Ne perdez pas de temps à lire ce texte, connectez-vous vite pour commenter les articles des CDF. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Dans un monde sans transferts...

Il y a douze ans, dans un univers parallèle, une action en justice de Marc Planus met fin à la possibilité pour les joueurs de changer de club. La hiérarchie du football en sort complètement bouleversée.

Auteur : Maniche Nails le 11 Août 2015

 

 

31 août 2003. L'histoire est connue. À quelques heures de la fin du mercato, les dirigeants des Girondins de Bordeaux trouvent un accord avec le FC Abingdon Town pour la vente de Marc Planus. Mais le jeune international espoir ne l'entend malheureusement pas de cette oreille (réticente à l'idée de s'immiscer sur les terres de Radiohead?). Il entame alors une action en justice contre son club, dans laquelle il dénonce la mainmise des dirigeants sur des joueurs considérés comme de simples marchandises. Pour Marc Planus, qui voulait surtout couler des jours heureux sur les bords de la Garonne et, à terme, passer pour le typique mec sympa attaché à son club de cœur, les conséquences de sa plainte sont inattendues. Certes, la Cour de justice de l'Union européenne invalide son départ dans l'Oxfordshire, mais ce sont même – sauf cas de force majeur – l'ensemble des transactions de joueurs qui deviennent illégales à cette date: le premier contrat professionnel d'un joueur est désormais irrévocable et définitif. C'est l'arrêt Planus.

 

 

 

"Je l'aurais bien vu dans un autre championnat"

On ne saura jamais ce que seraient devenus Anthony Le Tallec (410 matches, 75 buts) et Florent Sinama­ Pongolle (une sélection en bleu) dans un club plus huppé que Le Havre. On se souvient que les deux attaquants normands étaient très courtisés au début des années 2000, fraîchement auréolés de leur titre de champions du monde des moins de 17 ans. On les voyait déjà dans les meilleurs clubs d'Europe avant que l'arrêt Planus ne tombe. "Je crois bien que Gérard Houllier était à deux doigts de les faire signer à Liverpool. Avec leur talent, ils auraient facilement percé en Premier League", nous confie un peu amer Christophe Josse (journaliste pour Foot 3). Douze ans et une carrière en demi-­teinte plus tard, on peut évidemment nourrir quelques regrets pour ces deux grands anciens espoirs du football français. Avec Guillaume Hoarau ils ont su former au Havre un trio solide qui se qualifie fréquemment pour la Ligue Europa... mais voilà, à quelques semaines près, ils se seraient sans doute bâti un palmarès bien plus important.

 

 

 

 

De manière générale, de très bons joueurs révélés dans des clubs modestes, et dont la carrière semble bouchée, sont aujourd'hui légion dans les deux premières divisions françaises. Peut­-on dire que Ribéry, Koscielny, Giroud ou Matuidi sont à leur place à Metz, Guingamp, Grenoble et Troyes, où ils stagnent depuis maintenant une dizaine d'années? Il est permis d'en douter. On ne s'en plaindra cependant pas trop, l'arrêt Planus semblant avoir été plutôt bénéfique aux championnats un peu en perte de vitesse après la massive fuite de joueurs issue du non moins célèbre arrêt Bosman, comme c'était le cas en France. Côté spectateurs, on a ainsi pu constater ici une forte hausse des abonnements au détriment de la vente de maillots: "Une semaine sur deux je traverse la frontière pour aller admirer Ribéry et Pjanic à Saint-­Symphorien, nous confie Andreas, un habitant de Rhénanie. Par contre je ne vais pas m'amuser à acheter un nouveau maillot d'Obraniak chaque saison sous prétexte que le sponsor a changé."

 

 

 

L'amour du maillot, toujours d'actualité?

On peut d'ailleurs se demander si cette ancienne lubie des supporters, l'amour du maillot, a encore un sens aujourd'hui. Certains joueurs argueront que oui; Romain Danzé à Rennes ou Nicolas Seube à Caen, pour ne citer qu'eux. D'autres, sans les nommer, semblent pourtant jouer au football sans manifester un réel intérêt pour leur club. "Je me souviens, en 2004,  quand Fiorèse humilie Barthez au Vélodrome d'un magnifique coup du sombrero, avance vers le but vide puis laisse le ballon mourir sur la ligne. C'était clairement une provocation pour nous faire comprendre qu'il en avait rien à foutre de Paris et qu'il voulait venir à l'OM", se rappelle avec amusement José Anigo.

 

Aujourd'hui la LFP tente de sanctionner ce genre de comportements réfractaires, et les joueurs, bon gré mal gré, rentrent dans le rang. Dernièrement, la venue de la maman d'Adrien Rabiot au Camp des Loges pour distribuer des chocolats à l'ensemble du staff et les remercier de la bonne intégration de son fils dans l'effectif parisien (33 matches la saison passée) est révélatrice de ce climat qui s'apaise entre clubs et joueurs. On notera que la France n'est de surcroît pas une fatalité pour nos espoirs éclos très tôt. Paul Pogba ou Antoine Griezmann ont fait le choix de l'étranger, ce qui semble plutôt bien leur réussir pour l'instant.

