France-Bulgarie : trois minutes, douche comprise
Hormis l'essentiel, l'équipe de France n'a rien assuré à Sofia. Les circonstances n'ont pas aidé, mais ces trois points n'amoindrissent pas la frustration.
Mieux vaut un match plié à 3e minute qu’un match perdu à la 90e: l'allusion marche aussi bien avec certain vieux souvenir ressassé qu'avec une toute récente défaite en Suède. Trois minutes et trois points, le "piège" est évité, l'essentiel assuré. Mais même ceux qui s'attendaient à un match âpre et peu esthétique ont pu s'affliger de la pauvreté de la rencontre et du jeu français.
Premier responsable, techniquement, à la fois de cette précieuse victoire et de cette manière pénible, Didier Deschamps écopera de reproches qui iront jusqu'à lui prêter la volonté de faire mal jouer l'équipe de France. Ce n'était probablement pas son plan, même si l'on retrouve sa patte dans ce résultat, acquis sur un but surprise et conservé essentiellement grâce à une bonne solidité défensive. Le problème étant que les Bleus sont toujours aussi enclins à subitement perdre pied pour offrir des occasions inespérées à leur adversaire, aussi faible soit-il, sans parvenir à tuer une telle rencontre.
Cette fois, Deschamps avait pourtant pris le parti d'une certaine audace en titularisant Lacazette et Tolisso en plus de Kylian "à la demande générale" Mbappé. Offensivement et pour l'animation en général, cette expérimentation fut un échec assez complet, seul le quatuor de la défense s'en sortant avec les honneurs. Certes, les conditions n'ont pas favorisé l'expression, entre les absences (Pogba, Dembélé), la pluie, l'agressivité limite des Bulgares, la sortie précoce de Kanté et les longues interruptions pour blessures. Mais elles n'expliquent pas, en plus du manque d'idées des Bleus, leur déchet technique et leurs faillites individuelles.
Non seulement les attaquants ont assez mal collaboré, mais ils se sont égarés dans des tentatives en solo qui se sont soldées par des échecs. Non seulement les milieux n'ont pas assuré d'emprise sur l'entrejeu, mais ils ont trop rarement porté le danger devant. Et les enchaînements offensifs réussis, à plus de cinq ou six passes, ont été terriblement rares.
L'ultime match de ce groupe A, mardi contre la Biélorussie, ajoute à l'objectif de la victoire celui de renouer avec les meilleurs moments de ce parcours qualificatif plutôt qu'avec la faible copie d'hier soir.
Les gars
Le match de Lloris s'est déroulé presque tout entier à la 37e minute. Il cafouille un tir vicieux de Nedelev et exécute une parade salvatrice avant de voir le tir de Slavchev frôler ses montants. Moins pénalisantes, ses relances au pied ont été médiocres.
Pour un troisième choix à un poste auquel on fustige la faiblesse des internationaux français, Digne s'en est remarquablement bien sorti. Il a tenté sur son aile et est régulièrement passé. Son centre en semi-retrait est une avant-dernière passe décisive sur le but (3e). Un bon tacle pour finir, histoire de chasser les fantômes.
Constat analogue pour Sidibé. À l'aise dans le combat et auteur d'importants retours défensifs, il dégage aussi plusieurs ballons très chauds – ne serait-ce que sur la triple occasion bulgare, quand il prive Manolev d'une reprise à bout portant (37e). Lui aussi a eu le mérite d'un volontarisme dont ses coéquipiers ont été plus avares.
Les défenseurs centraux ont mal commencé leur match, en perdant deux ballons dangereux (7e et 8e), avant de se ressaisir complètement. Varane a été impeccable dans le placement, les duels et les compensations, éteignant les velléités adverses au moment du quart d'heure bulgare. Lui comme Umtiti ont cherché des relances utiles – allant jusqu'à passer eux-mêmes la première ligne, voire à se projeter – mais il y avait peu de solutions devant eux. Le Barcelonais a dominé l'espace aérien, comme lorsqu'il nettoie successivement deux ballons de la tête (69e).
Sur les fiches du staff bulgare, il était probablement fait état de la nervosité de Tolisso et après une série de taquets, il a paru perdre son sang-froid – la dernière chose à faire dans un tel match. Un bon tir à côté (19e), deux centres sur lesquels Iliev devance Griezmann et Mbappé (14e et 25e), une belle ouverture pour Mbappé (39e) témoignent d'une première mi-temps intéressante. Rien d'aussi notable en seconde.
Après un but qui signe son retour après trois absences consécutives, Matuidi a livré un combat intense, mais il n'est parvenu ni à passer ni à casser les lignes. Un joli tir du droit directement en touche (16e).
