Le bilan tactique du premier tour
Euro : les Cahiers sur lemonde.fr – Les deux semaines de la phase de groupes ont rendu leur verdict. Elles ont aussi dévoilé les grandes tendances tactiques du tournoi qui fait la prime au classicisme et au règne des passeurs.
Le football semble être arrivé au bout de son processus d’innovations systémiques. Pour paraphraser le titre du livre du journaliste anglais Jonathan Wilson, la pyramide s’est inversée, du 2-3-5 initial aux 5-3-2 parfois aperçus aujourd’hui. "Nous sommes la génération d’entraîneurs qui utilise les vieilles formations ; nous n’en inventons pas de nouvelles", dit un jour Arsène Wenger, l’entraîneur français d’Arsenal. Cet Euro n’échappe pas à la règle, et son élargissement à vingt-quatre nations, qui aurait pu contribuer à plus de variété, conforte au contraire un certain classicisme.
Sans prendre en compte les ajustements en cours de match, qui sont avant tout conjoncturels, des milieux à trois ont été alignés au coup d’envoi d’au moins une rencontre chez dix-neuf des participants. La seule nuance concerne le sens du triangle : dix ont utilisé une pointe haute, en 4-2-3-1, et neuf une pointe basse, en 4-3-3. La France est la seule à avoir inversé son triangle entre deux rencontres (4-3-3 contre la Roumanie et la Suisse, 4-2-3-1 contre l’Albanie).
Les défenses à trois centraux, elles, se comptent sur les doigts d’une main. L’Italie a pris cette option pour profiter à plein de son point fort, le trident turinois (Barzagli-Bonucci-Chiellini devant Buffon) ; le Pays de Galles car le nombre défensif permet de libérer ses talents offensifs, Gareth Bale en premier lieu ; l’Irlande du Nord en début de tournoi puis l’Autriche dans un 3-4-3 coup de poker – en vain – contre l’Islande (1-2) sont les seuls autres exemples. Comme nous l’avions deviné, pas de surprise sur ce plan. L’Euro n’est pas un laboratoire tactique. (...)