Les visiteurs du mercredi
Après s’être exercée sur tous les types de terrain qu’elle ne connaîtra pas en juin-juillet (gelé, décomposé, détrempé), avoir rencontré toutes les équipes qu’elle ne rencontrera pas au Mondial, avec tous les schémas tactiques qu’elles n’emploiera pas, l’équipe de France peut enfin clore cette pénible saison de matches amicaux. Ne jetons pas la pierre à Aimé, qui n’a jamais pu imposer à sa hiérarchie le programme qu’il souhaitait, et dont le prochain stage à Tignes va encore se dérouler avec un effectif partiel.
Nos Bleus promus à de hautes responsabilités dans leurs clubs (avec lesquels ils poursuivent quasiment tous un titre ou une place en Ligue des Champions) ne sont décidément pas motivés par les rencontres sans enjeu – seuls le Stade de France et le Vélodrome ont pu en fournir, ce sont d’ailleurs les seuls bons souvenirs que nous voulons garder : contre l’Espagne et la Norvège, l’équipe a vraiment joué, et plutôt bien. En manque de pression, les joueurs n’arrivent plus à élever leur niveau, seuls ceux qui avaient quelque chose à prouver ont montré plus de volonté (Lizarazu, Lamouchi, Djetou, Vieira). Même Jacquet que nous n’avons pas pour habitude d’éreinter dans ces pages nous fatigue par ses déclarations crispées et opaques : il est tellement sur la défensive que son discours devant les caméras est raide comme la justice et cassant comme une gaufrette. Il est vrai qu’à quelques jours de l’annonce de la liste des 22, il doit sentir une certaine pression, d’autant que les médias abandonnent l’union sacrée pour reprendre le tir à vue.
Le spectateur aussi est en manque de flamme : l’ennui et l’exaspération suscités par les deux dernières rencontres ne font qu’accroître notre impatience d’en arriver aux choses sérieuses. Les derniers rendez-vous avant le 10 juin, aussi peu alléchants soient-ils sur le papier, se dérouleront avec des joueurs enfin soumis à la pression d’une compétition imminente.