Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Drôle d'endroit pour des rencontres

Retomber en Ligue 2, c'est retrouver de vieilles connaissances de comptoir dont on s'était assez bien passé, mais avec lesquelles on n'est finalement pas si malheureux de frayer à nouveau. 

Auteur : Rabbi Jacob le 24 Juil 2019

 

 

Je ne voulais vraiment pas y aller à cette soirée. Aucune envie de les voir, de les retrouver mais je n’avais pas le choix. Jusqu’au bout j’ai espéré mais cette année je n’ai pas pu y réchapper.

 

Je suis parti le plus tard possible. Quitter la ville et ses lumières, passer une dernière fois devant les palais, les hôtels de luxe pour progressivement m’enfoncer vers le gris de la banlieue et la fumée des zones industrielles. Je connais la route par cœur mais j’ai quand même réussi à me tromper d’embranchement au moment de m’engager sur les routes secondaires. La nuit tombait, je roulais un coup trop vite, un coup trop lentement, la mâchoire serrée.

 

 

 

 

Quelques heures plus loin, j’y suis arrivé. Pas enfin. Rien n’avait changé à l’entrée de la ville, toujours aussi déserte et peu avenante. J’aurais voulu ne pas me reconnaître mais non, rien à faire, même les yeux fermés j’aurais retrouvé l’entrée de ce rade où j’ai passé tant d’années.

 

Je gare la voiture au fond du parking et je m’approche lentement. Près de l’entrée, j’entends pleurer.

"Non j’ai pas mérité ça, je veux pas y aller Papa !
- Ça va aller mon garçon, je vais arranger ça, tu n’y resteras pas longtemps."

C’est Guingamp qui craque dans les bras de son paternel, le père Le Graët. Je lui donne une petite tape sur l’épaule quand même au passage, ça me donnerait presque du courage de le voir dans cet état, ce branleur.

 

Le troquet n’a quasiment pas changé, hormis qu’il fait désormais aussi pizzas à emporter. À la porte, je reconnais Lens, Lorient et leurs grandes gueules qui essaient de m’embrasser en criant que cette année ça serait la bonne et qu’ils allaient remonter bientôt. Juste derrière eux, au comptoir, Valenciennes se fout de leur gueule en répondant que ça fait plusieurs années qu’il entend ça. Puis il me rote à la gueule et s’écroule par terre.

 

J’avance dans la petite salle et, à la table des vieux, je reconnais Niort et Châteauroux, toujours habillés pareil, qui me saluent d’un signe de tête. Près d'eux, Clermont, avec son béret et son accordéon, commence aussi à faire partie des meubles. Je demande des nouvelles de Tours: ils détournent le regard. Ah merde, la boulette.

 

Des cris montent dans le fond du bar. Il me semble reconnaître Ajaccio et Nancy qui se chauffent et ne vont pas tarder à se coller des beignes. Pas envie de revoir ça, putain.

 

"Ah boujoux, t’es là toi mon Caennais d’origine?"

C’est évidemment Le Havre, mort de rire de me revoir qui me colle une grande mandale dans le dos. Ça m’énerve un peu, mais je ne suis pas mécontent, dans le fond, et on se met une tournée vite fait. Il me présente trois types que j’ai dû croiser quelque part il y a longtemps, Orléans, Grenoble et PFC: j’avoue que je ne les aurais pas reconnus.

 

En allant vers les toilettes, je croise deux gamins que je prend pour des apprentis: un petit chétif tout blanc et un bien dodu au teint rougeaud. Ils me disent qu’ils ce sont pas des commis, mais des nouveaux, Chambly et Rodez qu’ils s’appellent. Mythos, en plus, ces gosses.

 

Je crois que cette fois, ça va bientôt commencer, je serre les paluches de Troyes et Auxerre – toujours ensemble, ces deux-là – et de Le Mans que je ne pensais plus jamais revoir. Ça fait quand même plaisir.

 

Un verre ou deux de plus et je me surprend à apprécier cette ambiance. Et voilà qu’arrive ce vieux Sochaux qui me tient un discours bizarre à base de Chinois et de valeurs populaires. Il est sympa Sochaux, mais il a changé. Il me dit: "Et à vendredi à la maison, hein?"

Vendredi déjà ? Et merde, c’est reparti.

 

Texte initialement posté sur sur le fil "Le Peuple de Malherbe" du forum.
 

Réactions

  • pipige le 03/08/2019 à 23h58
    Superbe article !
    Merci

  • Sytchev Lallana le 06/08/2019 à 17h54
    Merci Rabbi !

  • De Gaulle Volant le 20/08/2019 à 10h30
    Merveilleux morceau de bravitude !

    La René Fallet Ligue 2.
    Riche idée Rabbi.

    Depuis, hélas, cela ne s'arrange pas pour l'EAG qui n'en finit plus de se consoler sur les machines à sou. Quand est-ce que l'on se fait un baby ?

La revue des Cahiers du football