Ballon d'Eau Fraîche 15/16, les candidats : Steve Mandanda et Benjamin Nivet
Place à deux joueurs expérimentés, qui totalisent chacun plus de 300 matches de Ligue 1. Un concentré d'expérience et de lucidité sur eux-mêmes et sur leur milieu.
Steve Mandanda, l'exemplaire
S’il n’y en avait qu’un à sortir de cette saison marseillaise, ce serait bien lui. Lui qui a tout subi, impuissant, devant son but, ne pouvant qu’empêcher le navire à la dérive de sombrer. Malgré une équipe à la rue, des ambitions remisées au placard, un climat délétère en coulisse et au Vélodrome, Steve Mandanda a fait front. Et même dans cette galère, il arrive à trouver du positif. “Ça a été l’une de mes saisons les plus éprouvantes, mais ça a aussi été une saison enrichissante, car j’ai eu beaucoup de choses à gérer”, a-t-il confié au Phocéen récemment. Il aurait pourtant pu s’épargner le pire de cette saison en signant pour un chèque bien gras en Turquie, cet hiver. Il a préféré rester fidèle à l’OM, pour aller au bout de sa neuvième saison au club (en comptant son prêt du Havre en 2007/2008).
Capitaine exemplaire, complimenté par tous ses coéquipiers sans exception, Steve Mandanda a tout fait. Il a gardé les buts, assumé ses rares erreurs (comme sa boulette lors de la défaite à Braga: “Je tue le match sur cette erreur d’appréciation.”) mais aussi celles, bien plus fréquentes, des autres devant les médias. Et quand il a brillé, il a gardé sa modestie, comme après ses exploits à Lyon (1-1 en janvier): “Je suis content, oui. En même temps, c'est mon rôle, mon job. J'essaye de le faire au mieux. Ce soir, ça a souri, tant mieux!” Il a joué le rôle de grand frère, devant hausser le ton pour recadrer un Brice Dja Djédjé trop véhément envers un arbitre ou un Georges-Kévin Nkoudou peu impliqué dans une mise en place à l’entraînement. Un “véritable capitaine”, résume son ancien entraîneur, Michel.
Steve Mandanda a aussi accepté un état de fait qu’il trouve peut-être injuste, mais qu’il préfère raisonnablement ne pas contester: son statut de numéro deux en équipe de France, figé malgré ses performances. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas ambitieux. Mais cela veut dire qu’il place l’intérêt du groupe avant le sien. Qu’il est prêt à se mettre en retrait pour le bien du maillot bleu. De la même manière qu’il a honoré mieux que quiconque celui de l’Olympique de Marseille cette saison.
Point fort
L’eau fraîche, il l’attrape au vol.
Point faible
À Marseille, l’eau fraîche risquerait de finir dans un pastis.
Slogan
Mandanda, c’est mon dada.
Benjamin Nivet, le doyen troyen
"J’aurais aimé évoluer à Barcelone mais avec le train de vie que j’ai à Troyes actuellement. Ma petite vie tranquille me plaît." Ainsi est Benjamin Nivet, esthète et amoureux du jeu pour le jeu, et non pour la lumière et la célébrité qu'il entraîne dans son sillage. "Je ne regarde aucun joueur comme une star, confiait-il à Eurosport il y a un an. Ce sont des joueurs de football, comme moi, avec une plus grande qualité pour certains. Mon tempérament, mon caractère ont fait ma carrière. Je ne suis pas le seul dans ce cas-là, à aimer la tranquillité. Je suis content de la manière dont j’ai mené ma carrière et ma vie." Son premier moteur? "Le plaisir, répond-il dans Le Monde. Ça prend le dessus sur tout le reste.?" Il lui a été difficile d'en trouver dans cette saison galère de Ligue 1.
À 39 ans, Nivet est le doyen de l'élite. "L’équipe des vétérans de Troyes veut me recruter", rigole-t-il. Déjà à Caen, ses coéquipiers le surnommaient “papy”. Avec 612 matches pros au compteur (311 en Ligue 1, 258 en Ligue 2 et 43 en coupes nationales) pour quatre clubs à peine en vingt ans de carrière, c'est peu dire qu'il a pour lui l'expérience, la sagesse et le recul sur sa profession. "Je sais faire attention. C’est un milieu où il faut se méfier et penser très vite à l’après carrière. J’investis dans l’immobilier, j’épargne."
Il conseille aussi ses jeunes coéquipiers, avides de connaître le secret de sa longévité (peut-être la "bonne bière" qu'il disait boire après les matches en 2012?), lui qui a un physique pourtant très ordinaire. Cela a d'ailleurs pu être un frein dans sa carrière. "Je ne suis pas puissant, pas physique donc du coup il faut trouver l’entraîneur dont le système peut s’adapter à toi. C’est peut-être pour ça que je n’ai pas pu jouer dans un plus grand club."
À Troyes, cet entraîneur, c'était Jean-Marc Furlan, son mentor pendant plus de six ans, avec qui il partage les mêmes convictions sur le beau jeu. "Pour moi le 'Football Vrai' c’est le beau jeu, détaillait-il il y a trois ans. Le plaisir de jouer ensemble, jouer pour son partenaire, se faire plaisir ensemble. Un peu comme on le voit à Barcelone. Je préfère une équipe comme le Barça qui est une équipe collective plutôt qu’une équipe remplie d’individualités."
Dans cette saison record à l'envers de l'ESTAC, Nivet n'a cessé d'en appeler à la solidarité, à l'honneur. Il n'a cessé, aussi, de souligner la responsabilité des joueurs, eux qui ont vécu deux changements d'entraîneur dans un club auparavant très stable. Cette saison sans aurait pu décourager le quasi quarantenaire (il le deviendra en janvier prochain) et le pousser à raccrocher les crampons. Au contraire, c'est un motif pour continuer un an de plus. Pour ne pas tirer sa révérence là-dessus.
Point fort
C'est peut-être sa dernière chance de recevoir le Ballon d'Eau Fraîche.
Point faible
On ne connaît pas le modèle de sa voiture.
Slogan
Nivet ou j'y vais pas!