mettait les Bleus dans le dur mais j’ai des souvenirs bien plus précis sur le crucial match retour en novembre 1981, dont évidemment le coup-franc de Platini (son plus important ?) qui semblait defier les lois de la physique lien (l’arbitre l’avait fait retirer le premier en plus, mur pas aux 9,15 m).

    Trois jours plus tard, notre prof de maths nous avait fait bosser sur l’angle de tir, la vitesse, la courbe, l’aérodynamique, l’accélération, la gravitation et que sais-je encore. Il me semble bien que l’Équipe du lundi, ou alors c’était un quotidien régional, avait fait un papier avec dessins et mini cours de géométrie sur ce coup-franc à la trajectoire improbable (aujourd'hui, on est habitué mais pas à l'époque, et pas d'Internet, etc. donc on avait bcp moins accès aux images). Ça avait dû lui donner des idées à ce sadique.

    Enfin, plancher sur un coup-franc de Platoche c’était toujours mieux que de se prendre la tête avec des putains de baignoires et robinets qui fuient ou avec des remboursements de prêts à tempérament accordés par des banques à l’esprit tordu.

  • Mangeur Vasqué le 18/10/2023 à 00h15
    Arnold Mühren avait une sacrée frappe. Matez-moi cette minasse contre le pauvre Sainté en QF de la C3 (4/03/198), à 8 minutes : lien (l'état de la pelouse…).

    Mühren qui, avec son compatriote Frans Thijssen, fit les beaux jours d’Ipswich Town, celui de l’âge d’or 1978-1982.

    S’ensuivirent trois saisons extraordinaires des Tractor Boys (1979-1982). Ils figuraient déjà régulièrement dans le top 5 de D1 au cours des Seventies, mais l’arrivée des deux Néerlandais les propulsa dans une dimension supérieure.

    3è de D1 en 1980, 2è en 1981, 2è en 1982, FA Cup en 1978, le tout avec un effectif restreint et des moyens bien plus limités que les grosses écuries de l’époque, Liverpool, Man United, Arsenal...

    Et la C3 en 1981 bien sûr, avec notamment une atomisation en règle de Sainté, comme mentionné par José-Mickaël dans son message. 7-2 sur les deux matchs. Ils avaient une putain d’équipe, managé par le grand Bobby Robson (1969 à 1982).

    Ipswich, au passage solidement en lice cette saison pour remonter en Premier League, après 22 ans d’absence (actuellement 2è, derrière l’intouchable Leicester lien) peut remercier l’Union Européenne.

    L’UE (alors CEE), en février 1978, força en effet la Football Association (et d’autres fédés de la CEE, si c’était le cas) à lever son interdiction aux clubs anglais de recruter des joueurs étrangers (en l’espèce, les Communautaires). Ce “ban” anti-étrangers etait en vigueur depuis 1931. À l’époque, la Football League, la FA et la PFA (syndicat des joueurs, alors appelé le “Players' Union”) s’étaient prononcées pour ne plus avoir d’étrangers dans le foot anglais.

    Quelques scandales, concernant notamment le riche Arsenal, avaient persuadé les instances de jouer à fond la carte protectionniste.

    Le move à Highbury en 1913, qui pouvait accueillir presque 75 000 spectateurs dans les années 1930, endetta initialement Arsenal mais progressivement les rendit blindés (surtout qu’avant la guerre ils étaient tombés en D2 – fun stat : la relégation de 1913 est la seule de leur histoire – et attiraient à peine 10 000 spectateurs au Manor Ground, leur stade pré Highbury, la montée très controversée en D1 les sauva ; enfin, je ne vais pas ici raviver le scandale de 1919 avec Tottenham même si on en parle encore…). Une situation confortable qui leur permit de faire venir Herbert Chapman d’ailleurs, d’éclater quelques records £££ de recrutement et de récolter le surnom de “Bank of England club/team”.

    Chapman avait des contacts à l’étranger (notamment l’immense Jimmy Hogan sur le Continent et Hugo Meisl en Autriche, voir plus bas, l’affaire Rudolf Hiden), et “recrutait trop d’étrangers” ou essayait d’en recruter trop en tout cas, selon les instances et la PFA. Saison 1930-31, les Gunners ne comptaient pourtant dans l’effectif… qu’un seul étranger (un Néerlandais, fraîchement arrivé et difficilement recruté, difficile d’obtenir un permis de travail).

    Une grosse polémique éclata à ce sujet en 1930 (“trop d’étrangers”), Chapman et Arsenal protestèrent, la FA et la PFA piquèrent leur crise et tout ça conduisit à l’interdiction de recruter du pad’cheznous pendant 47 ans.

    L’étincelle qui fit déborder le vase fut la polémique autour du gardien autrichien Rudi Hiden (plus tard franco-autrichien), que Chapman voulait absolument en 1930. Hiden était le très prometteur portier de la “Wunderteam” autrichienne des années 1930, mais il se vit refuser son permis de travail britannique par le Ministère du Travail, et la FA décréta l’interdiction dans la foulée. Hiden fila au Racing Club Paris à la place, qui sera Champion de France en 1936.

    Y’avait quelques exemptions à cette règle cependant, les Irlandais par exemple (en vertu de la CTA, lien et, en version courte française, lien), et les étrangers résidant au Royaume-Uni depuis au moins deux ans, Bert Trautmann notamment en bénéficia.

    Une autre règle permettait de contourner l’interdiction, si un joueur jouait en amateur à l’étranger depuis au moins deux ans, un club anglais pouvait le recruter. C’était risqué évidemment, et fallait un bon dossier et des contacts pour décrocher un permis de travail, mais ça pouvait payer gros. C’est ce qui se passa pour quelques Sudafs par exemple, citons Gerry Francis lien et le formidable ailier Albert Johanneson lien à Leeds United, qui fit tant pour le grand Leeds de l’époque mais qui fut si cruellement traité en retour.

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