Top 10 : les intérimaires
Arrivés en cours de saison, ils ont apporté, chacun à leur manière, à leur nouveau club. Sélection de ces joueurs ou entraîneurs dont le passage éclair en Ligue 1 ne sera pas passé inaperçu.
Avec le mois de janvier réapparaît le cortège des rumeurs de transferts. Mais à bien y regarder, les noms concernés restent bien moins bling-bling que ceux évoqués en période estivale. Point de Paul Pogba ou de transferts à cent millions: il est davantage question de clubs à la lutte pour la relégation, de blessé à remplacer, de têtes brûlées en conflits avec leurs clubs ou d’anciens espoirs en quête de relance. On assiste bien souvent à la rencontre du club dans l’urgence et du joueur à la courbe descendante. Florilège de ces joueurs de passage.
10. David Beckham, le crépuscule parisien
De toutes les piges, celle du Spice Boy au PSG est sans conteste la plus célèbre. Il serait injuste de ne résumer ce transfert qu’à un coup marketing. Sportivement, l’Anglais s’est accroché et les Français ont davantage découvert un joueur discipliné et opiniâtre que le surdoué au pied droit magique des années mancuniennes. Mais indubitablement, le passage de l’ancien joueur de Los Angeles aura contribué à propulser le PSG dans une autre galaxie.
9. Iván Pérez, l'homme d'un match
La saison 1998/99 reste marquée par le mano a mano entre l’OM et les Girondins de Bordeaux. L’histoire retient la défaite marseillaise au Parc à la 32e journée comme un tournant, celui qui permet aux hommes de Baup de reprendre le commandement pour ne plus le lâcher. Mais on oublie que dans le même temps, les Girondins s’imposent très difficilement à Bollaert. Alors qu'ils sont menés 2-1 après une demi-heure de jeu, c’est Iván Pérez, débarqué en janvier pour compenser le départ de Kaba Diawara, qui inscrit un doublé et l’Ibère tout Bordeaux. Un éclair dans une carrière bien terne au demeurant (64 matches de Liga pour... quatre buts).
8. Giovanni Sio, la relance sochalienne
On en connaît des joueurs aux choix de transfert douteux. Mais chez Sio, c’était général. Formé à Nantes, l’attaquant ivoirien n'y décroche pas de contrat pro. Il perd deux ans à la Real Sociedad puis patiente une saison avec la réserve de Sion avant d’avoir sa chance avec l’équipe fanion. À vingt-et-un ans, il dispute enfin une saison professionnelle pleine. Il attire l’attention de Wolfsbourg puis Augsbourg... où il ne marque pas en deux demi-saisons. Malgré ces échecs successifs, Sochaux, alors relégable, décide de voir ce que donne Giovanni. L’impact est immédiat avec deux buts lors de ses deux premières rencontres, dont une mémorable victoire contre le PSG d’Ibrahimovic. Avec quatre buts et autant de passes décisives, il participe à la bonne fin de saison des Lionceaux qui obtiennent leur maintien à la 37e journée.
7. Adrien Rabiot, le décollage toulousain
En janvier 2013, Toulouse doit pallier le départ de Moussa Sissoko. Olivier Sadran jette son dévolu sur Adrien Rabiot, tout juste dix-sept ans et à peine six matches de Ligue 1 au compteur. D'abord sceptiques, les supporters de la ville rose, de Carcassonne à Castelnaudary, se rendent vite compte que c’est du talent que le garçon a sous les crampons. Sa technique sûre, son volume de jeu et son assurance séduisent le Stadium. Ce prêt permet de lancer la prometteuse carrière de Rabiot, qui est désormais un membre à part entière de l’effectif parisien, passant devant un milieu confirmé comme Clément Chantôme. Une trajectoire que couve affectueusement du regard le Rabiot Kop.
6. Lucas Bernardi, l'électrochoc phocéen
Formé aux Newell’s Old Boys, Bernardi fait partie d’un jeune milieu de terrain plein de promesses – avec Almiron, Manso, Ponzio ou encore Maxi Rodriguez. En janvier 2001, il rejoint l’Europe direction un OM en perdition et instable, 14e en championnat et doté d’un effectif médiocre où seuls surnagent Gallas et Belmadi. Inconnu en France, les supporters phocéens peinent à retenir son prénom: "Bernardi…Hamed?" "Non, non, Lucas." Dès le premier match, son activité et sa technique impeccable tranchent avec le volume limité de la plupart de ses partenaires du milieu de terrain. Le souvenir de l'Argentin est encore bien vivace dans les esprits des supporters marseillais. Tellement qu’il est difficile de croire qu'il n’y a disputé que neuf matches officiels.