 

 

 

Les cartes redistribuées en Europe

On l'aura compris: de nos jours, les clés du succès sont un excellent centre de formation et un bon recruteur dans les divisions amateur*. Bien sûr que cela nous attriste de voir le Real Madrid ou Arsenal condamnés à faire l'ascenseur faute de générations de joueurs toujours performantes, mais le dicton "le malheur des uns fait le bonheur des autres" est aussi valable pour le football. Et ce ne sont pas les deux dernières finales européennes qui vont nous démentir avec la présence de clubs inhabituels à ce niveau de la compétition. Pour rappel, en Ligue Europa, le Sporting Portugal s'était imposé 5­-4 face à Everton (C. Ronaldo: 1', 3', 89', 90'+2, 90'+7 ; Rooney: 2', 4', 90', 90'+5). Quant à la Ligue des champions, c'est le club italien de Pescara qui y a été sacré – pour sa première participation! – ­ face au KRC Genk de Kevin De Bruyne et Thibaut Courtois. Pour le coup, même sans l'arrêt Planus, nous n'aurions sûrement pas été capables d'imaginer un tel scénario de consécration précoce pour l'incroyable Marco Verratti. Un vainqueur surprise qui aura amené un vent de fraîcheur bienvenu au palmarès de la coupe aux grandes oreilles, et un exemple que seraient bien avisés de suivre les clubs français s'ils veulent un jour offrir un successeur à l'Olympique de Marseille (ah cette finale perdue il y a deux ans par le RC Lens de Kondogbia et Varane, on en tremble encore!).

 

En France justement, Lyon, grande victime de l'arrêt Planus, semble armé pour conquérir son premier titre depuis 2003 sur la scène hexagonale grâce une génération Lacazette/Fékir arrivée à maturité. Mais ça serait sans compter le champion sortant parisien, qui devrait encore être dans la course cette année: "Je crois que bon il faut espérer que notre trio offensif Jean-Eudes, Jean-Christophe et Jean-Kévin sera aussi prolifique que par le passé... Et tout dépendra aussi de la capacité de Clément [Chantôme] à tenir le rythme sur toute la saison. On sait qu'il est en grande forme puisqu'il vient d'être élu meilleur espoir du championnat pour la neuvième fois consécutive", nous expliquait l'entraîneur du PSG, Laurent Blanc. D'autant que de son côté, l'Olympique lyonnais aurait émis quelques doutes au sujet de la motivation actuelle de Karim Benzema, visiblement mal remis de sa courte idylle avec la chanteuse Shy'm. Malgré tout, à la question de Vincent Duluc dans L’Équipe, "Benzema parti pour rester?", nous serions quand même tentés de répondre par l'affirmative.

 

*On ne tarira d'ailleurs jamais assez d'éloges à propos de cette belle initiative de l'UEFA qui a tenu à financer la reconversion professionnelle des agents de joueurs (métier devenu obsolète avec l'arrêt Planus) en superviseurs de jeunes talents.

 

Réactions

  • Lucho Gonzealaise le 11/08/2015 à 10h29
    Ca irait à l'encontre de la liberté de déplacement des travailleurs chère à notre Union Européenne.

  • Lucho Gonzealaise le 11/08/2015 à 10h29
    (Répondais-je à SOS)

  • Paul de Gascogne le 11/08/2015 à 12h08
    Super article.

    N'hésite surtout pas à récidiver.

  • Lucho Gonzealaise le 11/08/2015 à 12h09
    En considérant tous les joueurs qui ont signé pro depuis 2003/2004, sans tenir compte des joueurs laissés libre par l'OL et uniquement l'OL, en prenant simplement les retraites comme fin de contrat, voici ce que donnerait l'effectif de Lyon cette année :

    Rémy Vercoutre 35 ans
    Anthony Lopes 25 ans
    Mathieu Gorgelin 26 ans

    Jérémie Bréchet 35 ans
    Anthony Réveillère 35 ans
    Romain Sartre 32 ans
    François Clerc 32 ans
    Johann Truchet 31 ans
    Jéremy Berthod 31 ans
    Sandy Paillot 28 ans
    Lamine Gassama 25 ans
    Sébastien Faure 24 ans
    Timothée Kolodziejczak 23 ans
    Mehdi Zeffane 23 ans
    Samuel Umtiti 21 ans
    Mouhamadou-Naby Sarr 21 ans
    Corentin Tolisso 21 ans

