La Gazette, numéro 67
Thérapire
Patrice Loko revient au premier plan, cela fait plaisir et cela donne de la matière aux journalistes qui adorent les résurrections. Ils adorent aussi rappeler systématiquement ses déboires de 1995. Pas un reportage qui ne s'attarde pesamment, surtout pas celui de Stade 2, conglomérat de journalistes lourds, qui est allé déterrer des images de l'INA. L'ex-Nantais doit ressentir quelque amertume a avoir cravaché comme un fou afin de revenir au premier plan et marquer des buts de fou (50e), pour s'entendre rappeler constamment les moments de sa vie auxquels il a le moins envie de penser.
Homme-sandwich au jambon
Montrer un message personnel sur son T-shirt est devenu rituel pour les buteurs. Montpellier-Bastia samedi dernier en a offert deux illustrations assez particulières. Mansaré a opté pour une formulation très officielle ("But dédié à ma famille"), en caractères helvetica narrow 664 points. Du travail de pro. Par, contre, il faudrait expliquer à Maoulida que "Puma" n'est pas un message personnel et que relever son maillot pour montrer un logo qui explose la surface autorisée pour un équipementier, c'est un peu con. On lui accordera le bénéfice du doute, mais l'idée qu'il est inconscient de son geste n'est pas très rassurante non plus. D'ailleurs, il serait temps d'interdire ces tricots qui semblent devenus obligatoires, et qui transparaissent parfois sous la fibre synthétique des maillots trop clairs (cf. Adidas et le Real). C'est de la pub subliminale à trois francs, mais ça marche trop bien. Et il n'y a qu'à voir où ça a mené Anelka.
Trophée des lampions
Restons dans les grandes trouvailles du marketing. Alors que la guérilla entre le ministère des sports et la LNF a été rallumé par un décret de Marie-George Buffet qui limite le pouvoir des Ligues professionnelles, la Commission du marketing, dans laquelle s'affairent les laborantins ultra-libéraux des Martel, Campora et autres Aulas. Ils ont enfanté d'une réforme du Trophée des champions qui associera désormais les champions de D1 et D2 et les vainqueurs des deux coupes, dans un tournoi à quatre promis à la passion des foules du mois de juillet. Gérard Bourgoin : "Cet élargissement répond à notre volonté d'apporter plus d'argent aux clubs, car nous sommes dans une guerre économique" (L'Equipe). Splendide. Le bourrage de calendrier n'est toujours pas un délit pénal.
Le Lundi à l'ombre
Et pendant que cette Gazette s'écrivait, Laurent Perpère était invité de Lundi Foot (une émission dispensable sur L'Equipe TV) pour défendre "nous autres gros clubs" et décliner son discours habituel, dans la droite (très droite) ligne du Club Europe ou du G14, deux associations de malfaisants qui accusent les autres de faire de l'idéologie quand eux ne font que ça. Face à la crème du journalisme sportif (Ménès, Nedjari), impressionnée par l'énarque, il a pu bénéficier de la complaisance requise, une fois passée les quelques objections, avancées avec déférence. A entendre le président du PSG, les clubs français ne toucheraient pas l'argent des droits télé. Personne ne relève, tout le monde reste à peu près muet devant la fatalité de donner plus d'argent à des clubs qui ont déjà calciné des millions en pure perte. Toute le monde hoche la tête à l'idée que le football est devenu un business, et donc que pour en être bien sûr, il faut tout abandonner tout ce qui reste au business (sous peine de passer pour un ministre brejnevien). Le réveil survient à propos de l'introduction des clubs en bourse, qui semble à juste titre très irréaliste et qui ne convainc pas l'invité (mais il veut quand même en avoir la possibilité).
Et quand il parle ensuite du PSG, Laurent Perpère est encore plus triste.