Ecran de fumée
En se gardant bien d'épiloguer sur l'épisode du double carton rouge du match OM-PSG, on aura quand même remarqué l'étrange traitement télévisuel de cet incident par Canal+...
Auteur : Jamel Attal
le 22 Fev 2000
En se gardant bien d'épiloguer sur l'épisode du double carton rouge du match OM-PSG, on aura quand même remarqué l'étrange traitement télévisuel de cet incident par Canal+. Première surprise, alors que d'ordinaire le téléspectateur est gavé de ralentis —obsessionnellement disséqués par des commentateurs qui "décortiquent" les hors-jeu et les actions litigieuses avec un plaisir de pervers— cette fois, pas de retour sur les faits, ni pendant l'arrêt de jeu, ni pendant la mi-temps. Il y a de très louables intentions à un tel choix, comme la volonté de ne pas verser de l'huile sur le feu, de ne pas alimenter inutilement les rancœurs en revenant virtuellement sur des décisions arbitrales de toute façon irrévocables. On aimerait d'ailleurs qu'un tel souci porte sur toutes les décisions et pas seulement sur celle-là. Le problème est que Sébastien Perez est gravement impliqué dans l'altercation, que ses coups portés à Laurent Leroy auraient dû lui valoir une exclusion. Alors Canal+, en toute connaissance de cause, aurait pu éviter de faire de Perez le héros du match, et maintenir sa ligne "diplomatique". Au lieu de cela, un Gilardi enthousiaste salue le "grand match de Perez"(malgré les rappels embarrassés de Rémi Garde), insistant lourdement sur la performance du latéral qui aura même l'honneur de l'interview final.
Les supporters parisiens ont certainement mangé leur casquette, mais le problème n'est pas là. Au moment où l'on compte un nombre anormal d'attaquants cartonnés en rouge, où les coups de folie s'emparent de joueurs comme Porato ou Anderson, où la morale des provocateurs semble presque toujours l'emporter, il serait judicieux que les télévisions évitent d'être trop complaisantes en sacrifiant l'objectivité au "télévisuellement correct".