5. Hervé Renard, la course (perdue) contre le temps
En octobre 2013, Hervé Renard quitte la Zambie pour rejoindre Sochaux. Pas vraiment surprenant, depuis le temps que Renard clame que le Comtois est bon... Avec cinq points en neuf matches, les Sochaliens sont alors proches du zorro pointé. Les premières semaines, l’entraîneur détonne plus par son style en conférence de presse – lui qui moule son corps beau dans des chemises blanches béhachéliennes – que par ses résultats. Le club reste englué à la 19e place mais Renard profite de la fenêtre de transfert hivernale et signe trois de ses anciens poulains zambiens chez les Lionceaux. La qualité de jeu revient, les victoires arrivent et Sochaux revient à un point de l’ETG, qu’il accueille lors de la dernière journée. Une défaite 3-0 met fin à la jolie fable.
4. Jakob Friis-Hansen, le sourire européen
Friis-Hansen, un nom qui parle surtout aux supporters lillois puisqu’il porte les couleurs du LOSC pendant plus de six saisons, ce qui lui permet de glaner ses premières sélections avec le Danemark. Confronté à la blessure de William Prunier, les Girondins le recrutent à l’hiver 1996. Habitués à jouer les premiers rôles, ils sont englués en milieu de tableau. Malgré de bons matches de sa recrue, qui fait notamment admirer sa puissante frappe de balle, Bordeaux termine à une triste 16e place. Le Danois prend cependant une belle part dans l’épopée européenne du club, titulaire lors des six derniers matches du parcours bordelais, et notamment l’élimination historique de l'AC Milan.
3. Franck Ribéry, le tremplin messin
Sur le papier, la venue de Ribéry au FC Metz était tout sauf un interim. Tout juste révélé en National avec Brest, l’ailier de poche de tout juste vingt ans est censé parfaire ses gammes dans l'élite sous la houlette de Jean Fernandez. Mais le Boulonnais n’est pas du genre boule au ventre. À peine un mois en Ligue 1 et le voilà élu joueur du mois. Une récompense due en grande partie à son récital du Stade Vélodrome au cours duquel il tourne Lizarazu en ridicule. Au sein d’un effectif plutôt bien pourvu en jeunes talents pour une équipe destinée à lutter contre la relégation (Obraniak, Signorino, Babacar Gueye, Contout), Ribéry contribue grandement à placer Metz à une inespérée 13e place à mi-saison. Un désaccord entre l’agent du joueur et Carlo Molinari scelle un transfert nébuleux vers Galatasaray dans les toutes dernières heures du mercato. Il faudra patienter six mois pour retrouver Ribéry sur les terrains de L1, sous les couleurs marseillaises.
2. Viorel Moldovan, le retour du héros
Moldovan était le fer de lance de l’attaque des Canaris champions de France en 2001. Le club rentre dans le rang lors des deux saisons suivantes, et son attaquant roumain n’y est pas étranger, ne jouant que la moitié des matches et plafonnant à cinq buts par exercice. Lorsqu’il annonce à l’été 2003 qu’il se car(a)pate vers les Émirats, seuls les nostalgiques s’en émeuvent. La saison 2003/04 ne démarre pas beaucoup mieux pour autant pour les Nantais. Les Canaris sont neuvièmes à la trêve, et si l’équipe est relativement solide défensivement, elle reste bien molle devant. C’est le moment que choisit le Roumain, piteux, pour accepter un contrat avec le FCNA au rendement. Et bien lui en prend car Viorel est hardi, il inscrit la bagatelle de seize buts en seulement trois mois et treize matches! Il s’éteint par la suite, et la fin de saison laisse un sentiment d’inachevé avec la fameuse finale de coupe de la Ligue de la panenka de Landreau et une 6e place en championnat.
1. Majeed Waris, le gros moteur valenciennois
Valenciennes n’est plus sorti de la zone de la relégation depuis la 3e journée lorsque Waris y débarque en janvier 2014. Ariel Jacobs, qui a remplacé Daniel Sanchez, peine à redresser une équipe qui souffre d’une inefficacité chronique (moins de 0,9 but par match). En échec au Spartak Moscou, le jeune Ghanéen de vingt-deux ans ne tarde pas à trouver ses marques et frappe à cinq reprises lors de ses huit premiers matches, tout en adressant trois passes décisives. Ses appuis de feu, ses dribbles déroutants et son style peu académique affolent les défenses. Il finit la saison avec neuf buts en seize apparitions mais n’évite pas la relégation de son équipe, à la défense et au mental terriblement friables. Mais cela n’enlève rien au brillant passage du garçon, en témoigne ce vibrant hommage d’un responsable marketing dyslexique du constructeur automobile local, qui décide de lui dédier le nom d’un modèle.