Alors que Kanté avait commencé assez timidement, peinant à trouver des solutions devant lui (hormis Mbappé sur une remontée de balle dans l'axe – 15e), on l'a vite regretté tant Rabiot est mal entré dans son match, au point de délivrer une passe quasi décisive pour Slavchev (37e). Lui non plus n'est pas parvenu à faire ressortir beaucoup de ballons exploitables en attaque.
On a d'abord pensé que les inspirations et la vitesse de Mbappé finiraient par être décisives. Il trouvre ainsi une première position de tir (14e). Mais cette fois-là comme la suivante, alors qu'il s'était ouvert une belle fenêtre de frappe (45e+1), il manque d'efficacité. Ses départs en dribles ont aussi essuyé des fins de non-recevoir (29e, 64e, 71e). Il a quand même été de toutes les (rares) combinaisons qui ont fonctionné dans les trente derniers mètres, et il sert Griezmann puis Lacazette sur un plateau (26e et 29e) Mais son match a plutôt été à l'image de cette reprise ratée et en position de hors-jeu (56e).
Comme le démontre sa passe décisive pour Matuidi, Griezmann a conservé son sens du jeu dans les intervalles, mais son influence a très vite décliné après sa seule occasion – un tir trop croisé qui aurait pu tuer le match (26e). Il n'a pas trouvé sa place dans un axe très encombré, et n'a su se rendre utile ni sur les côtés, ni en décrochant.
Enfin titularisé dans un match à enjeu, Lacazette a souffert, lui aussi. Faute d'espaces et de ballons exploitables, il a été le moins dangereux des attaquants, malgré son ouverture parfaite pour Digne sur l'action du but. Il est repris sur sa seule occasion, malgré le service de Mbappé (29e), et se trompe de passe puis de dribble sur un bon contre (66e).
Sans y voir un lien de cause à effet, Payet est entré au moment où les Bleus ont cessé d'attaquer vraiment: c'est dire qu'on l'a peu vu lors de ces vingt minutes. Il ne pouvait en aller autrement pour Giroud, qui a juste eu le temps de montrer que lui aussi pouvait galvauder une action offensive et prendre un carton pour fêter ça.
Le pont au dessus d'une eau trouble
(via @kapweech)
Vu du forum
=>> McManaman - 20h50
En fait, historiquement, on n'a jamais eu de grands résultats sans un milieu de la Juve. Merci Blaise pour ton transfert.
=>> animasana - 20h57
Après les dernières prestations de Kurzawa, je me retrouve à m'enflammer dès qu'un centre de Digne arrive à destination.
=>> matthias - 21h03
Nous au PSG, on en est à se rappeler au bon souvenir de Nicolas Laspalles. J'te jure t'as de la marge.
=>> matthias - 21h13
Rien à voir, mais j'espère que le TPI de la Haye s'emparera du dossier sur la pub de bord du terrain "Carlsberg : probably the best beer in the world". Nan parce qu'on a beau vivre dans une société de consommation, y a des limites à l'indécence.
=>> michelidalgo - 21h35
Pas d'inquiétude, les gars. La Bulgarie, c'est de l'eau.
=>> McManaman - 21h39
Dommage que le collectif soit sorti sur blessure avant la mi-temps.
=>> Mevatlav Ekraspeck - 22h03
Ce milieu est un naufrage, le Rabiot de la méduse.
=>> Joey Tribbiani - 22h09
Incontestablement l'entrée de Rabiov a fait beaucoup de bien au milieu bulgare.
=>> Mevatlav Ekraspeck - 22h13
Oui, ils ont la Bavolev...
=>> O Gordinho - 22h17
71e minute: Comme les Lyonnais depuis des années, j'attends toujours l'entrée de Lacazette.
=>> Tricky - 22h25
Matuidi m'est assez sympathique, mais tout de même, sur ce match, on croirait un éboueur marseillais. Je marque au bout de trois minutes, et je rentre chez moi.
=>> emink - 22h30
Ce gros plan et cette sortie interminable de MBappé, ça m’a rappelé Macron au Louvre, le soir de son élection.
=>> Mevatlav Ekraspeck - 22h31
Pas illogique que Zanev se retrouve avec une autoroute devant lui.
=>> Coach Potato - 22h32
Quand Giroud est parti vers le poteau de corner, vous y avez pensé aussi?
=>> la menace Chantôme - 22h42
Comme quoi, pour marquer dans des angles impossibles, les pieds carrés, ça peut servir. Merci Blaisou !
=>> Mevatlav Ekraspeck - 07/10/2017 à 22h56
En tout cas, offensivement, il y en a certains qui, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils sont à leurs postes.
La compo inattendue
Côté bulgare, l'expression "être capable de jouer à deux postes différents" a été un peu trop prise au pied de la lettre pour Bodurov.
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