    Florent Balmont 35 ans
    Florent Malouda 35 ans
    Mahamadou Diarra 34 ans
    Yohann Gomez 33 ans
    Michael Essien 32 ans
    Bryan Bergougnoux 32 ans
    Sylvain Idangar 31 ans
    Jérémy Clément 30 ans
    Hatem Ben Arfa 28 ans
    Romain Beynié 28 ans
    Damien Plessis 27 ans
    Anthony Mounier 27 ans
    Maxime Gonalons 26 ans
    Jérémy Pied 26 ans
    Yannis Tafer 24 ans
    Clément Grenier 24 ans
    Enzo Reale 23 ans
    Sidy Koné 23 ans
    Jordan Ferri 23 ans
    Rachid Ghezzal 23 ans
    Nabil Fekir 22 ans
    Clinton Njie 21 ans
    Farès Bahlouli 20 ans

    Péguy Luyindula 36 ans
    Julien Viale 33 ans
    Grégory Bettiol 29 ans
    Loïc Rémy 28 ans
    Karim Benzema 27 ans
    Alexandre Lacazette 24 ans
    Ishak Belfodil 23 ans
    Harry Novillo 23 ans
    Alassane Pléa 22 ans
    Mohamed Yattara 22 ans
    Yassine Benzia 20 ans
    Anthony Martial 19 ans

    Ca fait quand même pas mal de monde et un effectif plutôt bien armé, avec quelques grognards et beaucoup de bons jeunes. Un peu léger peut-être en défense, mais effrayant en attaque. Pour tenir le coup financièrement, j'imagine que certains auraient déjà été laissés libre depuis la signature de leur contrat pro.

  • José-Mickaël le 11/08/2015 à 12h09
    Ah, la reconversion des agents en superviseurs, excellent gag final !

    ------
    Save Our Sport
    aujourd'hui à 10h22
    > N'aurait-on donc pas plutôt intérêt à simplement interdire la vente de joueurs?

    Je suis pour ! Soit un joueur termine son contrat, et alors il est libre (comme maintenant), soit le contrat a été interrompu, et en effet il peut y avoir des indemnités à payer par le joueur ou par le club (selon la raison de la rupture du contrat), mais en aucun cas un autre club ne doit s'immiscer dans cette affaire, par exemple en payant à la place du joueur des indemnités. Ce serait du débauchage.

    Non, si le joueur veut quitter un club à un an de la fin, il paie sa dernier année de contrat (je sais que certains joueurs l'ont fait) pour être libre, et si le club veut s'en débarrasser, il le libère à l'amiable (en lui offrant une petite prime pour le convaincre).

    Ainsi, les clubs ne pourraient engager que des joueurs libres, les transferts n'existeraient plus, et ça allégerait drôlement les budgets des clubs. Certes, les clubs formateurs ne pourraient plus gagner les millions nécessaires pour compléter leur effectif sans cesse pillé, mais justement, il ne serait plus sans cesse pillé.

    (Je ne comprends pas l'objection de Lucho.)

  • balashov22 le 11/08/2015 à 12h32
    Lucho Gonzealaise
    aujourd'hui à 12h09

    Si on suit la logique de l'article, il y a quand même certains joueurs qu'il faut retirer de ta liste, car ils n'ont pas été formés à Lyon. Le premier par exemple, Rémy Vercoutre.

  • dugamaniac le 11/08/2015 à 12h41
    Très bonne idée.

    Pour le dernier paragraphe, en fait je crains que les gros clubs continuent à l'être en allant chercher les enfants le plus tôt possible pour leurs centres de formations, c'est d'ailleurs déjà le cas.

    Et si la Fifa parvenait à stopper ce trafic d'enfants, les grabds clubs pourraient réagir en achetant les grands joueurs à la retraite comme mâle reproducteur, un peu sur le modèle des canassons ou de Zidane à Madrid.
    En plus avec le développement du foot féminin, on pourra aussi cibler des ovules à fort potentiel footballistique.

  • Lucho Gonzealaise le 11/08/2015 à 12h43
    Sauf que Vercoutre est arrivé à Lyon à l'été 2002, soit avant la mise en place de l'Arrêt Planus. C'est pour ça qu'il est intégré à l'effectif, comme Essien, Luyindula...

  • Maniche Nails le 11/08/2015 à 13h26
    dugamaniac
    aujourd'hui à 12h41

    La dérive eugéniste que t'imagines fait super peur !
    Sinon je suis évidemment d'accord avec ton premier paragraphe, la tendance à aller chercher toujours plus jeune ne ferait que s'intensifier encore. Mais malheureusement (pour les carrières des joueurs), si on fait un bilan récent des "ados" passés pros dans un grand club, combien de talents gâchés ou mal concrétisés pour un Messi nouveau Maradona à 15 ans ?
    A la place de Rooney on aurait eu Chris Eagles par exemple à Man U.

  • Pascal Amateur le 11/08/2015 à 14h10
    Maniche Nails
    aujourd'hui à 13h26

    combien de talents gâchés ou mal concrétisés pour un Messi nouveau Maradona à 15 ans ?

    > D'où le surnom de "Maradona des quatre-pattes".

La revue des Cahiers du football