Comment rendre le mercato d’hiver divertissant ?
Démode d'emploi – La fenêtre des transferts de janvier est une plaie. En attendant de pouvoir s'en débarrasser, autant en faire un spectacle à part entière.
Le mercato d’hiver, entré dans les mœurs et dans le calendrier football depuis 1997, continue à ulcérer beaucoup de monde, supporters comme entraîneurs. Compromettant l'équité des compétitions, il dépasse sa raison d’être de marché correctif et ne se distingue plus guère du mercato d’été.
Puisqu’il faut le supporter, que toute logique fiche le camp, pourquoi ne pas adopter de nouvelles formules afin d'améliorer le spectacle?
La règle du banc
Le mercato d’hiver permet aux joueurs qui cirent le banc depuis un moment d’aller retrouver du temps de jeu ailleurs. Cela reste à peu près la seule utilité de ce mercato.
Poussons la logique plus loin en imposant aux clubs de ne se fournir qu’en joueurs répondant aux critères du banc: ne seront transférables que les joueurs possédant un temps de jeu inférieur à un nombre de minutes défini.
Point positif. Les matches des réserves vont connaître un bond de leurs audiences.
Point négatif. Certains joueurs refuseront d'entrer en jeu pour ne pas compromettre leurs chances de départ.
La balle au prisonnier
On organise une compétition de ballon prisonnier entre tous les clubs désireux d’acquérir de nouveaux joueurs. Il est étonnant que l’UEFA, si portée sur la création de compétitions fantasques, n’y ait pas pensé avant.
Le principe, si vous ne le connaissez pas: un terrain de jeu divisé en deux camps, un par équipe. Chaque camp lui-même divisé en deux parties, une zone libre de jeu et une zone appelée la prison. L’objectif est de faire prisonnier les joueurs de l’équipe adverse en les touchant avec le ballon.
On ne fait jouer que les joueurs que l’on désire acheter ou vendre. Le principe: toucher avec un ballon les joueurs de l’équipe adverse pour les recruter.
Point positif. Effet burlesque garanti avec les joueurs prêts à tout pour être (ou pas) faits prisonniers.
Point négatif. On va découvrir que certains sont bien meilleurs dans cette discipline qu'au football.
Le choix des experts
En se calquant sur le modèle du Ballon d’Or, on demande aux: journalistes, éditorialistes, prêcheurs des plateaux télé, twitteurs, baratineurs, analyseurs, décrypteurs, verbiageurs et laïusseurs de voter pour placer les joueurs dans des équipes.
Twist plaisir: les laisser également définir les indemnités de transfert. Une sorte de grande partie de Football Manager, en moins intelligent, qui les obligera enfin à assumer leurs propos.
Point positif. Une cérémonie télévisée conclut l'opération, avec un énorme potentiel de gêne.
Point négatif. On connaîtra les résultats une semaine avant.
Le calcio florentin
Un terrain de terre battue, des costumes d’époque, et tous les joueurs transférables sont jetés dans l’arène pour lutter. Les joueurs ayant marqué le plus de buts auront les premiers choix de destination.
Les agents de joueurs, afin de remplacer leurs commissions, se reconvertissent en bookmakers sur les bords du terrain.
Point positif. Les droits TV générés financeront une mutuelle pour les footballeurs au chômage ou victimes de blessures graves.
Point négatif. C'est comme le MMA ou le Dakar, il faut accepter qu'il y ait des morts.
La fête du troc
Pas de ventes, pas d’achats, que de purs échanges. "On vous prend votre 6 et on vous l’échange contre un 10 et un 8 très peu servi". On en ferait une grande kermesse du troc, les sites de paris sportifs en ligne en profiteraient pour multiplier les cotes sur échanges.
Point positif. Panini annonce une édition mercato avec des vignettes repositionnables.
Point négatif. Les joueurs ne sont plus sous garantie, et il y a pas mal de contrefaçons.
L'appli de rencontres
Les inventions en matière d’analyse de données dans le foot, xG, et autres bidules statistiques sont mis au service du mercato pour calculer les transferts idéaux.
Une interface de type Meetic ou Tinder (selon la durée espérée de la relation) permet aux clubs et aux footballeurs de s'apparier sur la base d’un algorithme savant.
Point positif. Les agents sont mis sur la touche.
Point négatif. On ne se sait pas à quel trafic vont servir les données personnelles.
La loterie
Jadis utilisé pour désigner les jeunes hommes appelés au service militaire, prôné par certains pour élire les députés, entré dans les mœurs du football pour les coupes: pourquoi ne pas utiliser le tirage au sort?
Dans un bol, les boules avec les noms des clubs cherchant à pourvoir un poste, dans un autre, celles avec les noms des joueurs mis sur le marché à ce poste. Chaque fois qu'un joueur est affecté à un club, on lance une roue de la fortune pour déterminer le montant du transfert.
Point positif. L'aléa est de retour dans le football
Point négatif. Comme toujours avec les jeux de hasard, il y a beaucoup plus de perdants que de gagnant.
Le Mercatopoly
Les clubs se voient imposer des budgets en adéquation avec leurs moyens. Interdiction de dépenser plus qu’ils ne peuvent consentir, sous peine de passer par la case interdiction de recrutement.
Twist hard-deal: aucun montage, négociation, crédit, amortissement, bonus, entourloupe ou magouille ne sont autorisés.
Point positif. Le trafic des sites mercato s'effondre.
Point négatif. Ça ressemble beaucoup au fair-play financier.
L'abolition
De toutes ces folles propositions – et la folie a du bon sinon on s’ennuierait, comme disait Bukowski –, reste celle de supprimer cette hérésie de mercato.
Radical, mais songez-y: un mois de janvier sans transferts, des équipes obligées d'assumer leurs choix de l'intersaison ou de sortir des jeunes de leur centre de formation. Zéro twist.
Point positif. Ça n'a que des points positifs.
Point négatif. Ça n'a donc aucune chance d'arriver.