Toulouse : le forcené menace de tout faire sauter
Gravement compromis en raison d'une gestion politique catastrophique, le dossier des faux passeports devait nécessairement trouver une conclusion politique. C'était presque chose faite avec la proposition d'Alain Afflelou dont l'apport financier (une cinquantaine de millions) éviterait au TFC la relégation administrative en National tout en l'incitant à annuler son recours devant le Conseil d'Etat.
C'est du moins ce que tout le monde avait compris, avant que les dirigeants toulousains ne manifestent leur intention "d'aller jusqu'au bout", que le lunetier n'assure que son engagement auprès du club n'était en fait soumis à aucune condition, puis que Me Decker accuse le président de la Commission d'appel de la DNCG de lui avoir proposé un "marché" impliquant l'abandon de la requête toulousaine devant le Conseil d'Etat… Les dirigeants ont dit leur intention de saisir le procureur de la république, ce que Jacques Bistagne, le dit président, a menacé de faire le premier.
Une justice sportive en lambeaux
Rappelons que sur le fond, les démarches toulousaines sont fondées, dans la mesure où la Ligue n'a pas appliqué son propre règlement (qui prévoit de donner match perdu à toute équipe ayant présenté des joueurs à l'identité frauduleuse). Cependant, Toulouse peut difficilement justifier ses démarches par un souci de justice sportive. Tous les clubs ont rencontré les clubs fautifs et l'on peut raisonnablement établir que le classement final, forcément " faussé " du fait de la tricherie et de sanctions assez peu équitables, le serait encore plus s'il fallait recalculer les points attribués en annulant les matches concernés : ce traitement conduirait à une situation infiniment plus absurde, dont la perte du titre par les Nantais serait la preuve la plus flagrante.
Dans cette affaire, les dirigeants-actionnaires du TFC cherchent plus à sauver la valeur d'un capital qu'ils espéraient céder rapidement et avec profit (d'où les investissements spectaculaires à l'intersaison), qu'à assurer la pérennité du club et à préserver ne serait-ce que ses chances de bien figurer en deuxième division la saison prochaine. Leur lutte est devenue très largement antipathique au sein du milieu, y compris à Toulouse, puisque l'association qui possède un tiers des parts de la SAOS a voté une motion de défiance à l'égard de l'équipe dirigeante (qui possède les deux autres tiers).
La grande faute des Toulousains est d'avoir joué la carte de la justice civile ou administrative en rompant l'accord tacite qui empêche un club de se pouvoir hors des juridictions sportives (l'embryonnaire exception sportive n'a pas encore permis de rétablir une interdiction pure et simple — voir Libéralisation: un pas de plus). Ils ont ainsi pris le risque d'un chaos de grande ampleur. La grande faute des instances est de s'être montrées incapables de garantir une justice sportive forte, claire et impartiale, prêtant ainsi le flanc à tous les recours.
Scandale ou manœuvre désespérée ?
Que des pressions " politiques " s'exercent sur les procéduriers acharnés que sont Rubio et Decker n'a donc rien de surprenant. Mais une tractation menée sous l'égide la DNCG, organisme dont l'indépendance est reconnue, compromettrait sérieusement cette instance et aggraverait le discrédit des autres : leur peur de la décision du Conseil d'Etat se serait transformée en panique, et l'état dramatique des finances du TFC offrait l'opportunité d'un tel marchandage. La crédibilité de cette accusation de MM. Rubio et Decker est cependant altérée par les ambiguïtés toulousaines, à commencer par le volte-face d'Afflelou, qui s'est rétracté plus vite qu'un Bernard-l'Hermite dans sa coquille, non sans dire qu'il ne tenait pas à voir le club "passer pour le fossoyeur du foot français". Il avait pourtant affirmé à deux reprises et mot pour mot "je ne pourrai pas être le partenaire du TFC si le club maintient ses requêtes devant le Conseil d'Etat" (AFP 21/06).
Le Conseil d'Etat rendra sa décision mercredi prochain, mais d'ici là, d'autres rebondissements ne sont pas à exclure dans ce jeu de dupes où l'un des deux protagonistes est un affreux menteur.
OM : la citrouille redevient carosse
L'autre feuilleton de la " 35e journée " du championnat 2000/01 concernait la session de rattrapage de l'OM devant la DNCG. Ce dernier s'est vu sans surprise maintenu en D1 par la Commission d'appel de la DNCG, après que celle-ci ait examiné les garanties présentées par Robert Louis-Dreyfus. Le mini-drame fut donc interprété par tous les acteurs à la perfection pour faire croire que la catastrophe était possible. Le football français aime se raconter des histoires qui font peur et surtout qui masquent l'essentiel, à savoir une situation financière et sportive vraiment précaire pour le club marseillais, de plus en plus dépendant d'un actionnaire majoritaire de plus en plus épuisé. En cas de nouveau fiasco, la situation dans un an justifiera largement les alarmes actuelles.
Mais Bernard Tapie reprend le moral et annonce la concrétisation prochaine des recrutements en cours, tout en réaffirmant l'ambition d'un OM candidat déclaré au titre la saison prochaine…