Manchester, what else?
Annoncée depuis l’automne 2007, la victoire de Manchester United en Ligue des champions réussit l’exploit paradoxal de ne souffrir aucune contestation, sans pour autant soulever l’enthousiasme. Et la C1 a oublié de répondre à la question que tout le monde se pose. • Les observations en vrac • Le match de TF1.
Auteur : The A Team
le 23 Mai 2008
Malgré la réputation des finalistes, dix Anglais étaient présents au coup d’envoi pour disputer cette finale délocalisée au stade Loujniki. Et plus que la finale, c’est la compétition que Manchester a gagnée, tant les hommes de Ferguson n’ont jamais semblé véritablement inquiets entre leur premier match de poule et la finale. Les Red Devils remportent leur troisième C1. Plus qu’une pour rejoindre l’Ajax et le Bayern au palmarès. Liverpool (5), Milan AC (7) et le Real (9) sont encore tranquilles pour quelque temps.
Les flancs en accordéon
Commencée sur un très classique round d’observation d’une quinzaine de minutes, la finale a d’abord vu United attendre bas avant de se servir de ses rampes de lancement pour étouffer les Blues. À Manchester, les rampes sont traditionnellement sur les côtés, de magnifiques accordéons, tantôt repliés en défense, tantôt déployés en attaque, où Cristiano Ronaldo et Hargreaves peuvent toujours s’appuyer sur le duo Evra / Brown, décidément de bonne compagnie. En plus, leurs deux numéros accolés forment un 36, une année olympique.
La domination mancunienne donnera l’occasion de constater une mi-temps la phénoménale capacité de Cristiano Ronaldo à se rendre disponible. À l'opposé du jeu, dans des petits espaces, le probable Ballon d’Or 2008 semble être né démarqué. Tevez s’est régalé à ses côtés, laissant le pauvre Rooney bien peu soutenu par Hargreaves, le pendant à droite du Portugais.
Décidément peu avare en paradoxes, la finale s’est débloquée sur le côté droit, après une merveille de une-deux entre Scholes et Brown, qui dépose un bijou sur le front de Ronaldo, qu’on avait laissé là tout seul comme un vulgaire Bakari. Comme d’habitude, les Red Devils prennent l’avantage sans avoir donné l’impression de transpirer. La nouveauté, c’est qu’ils ont semblé, cette fois-ci, décidés à marquer le deuxième, afin de se prémunir contre une éventuelle baisse de régime.
La main molle
Le deuxième but ne viendra pas. Et il aura suffi que les Mancuniens regardent Chelsea jouer pendant cinq minutes en fin de première mi-temps pour que Lampard marque sur un coup de snooker. Les joueurs de Manchester rentreront au vestiaire essoufflés et dépités, pour avoir tenu la finale dans une main un peu trop molle. La seconde mi-temps s’en ressentira. Plus haut, plus agressifs, les Blues reprennent le dessus. Essien a le but au bout du pied, mais enlève trop son tir. Drogba se réveille à la 77e et envoie un tir sans élan sur le poteau avant de se rendormir. Chelsea n’est pas assez tranchant, Manchester suffoque et ne porte le danger que sur quelques dégagements de Van Der Sar. Petit à petit le match glisse vers une tension de plus en plus épaisse, autant due à la fatigue qu’à l’enjeu, et matérialisée par une quantité de protestations ahurissante pour un match de ce niveau.
Il y aura peu de football dans la prolongation. Surtout des crampes, pour rappeler que Rouges et Blues en étaient respectivement à leur 57e et 62e match de la saison. L’enchaînement qui verra Chelsea dégager le ballon pour laisser le temps à certains de ses joueurs de récupérer, puis Tevez refuser de le rendre aboutira à l’expulsion méritée de Drogba, décidément trop nerveux lors de cette finale.
Au fait, c’est quand la finale?
Après que chaque club aura vu son joueur emblématique rater son tir au but, c’est Anelka qui se chargera d’envoyer les grandes oreilles dans le Nord, prolongeant encore d’une année au moins la malédiction des clubs londoniens en C1. Manchester restera comme un vainqueur absolument indiscutable, dans la veine du Barça 2006 ou du Real 2002. Mais un sentiment d’inachevé persiste après cette finale: on attendait depuis le début de la saison de voir United en difficulté, obligé d’exprimer la totalité du génie qu’on lui devine. C’est une légère déception. Les hommes de Ferguson n’ont jamais donné l’impression de se sublimer, peut-être parce que le physique ne suit plus. Reste la sensation qu’il manque encore le dernier match, le bon. Car cette finale n’aura répondu qu’à moitié à la question que l’Europe se pose depuis six mois: Manchester est-il prenable?
Les observations en vrac
• Au bavomètre de Christian Jeanpierre, un Henry vaut environ dix Anelka.
• En fait, c’est Makelele qui a appris à Valbuena à disputer tous les ballons de la tête, sans avoir aucune chance d’en attraper un seul.
• Sept joueurs ayant participé à la finale sont passés par la L1. Qui dit mieux?
• Essien en latéral droit, c'est pour inciter Mendy à venir jouer en Angleterre?
• 140 millions d'euros pour le vainqueur d'une partie entre une équipe bleue et une équipe rouge, ça fait cher le babyfoot.
• Un ballon, un tir, un duel gagné, un but. Belletti invente la stat parfaite.
• Carton jaune de Carvalho pour une faute sur Ronaldo: seront-ils capables de renouveler l’exploit pendant l’Euro?
• Deuxième finale perdue pour Ballack avec deux clubs différents. Ça s’appelle l’effet Zidane.
• Raymond, les penalties ratés de Trezeguet sont plus jolis que ceux d’Anelka.
Le match de TF1
La persona non grata
Christian Jeanpierre : "Ça va permettre à Cech et son maillot fluo de dégager".
La minorité des 2/3
Christian Jeanpierre : "Van der Sar et son pratiquement double-mètre n'a pas osé sortir dans les six mètres".
L’Ultrabite
Christian Jeanpierre : "On l'a senti rentrer fort fort fort à pleines dents dans cette finale".
Le Sniper de Bizanos
Christian Jeanpierre : "Le mur est bien à 9m15 Jean-Michel? Avec votre œil laser, dites-nous".
Jean-Michel Yoda
Jean-Michel Larqué : "On a vu le bras dans le bleu partir".
Le début de la fin
Jean-Michel Larqué : "La tête décroisée de Ronaldo qui met un point final à un début de match emballant".
Le bad trip
Jean-Michel Larqué : "Cette pelouse-là est fatigante".
Le râteau
Christian Jeanpierre : "Il dit non à Florent Malouda! Il dit non à Florent Malouda!"