Le sous-marin bleu
La rédaction ayant renoncé, c'est l'incomparable JPS qui s'est chargé de régler son compte à cette misérable équipe de "peintres en bâtiment", qui a salopé le boulot à Chypre...
Trêve de mièvrerie et d'indulgences indues. Les Cahiers du football (canal habituel) n'ont même plus la force de défendre l'équipe de France, alors ils m'ont dépêché pour dresser le tableau de ce France-Chypre. Et quelle croûte infâme, peinte avec les pieds par des hémiplégiques... TF1 avait des allures de galerie d'art de l'avenue Matignon, quoique le stade GSP (c'était plutôt GPS pour des joueurs français complètement égarés) soit assez loin d'évoquer la pierre de taille du 8e arrondissement. Il avait plutôt l'air d'un Furiani rénové, en 2054. Idéal pour les audiences en petit comité de la première chaîne, qui doit se mordre les doigts d'avoir dépensé une fortune pour avoir l'exclusivité d'une équipe de peintres en bâtiment, alors que le groupe Bouygues en paye des milliers, largement aussi talentueux, en dessous du SMIC. Thierry Roland ferait un meilleur audimat dans une émission d'Arthur. Les célèbres questions surtaxées en deviendraient presque "difficiles", faute de gogos incultes, c'est dire.
Même Larqué a pitié
Voilà où l'équipe de France en est rendue : à prendre des gaillards comme Pires pour des sauveurs potentiels. Le petit Ribery (que j'ai supervisé quand il était encore en National) lui mettrait l'enfer à l'entraînement, et encore, avec une jambe dans le plâtre. Son médecin s'est gouré dans les prescriptions et lui a refilé les doses de Lexomil de Letizi ou quoi? Mon orthopédiste m'a toujours dit qu'on ne pouvait pas courir très vite avec les pieds en canard, mais là, il marche carrément à reculons, même Ngotty le battrait sur dix mètres départ arrêté. C'est simple, sa deuxième mi-temps a été meilleure que sa première. Il s'est au moins mis au niveau de ses partenaires, dont on aurait juré qu'ils avaient ingurgité des litres de jus d'orange pressé par Bernard Tapie. Des passes plus molles que des érections d'octogénaire, des imprécisions de sonde martienne européenne, un engagement à la Pierre Méhaignerie et une créativité de publicitaire albanais... Quel festival.
Dacourt arrive à se mettre des coups à lui-même, Luyindula confirme le fait qu'Aulas ne vend que des joueurs défectueux, Gallas n'ajuste ses centres qu'au troisième poteau, Vieira joue avec autant de conviction qu'un acteur de Lelouch et Henry n'en finit pas de confirmer la valeur pitoyable du football anglais (il ne peut marquer que tout seul, avec des espaces aussi grands que sa demeure londonienne). Des cafés crème à la louche, comme dirait Larqué. Même lui prend pitié de cette équipe de miséreux, s'excusant d'avoir allumé Mavuba lors du match précédent. Tout part en quenouille, je vous le dit.
Chypre, si proche
Face à une telle opposition, les Chypriotes ont réussi à placer des petits ponts pour la première fois de leur carrière, et on aurait pu prendre Okkarides (une sorte de Henri Dès avec un ocarina) pour un pur produit de l'école brésilienne. Okkas s'est même payé le luxe de se prendre pour le fantôme de Charisteas (bouh!) et Barthez, le clown triste, s'est fait mitrailler comme un gardien de CFA et peut se féliciter que son poteau n'ait pas été d'exécution.
Bon, il n'y a pas eu que du négatif. L'ambiance Louis II a au moins eu le mérite de mettre Squillaci et Givet dans de bonnes conditions: ils sont parvenus, avec une remarquable régularité, à dégager les ballons n'importe où avec une certaine vigueur. Wiltord a fait figure de génie, en étant le seul international français capable de courir autrement que comme un dératé vers le but adverse. Et Moreira a nettement relevé le niveau en réussissant le seul dribble de son équipe et en ratant son occasion mieux que les autres. Je pouffe.
L'équipe de Raymond Domenech n'a toujours accouché de rien, et il a déjà le baby blues. Le bonhomme qui esbaudissait le parterre des salles de presse avec ses saillies spirituelles se prend désormais les pieds dans sa langue de bois et affiche déjà une mine de grand dépressif dépigmenté. Aucun maquillage ne pourrait d'ailleurs masquer qu'il n'a même pas les compétences pour entraîner Luiseaux-Couhans. Son plus grand coup tactique du match aura été d'envoyer s'échauffer Evra en achevant de décomposer le pauvre Silvestre, pour finir par le faire entrer à la place de… Luyindula à la 66e minute. En voyant ça, je me suis claqué la lèvre dans un rictus d'incrédulité.
Le sélectionneur s'accroche à la métaphore de la reconstruction et voit ses ouailles "franchir un pallier". À ce rythme-là, il ne vont le franchir que pour tomber au fond du vide sanitaire. Je ne vois qu'une solution pour prendre le parti de ce ridicule qui nous rattrape: la nomination d'un Comité de salut public composé de Vincent Duluc (il me plaît bien, lui), Gervais Martel (avec son look à la Travolta dans "Pulp Fiction", il y aurait du spectacle en conférence de presse) et José Anigo (pour faire redescendre les testicules de cette équipe de post-adolescents). Comme de toute façon nos starlettes n'ont plus envie de venir se coltiner le nouveau règlement de Clairefontaine, il faudra faire une équipe avec des jeunes du centre de formation nantais et quelques piliers de L2. On ne marquera pas plus de buts, mais au moins on verra trois passes de suite.